Chapitre 21

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À l'instant où je passe la porte d'entrée du magnifique restaurant, juste après Hernandez, un doux parfum de roses boisées emplit délicieusement mes narines, en même temps qu'une envoûtante mélodie de violons et piano ne s'infiltre dans mes oreilles. Mes yeux s'écarquillent, s'illuminant par la beauté du lieu.

Je n'aurais jamais cru qu'un restaurant aussi luxueux que celui-ci ne se situe qu'à sept kilomètres de mon logement.

Des poutres blanches à chaque coin de la grande salle lumineuse soutiennent le haut plafond richement sculpté, semblant être la maison, le paradis, des dizaines d'anges peints dessus.

Même si nous ne sommes que le midi, toutes les centaines tables recouvertes de draps en soie blanche sont comblées par des femmes en robes moulantes et aux bas chignons plaqués avec des sacs de marques accompagnées d'hommes en costumes et cravates parfaitement repassés.

Dans ce décor de riches, avec mon simple tee-shirt blanc, ma casquette noire et mon jean bleu troué involontairement aux genoux, je me sens comme une gazelle avec d'énorme cernes entourée de lions affamés de ragots.

Je ne suis pas à ma place. Je fais tâche.

Alors que, en suivant Hernandez vers l'accueil où une serveuse en tailleur blanc allongeant sa fine silhouette attend patiemment de nouveaux clients pour les installer, je sens les regards pesants et jugeants des félins m'analyser.

Deux fillettes aux côtés de leur mère se chuchotent à l'oreille en m'observant avec dédain.

Pourquoi ai-je accepté de venir déjeuner ici ?

Auparavant, j'aurai accepté avec joie. Cet endroit aurait été parfait pour la famille harmonieuse dont je faisais partie, avant...l'accident.

Avant que mon père, directeur de VINO, l'unes des plus grandes entreprises de vins, ne la délaisse, délaissant en même temps ma mère et moi, et dépense tout son argent dans de l'alcool et des paris de football, qu'il, par ailleurs, ne gagnait jamais.

Avant que je ne passe de la petite fille gâtée et adorée de son papa, à une jeune femme fauchée qui avait détruit sa famille.

Mais je vais y remédier. Une fois que j'aurai retrouver le coupable, je vengerai Roméo. Seulement après cela je pourrais retourner à une vie normale. Une vie sans culpabilité et sans cauchemars nocturnes.

- Benvenuto, une table pour Madame et Monsieur ?

Hernandez, détendu comme à son habitude, acquiesce d'un coup de tête à la femme contemplant sa chemise noire, souriante, lui montrant un peu trop ses dents impeccablement blanches pour que ce ne soit que par pure politesse.

Je ne dis rien, trop embarrassée. Même respirer ici me semble de trop pour moi. Même les chiens des clients sont plus chic avec leur tresses ridicules et leur noeud papillon rose. Quelle blague !

- Une seconde, je vous pris, nous demande la serveuse avant de repérer un homme circulant entre les tables, s'approchant de nous, Cristian, installe nos clients sur une table pour deux, lui dit-elle une fois arrivé près de nous. Je vous laisse avec mon collègue, buon appetito.

Ce dernier, un jeune blond aux yeux bruns, nous intime de le suivre. Nous traversons la salle au rythme lent de la musique, jusqu'à arriver au fond de la vaste salle, seul endroit où il reste encore quelques tables vides.

Plutôt logique, puisque les toilettes sont juste sur notre droite. Connaissant ces bourgeois pleins aux as, aucun d'entre eux n'aurait voulut s'assoir ici. Je me baffe mentalement, parce que moi aussi, avant, je ne l'aurais jamais voulut. Maintenant, je réalise la chance que j'ai d'être entrer dans un endroit aussi élégant.

𝐅𝐥𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐝'𝐄𝐬𝐩𝐨𝐢𝐫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant