Chapitre 16

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Victoria

Cette fois-ci, en repassant devant les gardes postés de part et d'autres de la grille de la résidence privée, je souris de toutes mes dents en leur soufflant :

- Et oui, la prostituée est de retour.

La policière, elle, toujours assistée par Sebastian, leur crache aux pieds.

Aucuns des deux ne bronchent, maintenant leur posture droite et leur regards rivés au loin, avec leur fusils entre les mains.

On dirait deux soldats Casse-noisettes.

- Occupez-vous de ce qu'il y a dans le coffre, commande Hernandez en leur lançant ses clés de voiture. Seb, emmène la flic à la SIO, le docteur y est déjà. Fais-lui passer les testes. Nous te rejoindrons dans un moment.

Ce dernier, lui offre un pouce en l'air avant de pousser la femme vers l'avant.

En longeant la magnifique fontaine circulaire pour accéder à la grande porte d'entrée, je demande :
- SIO ? Qu'est-ce que ça veut dire ?

- Salle d'interrogatoire et d'opération.

Opération ? Que veut-il dire par la ?

- Monsieur, salue précipitamment le domestique à Hernandez en exécutant une légère révérence dès que nous arrivons dans le vaste hall intérieur. Oh ! reprend-il à mon attention, étonné de me revoir ici. Buongiorno signora.

Hernandez retire sa veste noire et la lui tend, avant de se diriger vers l'escalier principal. Sebastian et la policière y sont déjà montés il y a quelques secondes. La SIO devait se trouver à l'étage...

- Buongiorno, répond-je à l'homme aux cheveux gris avant de rattraper Hernandez.

En silence, je le suis serpenter les hauts murs peints en noirs du premier étage.

La lumière du soleil matinale traversant les quatre larges fenêtres illumine les tableaux de peintures accrochés. Lors de ma première venue ici, je ne les avais pas remarqué.

L'un d'eux, encadrée d'une moulure dorée, représente un homme, la soixantaine, les cheveux noirs luisants comme les plumes de corbeau plaqués en arrière, en train de fixer l'objectif, d'un air sévère.

La couleur sombre de ses yeux me font immédiatement comprendre qu'il est le père de Hernandez, toutefois, à l'inverse de ce dernier, son regard manque de douceur, de tendresse comme celui que son fils porte.

Ce doit être le parrain...

- C'était un homme aussi dur qu'un bâton de fer.

La voix grave de ce dernier me sort de ma contemplation.

- Il s'agit de ton père, n'est-ce pas ?

La friction de son bras contre le mien, lorsqu'il se place à mes côtés, en face du portrait, réveille mes sens endormis. Je le vois hocher la tête.

- Où est-il ? ai-je le courage de demander.

Hernandez ricane.
- Probablement en enfer.

- Ah. Que lui est-il arrivé ?

- Ce qui arrive à tous les mafieux trop puissants de ce monde.

Sa voix grave ne contient une once de tristesse. Il n'a pas l'air dévasté par la perte d'un être aussi chère. Peut-être est-ce parce qu'il avait fait son deuil il y a un long moment.

Ou alors est-ce parce que son père était un salopard comme le mien ? Était-il un bon mari avec sa femme ? Je me demande si elle aussi est morte.

𝐅𝐥𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐝'𝐄𝐬𝐩𝐨𝐢𝐫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant