Victoria
Lors d'une après-midi d'école, durant l'heure de la récréation, l'ancienne moi et l'ancien Alessandro âgés seulement de onze ans avions conçu notre bucket list, en se promettant de réaliser chaque point avant de mourir.
Huit ans plus tard, je me souvenais encore parfaitement de tout ce que j'y avais inscrit.
Et aujourd'hui, à exactement dix heure trois du matin, je peux officiellement cocher la case dessinée en face du point numéro 4.
Se faire arrêter par la police.
- SORTEZ TOUS D'ICI, LES MAINS EN L'AIR !
Tout en sortant de la voiture, les mains tournées vers le ciel, je jette un regard furtif sur la plaque blanche accrochée au mur de brique, derrière les deux policiers qui nous font face.
1 Via della Grande Stella.
Nous avons fait exprès de nous faire arrêter ici.
Nous sommes à un pâté de maison de la propriété de Hernandez.
Assez loin pour ne pas se faire soupçonner d'habiter ici, mais assez proche pour pouvoir s'échapper des griffes des flics.
Ou pas.
- RETOURNEZ-VOUS ! LA POITRINE CONTRE LE CAPOS ET LES POIGNETS DANS LE DOS ! TOUT DE SUITE BANDE DE MAFIEUX DE MERDE !
Étonnamment, les deux hommes à mes côtés obéissent sans rechigner, et se placent contre la face avant du véhicule. Indifférente, je les imite.
Pour des mafieux, ils ne sont pas si dur à maîtriser.
- Victoria, me souffle Hernandez, à ma gauche.
En entendant les pas lourds des policiers approcher, je hoche imperceptiblement la tête, l'encourageant à continuer.
- Fais-nous gagner du temps, mio diavoletto.
Pas besoin de me le répéter une deuxième fois.
Tout d'un coup, deux menottes aussi froides que de la glace entourent mes poignets entrecroisés. Toutefois, elles ne sont pas encore verrouillées.
C'est le moment : j'éclate en sanglots.
La même policière qui m'avait remarquer sur le chemin, me retourne lentement, jusqu'à ce que ce soit mes fesses qui soient écrasées contre la voiture.
Du coin de l'œil, je discerne l'autre policier tentant d'attacher des menottes à Sebastian, qui bouge ses mains dans tous les sens. Aucun homme n'est sur le dos de Hernandez.
Ils sont deux, et nous trois.
Nous sommes en supériorité numérique.- C'est quoi ton problème ? m'interroge la femme en uniforme avant de relever mon menton du doigt. Tu chiales parce que Papa va te priver de ton argent de poche ? Hein ? C'est sur que, quand il va découvrir que tu traines avec ce type de mecs, ça ne va pas aller pour toi.
Parfait. C'est l'ouverture qu'il me fallait, pensé-je.
Telle une bonne comédienne, en exagérant sur l'intonation de ma voix et sur les larmes, je m'approche de son visage en beuglant :
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𝐅𝐥𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐝'𝐄𝐬𝐩𝐨𝐢𝐫
Romance"𝐿'𝑖𝑙𝑙𝑢𝑠𝑖𝑜𝑛 𝑑'𝑢𝑛𝑒 𝑣𝑖𝑒 𝑝𝑎𝑟𝑓𝑎𝑖𝑡𝑒 𝑛'𝑎𝑡𝑡𝑖𝑟𝑎𝑖𝑡 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑠𝑜𝑛 𝑝𝑖𝑒̀𝑔𝑒 𝑓𝑎𝑡𝑎𝑙 𝑞𝑢𝑒 𝑙𝑒𝑠 𝑝𝑙𝑢𝑠 𝑛𝑎𝑖̈𝑓𝑠 𝑑𝑒𝑠 ℎ𝑢𝑚𝑎𝑖𝑛𝑠." Victoria Ferraro a perdu le goût de vivre depuis que son frère, Roméo, a été...