Drice - D'ombres et de lumières [PARTIE I]

30. Pour quelle relation ?

Deux journées et des dizaines sms échangés plus tard, je m'étais finalement faite à cette idée. 

Du côté des autres garçons, s'était toujours silence radio. Mon corps se remettait peu à peu des divers excès et de la privation de sommeil. Je rattrapais le coup en dormant bien plus que d'habitude, à tel point que mes parents se demandaient si je n'étais pas malade. 

Malade, non. 

Juste encore un peu perdue. 

Je n'étais pas pressée que les cours reprennent ; pourtant il me tardait de revoir des visages familiers. 

Jon aussi me manquait. Si j'avais préféré l'éviter quelques jours, c'était surtout pour nous éviter des retrouvailles gênantes, engendrées par un statut relativement indéfini. Nous ne formions assurément pas un vrai couple mais, en même temps, nous étions sans doute plus que de simples amis...

La deuxième semaine de vacances s'était aussi montrée beaucoup plus légère en termes de sorties. Est-ce que les programmateurs de ce type d'événements ressentaient également la menace d'une rentrée qui approchait ?

J'avais pourtant repérer une soirée qui s'annonçait intéressante, grâce au fil d'actualité d'une amie. 

Nous faisions partie du même groupe de potes, avant mon déménagement, et ce fut avec surprise que je constatai qu'elle s'était également mise à apprécier la musique électronique. J'avais sauté sur cette trop belle occasion pour la recontacter et proposer de reformer pour une nuit notre ancienne tribu. Jon était également de la partie... Pressé de découvrir ma vie d'avant et un univers plus provincial.

Nous nous étions retrouvés chez lui, avant de prendre le train. Il était prévu que nous dormions chez Clara, l'instigatrice de nos retrouvailles.

- Décidément, plus les jours passent, plus je te trouve superbe...

Jon m'évaluait du regard. 

Le combi-short en crêpe de soie rouge que j'avais choisi de porter était, peut-être, un peu trop chic pour la circonstance... mais je voulais faire grande impression. Cela faisait plus de six mois que je n'avais pas revu mes amis du collège et il y avait parmi eux certaines grandes gueules à qui j'étais pressée de rabattre le caquet. 

Ces dernières années, j'avais été « la petite » ou « la gamine ». Des sobriquets donnés en raison, certes, de ma taille mais, surtout, de mes choix vestimentaires aléatoires et peu féminins.

 Aujourd'hui, j'avais cependant abandonné mon ancien style de geek. 

Pour casser mon look un peu trop classe et sexy, j'avais enfilé une paire de Combat-Shoes. 

Mais, à voir l'expression de mon ami, l'ensemble restait "attirant".

- Tu es sûre de vouloir passer la nuit là-bas ? Demanda Jon en m'attrapant la main pour me faire tourner. On pourrait plutôt rester à deux et en profiter pour... Enfin, tu sais.

- Non ! Jon, répondis-je en riant. T'es pas possible, tu ne penses vraiment qu'à ça, on dirait.

- Quand je te vois, c'est clair. Admit-il. Mais je crois que ce serait le cas de n'importe quel mec...

Je rougis. Jon, comprenant qu'il avait réussi à me déstabiliser, en profita pour m'attirer contre lui pour m'embrasser.

- Arrête, fis-je en le repoussant gentiment. Tu vas ruiner mon rouge-à-lèvre.

- Ok, ok ! céda-t-il en s'écartant de moi, les mains levées. Mais je peux t'embrasser ailleurs si tu veux...

- Stop ! dis-je avec un grand sourire.

Je rassemblai quelques affaires et nous quittâmes la maison. Le temps était toujours doux pour la saison et je ne portais, sur le dos, qu'un blouson en cuir noir, que je venais d'acquérir pour une somme que je ne parvenais toujours pas à assumer. 

Visiblement, mes diverses sorties, en compagnie de gosses de riches, avaient eu une influence évidente sur mes habitudes vestimentaires. Ce qui n'avait pas fait du bien à mon portefeuilles, ni à mon livret vert. Mais, ce soir, il fallait en mettre plein la vue. 

Je ne sais pas trop pourquoi c'était si important pour moi de les impressionner. Sans doute était-ce parce qu'ils avaient continué leurs vies sans moi, entre eux, sans se soucier de celle qui avait dû partir et qui ne faisait, donc, plus partie du groupe. Je n'avais reçu aucunes nouvelles et, surtout, personnes n'en avait vraiment prises de moi. 

C'était comme si j'vais simplement été effacée de la carte. Pourtant, Clara, Aurélie et moi, nous étions vraiment proches, à l'époque...