70. Comme un loup-garou

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En effet, je n'étais pas très certaine de vouloir contacter Drice. 

Encore moins avec ce genre de motivation...

Il devait être pas mal occupé et, de toute façon, qui me disait qu'il n'avait pas déjà tout vendu ?

 En plus, l'idée que, lui, me vende à moi, la petite gamine qui a encore besoin d'être biberonnée, alors qu'il fréquentait la fine fleur des djs et autres people de la nuit ma paraissait ridicule. Au pire, j'avais peut-être une chance de le croiser demain à l'un des endroits où il devait mixer. 

On verrait bien à ce moment...

- En attendant, si ça te dit un peu de S, Charlie, proposa Jérôme en me passant le bras autour des épaules. Je t'avance ce qu'il te faut.

- Merci, lui répondis-je timidement. Qu'est-ce que vous comptez faire, vous autres ?

- Techniquement, évalua Zack, si on se fait deux bonnes lattes de speed, chacun, et avec ce qu'il reste de beuh... On a de quoi se mettre bien pour ce soir.

- C'est pas pareil que l'exta, se plaignit Amara.

- Disons qu'on peut aussi se partager les pilules qui restent, alors...

- Tu peux avoir ma part, proposa galamment Tony.

- Même chose en ce qui me concerne, suivit Jérôme. J'ai pris le numéro d'un gars qui vendait de la coke, tout à l'heure, son matos avait l'air correct... Dans le pire des cas, j'irais lui en acheter un demi-gramme.

- Ok, repris Amara. Ça en fait donc trois pour Sam, Charlie, Zack, Marty et moi... C'est un début mais j'espère qu'on tombera sur quelqu'un qui vend !

- En attendant, suggéra Sam, on pourrait peut-être se changer et laisser les garçons commencer leurs recherches... Il est déjà passé 21 heures !

Amara et moi accueillîmes positivement cette idée. Je n'avais pas encore eu le temps de déballer mes affaires et il me tardait d'endosser un costume plus adapté aux circonstances. 

Les filles et moi avions donc disparu sous notre tente, alors que les garçons avaient sorti une bouteille de vodka et quelques canettes de softs passées en douce dans le camping.

J'avais commencé à fouiller dans mon sac à la recherche de quelque chose qui serait à la hauteur des circonstances : Ron Smith était l'une des têtes d'affiche et c'était l'une des dernières prestations de la journée. Aucun doute qu'il s'agirait d'un moment mémorable... 

Je remis finalement la main sur la robe en tulle blanche et rose que j'avais emportée. 

Achetée pour le réveillon de l'année passée, je l'avais finalement estimée trop courte et flashy pour une soirée en famille et je n'avais encore jamais trouvé l'occasion de la porter. Son décolleté plongeant remontait en deux bandes de tissu qui s'attachaient dans la nuque. Cette configuration ne permettait normalement pas de porter de soutien-gorge mais étant donné le contexte, j'avais trouvé un haut de bikini rose fluo qui rappelait la couleur des volants et l'ensemble rendait admirablement bien. 

Avant le départ, j'avais pris soin d'asperger le tissu avec un spray pailleté et j'avais été étonnée de l'efficacité du produit. 

Evidemment, en l'enfilant, je fus moi aussi recouverte de particules scintillantes mais sans que cela et d'incidence sur la robe. 

- Très bon choix de tenue ! Avait sifflé Amara alors que j'appliquais une touche de fard à paupière rose vif. 

Un peu de mauve et de paillettes plus tard, nous étions sorties pour révéler au grand jour l'ampleur de la transformation. Je me sentais un peu comme un vampire ou comme un loup-garou, un soir de pleine lune : fébrile et méconnaissable. 

Sam et Amara avaient fait fort également. La première portait une combinaison longue, coupée dans un vaporeux tissu bleu marine, et dont l'ouverture dorsale laissait apercevoir la chute de ses reins... La seconde avait opté pour un minishort taille haute, fermé par une rangée de boutons dorés, et une brassière en tissu ligné bleu et blanc qui lui donnait une allure marine, raccord avec l'ambiance du festival.

Drice - D'ombres et de lumières [PARTIE I]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant