Drice - D'ombres et de lumières [PARTIE I]

17. Prêts à faire la fête

C'est à cet instant que son téléphone sonna dans la poche de son jeans trop large. 

Il me laissa m'écarter de lui, en émettant un grognement dépité, et roula sur le côté pour prendre l'appel.

- Ah, Vince, c'est toi ? T'es où ?... Ok, ça me semble bien. Attends, je demande à Jon !... (il se retourna vers lui :) Tu penses que ça le fait s'il passe d'ici une demi-heure ?... Il a déjà été chopper Dam's. Ils se mettent en route... Apparemment, il faut compter une trentaine de minutes jusque chez Drice. On pourrait y être vers onze heures ou onze heures et demie...

- Ok. Dis-leur qu'on a encore de quoi boire mais qu'ils peuvent quand-même s'arrêter s'ils croisent un paki, sur la route...

- Vous avez entendus, les gars ? Ramenez, du carburant ! traduisit Thibaud. Et aussi quelques glaçons, si vous en trouvez... Je pense que certains ont besoin d'être refroidis, ici.

- Haha... Toi le premier, pas vrai ? s'esclaffa Jon, en lui tapant dans le dos quand Thibaud eu raccroché.

- Quoi ...!? C'est pas ma faute si ta copine... commença-t-il. Bref, Charlie, tu devrais te rhabiller, Vincent et Damien ne vont pas tarder à arriver.

- Maaiiis... J'ai chaud moi ! me défendis-je avec un ton enfantin.

- Oui. D'accord... mais tu ne vas pas sortir dans cette tenue, supposa-t-il. Donc...

Comme je n'étais pas repassée par chez moi, je n'avais rien d'autre que les habits que j'avais portés la journée. Toutefois, rien ne m'interdisait de customiser légèrement ma tenue.

- Tu n'aurais pas une paire de ciseaux, Jon ? me renseignai-je.

- Si. Pour quoi faire ?

- Tu verras !

Jon farfouilla dans les tiroirs d'un grand bureau en bois.

- Tiens. Ne te coupe pas !

- J'ai peur, commenta Thibaud.

Je m'emparais de l'objet que Jon me tendait et entrepris de découper les jambes de mon legging. J'en avais, de toute façon, plusieurs paires, en sacrifier une n'était donc pas vraiment une grande perte. 

Une fois ma tâche accomplie, il ne restait, dudit vêtement, qu'un mini short noir au rebord légèrement effiloché. D'une partie des jambes, je me fis deux manches que je repliai sur mes poignets. Il ne restait qu'à s'occuper du haut !

- Ok, je crois que c'est bon ! s'écria Thibaud alors que j'entreprenais de me débarrasser de mon débardeur. Wow ! Charlie... 

En guise de sous-vêtement, je portais une brassière noire en coton stretch. C'était bien plus confortable que n'importe quel soutien-gorge et ne mettait pas moins en valeur ma poitrine, plutôt développée...

- Dites-moi que je rêve... implora Thibaud, qui ne détachait plus ses yeux de moi. Si je n'arrive pas à dormir, cette nuit, ce sera de ta faute ...

- Ou celle du carton que j'aurai pris... reprécisa-t-il. Tu la laisse sortir comme ça Jon ?

- Elle a un corps magnifique, répondit ce dernier en s'approchant de moi pour admirer le fruit de mon travail. Ce serait dommage de ne pas laisser les autres en profiter...

J'avais attrapé le sweet court qui avait complété ma tenue du jour. C'était typiquement le genre de vêtement que je portais en dansant, léger et respirant, d'un beau rose, qui m'allait bien au tint.

- Alors, de quoi j'ai l'air ? demandai-je après avoir passé ledit vêtement.

- Tu as l'air d'une fille qui partirait à son court de gym... évalua Thibaud avec un rictus moqueur

- ... Mais d'une fille vachement bandante, concéda-t-il, plus sérieusement, alors que je simulai quelques mouvements de hanches rythmés.

A cet instant, un bruit de sonnette se fit entendre, suivi d'une voix qui retendit au rez-de-chaussée pour avertir Jon que ses amis étaient là. En quelques enjambées, Jon descendit pour accueillir Vincent et Damien, qu'il conduisit directement jusqu'à nous.

Visiblement, Damien n'était jamais venu ici et il ne savait où poser les yeux devant la taille et le contenu de la chambre de celui qui nous recevait. Quant à Vincent, plus coutumier des lieux, il émit un sifflement admiratif en découvrant ma tenue.

- Ha, ça... C'est pas mal ! Mais vous savez que je peux avoir des problèmes, moi, en vous accompagnant, les mecs. Tu as quel âge, Miss ?

- Quinze. Presque Seize, lui répondis-je en lui tirant la langue.

- Ok, ça devrait passer... J'espère quand-même qu'on ne te demandera pas ta carte d'identité...

- De toute façon, personne n'emporte ses papiers... précisa Thibaud avec un haussement d'épaule. On compte prendre... Donc. On prend juste un peu de thune.

- C'est peut-être mieux, du coup... concéda notre ainé.

- Quelqu'un a soif, sinon ? demanda-t-il en brandissant un sac en papier. On a même trouvé de la glace...

- Cool ! s'exclama Jon. Gin tonic pour tout le monde, ou bien ?

- Ça marche, fit Vincent, rejoint par Damien, Thibaud et moi-même.

Je pris plaisir à siroter mon cocktail, rafraichissant et citronné. J'étais néanmoins pressée d'arrivée à la soirée de Drice. J'avais une furieuse envie de danser et mon petit doigt me disait que cette fête aurait quelque-chose de mémorable. J'écoutai distraitement les garçons faire le tour de l'installation Hi-Fi de Jon et discuter musique, en lorgnant sur les platines que ce-dernier venait d'acquérir, sans les avoir encore déballées.

Vers onze heures trente, après s'être roulé un dernier joint, notre troupe embarqua dans la voiture de Vincent.

- Si on croise de flics, vous cachez ça, hin, fit le conducteur en pointant l'objet incandescent du menton.

- Stress pas, mec, le rassura Thibaud. En tout cas, ta caisse déchire... Comme aquarium !

Personne ne sembla vouloir parler pendant que nous roulions, guidés par la voix analogique du GPS de Vincent. Tout le monde semblait trop occupé à humer la fumée qui stagnait dans l'habitacle. Quant à moi, je m'émerveillais devant les lumières de la ville, qui se dévoilaient à chaque virage, et devant les reflets rougeâtres que celles-ci projetaient dans le ciel nocturne.

- Je pense que c'est là ! supposa Thibaud qui surveillait la route avec plus d'attention que les autres... J'arrive mes chéries !

Je ne savais pas s'il pensait plus aux filles ou aux pilules qui comptait avaler, mais il avait en tout cas vu juste. 

Notre carrosse s'immobilisa au pied d'un escalier qui sinuait au travers de la pente, plutôt escarpée, d'un jardin de rocaille, jusqu'à la terrasse d'une grande villa. On entendait d'ici la musique et le brouhaha d'un public qui devait être nombreux. Je fus subitement prise par une irrésistible envie de danser...