73. La cabane

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Elevant les bras, je fermai les yeux et me laissai guider par la mélodie de plus en plus entrainante. 

Les paumes de Jérôme glissèrent le long de mon dos, comme pour m'encourager. 

Soudain Sam cria et se retourna vers nous.

- Regardez, c'est nous ! On passe sur les écrans !

Effectivement, une caméra suspendue au bout d'une longue perche venait de s'arrêter devant notre petit groupe, suscitant l'hystérie chez toutes les personnes qui se trouvaient à moins de 10 mètres.

Le regard tourné vers l'écran le plus proche, je fus surprise de me voir apparaître en gros plan tandis que je me déhanchais toujours. Je souris spontanément et Amara m'attrapa par les épaules et me pressa vers l'avant pour que j'apparaisse entre elle et Sam qui faisait des signes dans la direction du bras articulé.

Après plusieurs minutes qui me semblèrent durer une éternité, l'appareil se détacha de nous pour s'intéresser à Ron Smith qui agita le bras dans notre direction. Il n'en fallu pas plus à Amara pour se remettre à pousser des hurlements aigus, les mains en entonnoir autour de la bouche, afin de faire entendre son enthousiasme jusqu'aux platines du dj. 

Nous venions d'avoir notre moment de gloire et, même si le montrait moins que mon amie, j'étais également aux anges...

Après un set incroyable qui dura près de deux heures (et qui aurais pu se prolonger encore bien plus tard, si ça n'avait tenu qu'à moi...), Ron Smith fit ses adieux à une foule en délire. Il nous remercia une nouvelle fois pour l'accueil et quitta finalement la scène, non sans avoir rejoué un de ses plus récents tubes que le public avaient repris en cœur, pour le plus grand plaisir du maître de cérémonie.

Les neurones encore tout embrouillés par le concert, nous traînions un peu avant de reprendre le chemin de nos tentes. 

Il était près d'1h30 et les grandes scènes s'étaient toutes vidées. Le public s'était donc éparpiller vers des alternatives de plus petites dimensions, disséminées sur le camping ou sur les allées qui y menaient. 

Après avoir jeté un œil au programme, Amara, qui semblait loin de vouloir dormir, nous proposa un artiste que je ne connaissais pas mais qui sembla séduire mes autres compagnons. J'allais les suivre lorsque je reconnu une voix qui m'appelait.

- Charlie !

***

Je tournais la tête à gauche, puis à droite, espérant en identifier la provenance. Se détachant de la foule, Jon s'approchait de moi à grande enjambées...

- Enfin, je te trouve ! Tu ne m'avais pas dit que tu étais finalement venue... Quelle incroyable surprise !

Je restai immobile ; retenue entre stupéfaction et plaisir. Il avait beau m'avoir déconseillé de me rendre au festival, il semblait vraiment heureux de tomber sur moi. Il me rejoints en quelques enjambées pour me prendre dans ses bras.

- Ce que tu m'as manqué, Princesse, je n'aurais jamais cru m'ennuyer autant loin de toi ! ... Mais comment as-tu réussi à avoir une place, je pensais que tout était soldout ?

Jon portait un t-shirt rose pâle avec un col en V qui laissait voir la naissance de son torse bronzé...

- Une amie m'a revendue la sienne, finis-je par articuler. Comment m'as-tu retrouvée dans toute cette foule ?

- Si tu penses qu'une aussi jolie fille que toi pouvais passer inaperçue, surtout quand elle passe en direct sur les écrans de Ron Smith... C'est raté !

- Evidemment ! Désolée de ne pas t'avoir contacté pour te le dire... m'excusai-je avec une sincérité partielle. Mais je pensais que ça ne te ferait pas plaisir...

- Tu veux rire ? Chérie, je suis ravi ! C'est vrai que j'ai eu quelques doutes mais quand je t'ai vu danser devant ces milliers d'yeux, j'avoue avoir compris à quel point toi et ton corps de déesse me manquiez.... Ça te dirait de finir la soirée en amoureux ?

Je me tournai vers le reste du groupe s'était arrêté, attendant de savoir si je les suivrais ou non.

- C'est-à-dire que j'avais prévu de retourner avec...

- C'est bon, Charlie, me coupa Amara en m'adressant un large sourire. Y a pas de soucis ! Va rejoindre ton mec, on se verra demain matin...

Amara venait de me griller mon seul joker de sortie, limitant mes possibilités pour la fin de soirée. J'acceptai donc de suivre le groupe de Jon et adressai un signe de main aux filles avant de m'éloigner.

- Alors, qu'aviez-vous prévu d'aller voir, me risquai-je à demander ?

- Je pense que la journée a été assez longue comme ça, répondit Jon en posant impérieusement sa main sur ma nuque. Le mieux est de retourner au campement pour souffler un peu...

- Mais ne t'inquiète pas, ajouta-il devant ma mine déconfite, la soirée n'est pas finie...

Je sentais toujours l'influence du mélange d'exta et de speed, et il me sembla que le trajet du retour dura une fraction de seconde à peine. 

Pourtant, nous avions traversé la moitié du camping, croisant une foule disparate et toujours aussi chamarrée, malgré l'heure tardive. Bon nombre de festivaliers avaient décoré leurs repères de guirlandes lumineuses fonctionnant à l'électricité solaire. Nous avions l'impression de suivre un chemin de lumière jusqu'au baraquement des garçons. 

Ceux-ci ne s'étaient pas encombrés d'une tente mais avaient tout simplement loué un petit cabanon en dur qui possédait son coin douche et sa kitchenette. J'étais bluffée devant tant de confort et devant l'atmosphère fantastique qui se dégageait de ce village miniature et des fresques qui ornaient l'intérieur de leur chalet.

- Alors ? ... Pas mal, hin ?

Drice - D'ombres et de lumières [PARTIE I]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant