Il devait être près de onze heures et notre groupe, répondant positivement à son injonction, finit par se mettre en mouvement.
Marie quant à elle, était restée en arrière, devant encore retrouver quelques autres clients.
Tandis que nous franchissions la porte du restaurant, j'observais mes nouveaux compagnons ; notre troupe était plutôt chamarrée et joyeuse. Sam ne passait pas inaperçue avec ses paillette et sa robe flashy et Amara, qui portait une robe en broderie anglaise blanche, avait l'air d'un ange, avec ses cheveux retombant en boucles blondes sur ses épaules. Cindy avait un look plus sobre qui correspondait aussi à celui de son petit copain.
La plupart des garçons étaient, en effet, simplement en jeans et avaient conservé leurs chemises ou leur pull de la journée. Seuls Jérôme et Tony ressortaient du lot et semblaient avoir un peu plus soigné leurs tenues. Le premier portait un bombers en velours côtelé, ouvert sur une chemise blanche, et un baggy ceinturé, rentré au niveau des chevilles dans des bottes de motard noires. Le second arborait un pantalon slim et un spencer court, qui lui donnait de faux airs de dandy.
La rame de métro où nous étions montés était déserte. A cette heure, il avançait rapidement et nous serions sans doute rapidement arrivés à destination.
Amara proposa de faire un premier plein et se rua sur la poche de Tony qui lui attrapa le poignet.
- Tss tsss... Où tu comptes allez comme ça, fillette ?
- Allez quoi, fait pas le lourd, insista-t-elle avec un air candide, t'es le seul à en avoir pris !
- Et alors ? T'as acheté du S, si je ne me trompe ?
- Oui, et ? C'est pas le même délire !
- J'ai quoi en échange ? marchanda Tony en lui adressant un regard provocateur.
- Tu te fiche de moi ! Tu me prends pour qui ?
- Bah, maintenant où dans une heure, qu'est-ce que ça change ?
Amara dégagea sa main et, lui saisissant la mâchoire entre les doigts, lui offrit un baiser explicite.
- Ca te va ?
- C'est un début...
- Je n'avais pas compris qu'ils étaient ensemble, commentais-je en me tournant vers Zack et Sam, qui se trouvaient à côté de moi.
- Ils ne le sont pas, corrobora cette-dernière en riant. Mais Amara est plutôt du genre « libre », en soirée...
- Ça te dit aussi, Charlie ?
- Pardon ?
Tony me tendais le petit sachet.
- Si tu en veux un peu pour tester... Y a largement de quoi faire avec ça.
- Et nous alors ? s'indigna Cindy. Tu nous oublies ?
- Mais non... Abandonna-t-il. Bon, j'offre une tournée aux filles !
- Tu peux bien frimer avec ta coke à soixante boules, rétorqua Jérôme, visiblement piqué au vif. Moi je me méfie de ce truc coupé à la poudre à lessiver.
- ... Alors Charlie ?
J'hésitai. Je n'avais encore jamais expérimenté la cocaïne. Le délire semblait relativement safe, mais je me méfiais de l'origine des ingrédients.
Pendant ce temps, Amara avait saisi le sachet que Tony m'agitait sous le nez. Elle avait entrepris de séparer quatre lignes fines et régulières, sur la banquette vide qui nous faisait face, et sortit ensuite une paille qu'elle coupa au moyen d'un coupe-ongles. A l'aide d'un morceau d'environ cinq centimètres, elle aspira une des parts qu'elle venait de préparer.
- Tadaaam, chanta-t-elle avec encore un peu de poudre blanche sur le nez. A qui le tour ?
Sam et Cindy s'avancèrent et je décidai d'également le jeter à l'eau. La dose était relativement légère mais l'effet dynamisant ne tarda pas à se faire ressentir.
Tony mis à part, les autres garçons avaient préféré s'en tenir à une bonne latte de speed.
- S'il te faut du ravitaillement, me signala Jérôme en tapotant sur la poche de son pantalon...
- Je retiens la proposition, répondis-je en souriant. Merci.
- Je t'en prie.
Nous étions tous surexcités lorsque le tram nous déposa au bord du parc boisé où devait avoir lieu la soirée. Il était minuit moins le quart et il me semblait presque déjà pouvoir entendre les basses vibrer au loin.
Nous avions suivi le GPS de Tony, en courant plus qu'en marchant, le long d'un étroit sentier de terre. Je ne regrettais définitivement pas mon choix de chaussures.
Nous rattrapions au fur-et-à-mesure une file d'autres raveurs qui, de toute évidence, se rendaient au même endroit que nous. Il faisait de plus en plus noir et certains éclairaient le sol au moyen de leurs téléphones.
Soudain, des beat éclatèrent un peu plus loin et on aperçut, au travers du feuillage dense, des éclats de lumières vives et colorées qui semblaient changer, en rythme. Des cris émerveillés et enthousiastes retentirent entre nous et la foule des promeneurs nocturnes pressa le pas.
- Nous y sommes presque, regardez !
Zack bondissait d'impatience, imité par Amara. De mon côté, je conservais une apparence détendue mais la curiosité et l'empressement me serrait le ventre.
Ou était-ce dû à la cocaïne qui avait décuplé mon énergie à tel point que je pouvais capter le sens de toutes les discussions qui avaient lieu auprès de nous ?
Finalement, nous débouchâmes au bord d'une large scène.
- Yeah ! Les gars... s'émerveilla Fabian. Enfin, nous y sommes ! Ça va être mortel !
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Drice - D'ombres et de lumières [PARTIE I]
JugendliteraturCharlie - Quinze ans. Nouveau Lycée... Nouveaux amis ? Elle découvre un autre monde : celui des fêtes, de la drogue et, surtout, celui de la musique électro. Mais l'amour (le vrai) a-t-il sa place dans cet univers d'ombres et de lumières ? Un roman...