Drice - D'ombres et de lumières [PARTIE I]

84. Jalousie

Il était déjà presque 21 heures et il fallait encore que j'aille retrouver le groupe pour leur apporter le fruit de ma quête. 

Tout en suivant Drice, je pianotai un message destiné à Amara dans lequel je lui disais que j'avais trouvé tout ce dont ils avaient besoin et que je les retrouverais au campement d'ici une demi-heure. Je savais qu'ils voudraient tous arriver bien à l'heure pour la représentation de Dave Waxx, ce qui ne me laissait plus beaucoup de temps...

Une voix familière me tira de ma correspondance.

- Enfin, tu es là !

Jon se tenait face à nous, juste sous le grand porche. Il avait l'air agacé et le fut davantage après avoir jeté un regard à Drice à côté de qui je m'étais arrêtée.

- Et lui... On peut savoir ce qu'il fait ici ? Ajouta-t-il hargneusement.

- Jon ! C'est bon ... Il m'a simplement raccompagnée.

- « Raccompagnée » ? Répéta-t-il sans sembler comprendre le sens du mot. Qu'est-ce que vous foutiez ensemble ?

- T'emballe pas, mec. On avait simplement un business à voir ensemble, expliqua Drice d'une voix calme.

Jon le va un sourcil mais son air crispé ne le quitta pas.

- Donc, je suppose que tout est réglé... Tu viens, Charlie ? Il me semble qu'on avait des choses à se dire...

Il me lança un regard appuyé avant de tourner les talons. Ne sachant pas trop comment réagir, je m'avançai à sa suite après avoir fait un signe de main impuissant dans la direction de Drice qui me héla, alors que nous allions disparaître dans la foule.

- Attend Charlie !

Etonnée, je marquai un temps d'arrêt, avant de demander à Jon de bien vouloir patienter quelques minutes supplémentaires. Puis je retournai auprès de mon interlocuteur avec une moue interrogative. 

Quand je fus à sa hauteur, Drice me glissa un bout de papier dans les mains.

- Si, à un moment, tu en a marre de Dave Waxx et que tu as envie de changer d'air, viens me voir... On se fumera un petit joint.

Il referma mes doigts sur le carton coloré et s'éloigna d'un pas pressé.

- C'est quoi ça ? lança Jon qui m'avait rejoint.

- Un pass Backstage, constatai-je après avoir ouvert la main pour analyser l'objet en question.

- Il est hors de question que tu rejoignes ce type après les concerts ! 

- Je peux savoir pourquoi ? demandai-je, agacée.

- Comment peux-tu même poser la question... répondit-il en levant les yeux au ciel. Ça me paraît clair qu'il n'en veut qu'à ton cul... Qu'est-ce que tu t'imagines ?

- Je ne sais pas moi... peut-être qu'il apprécie simplement ma compagnie ou qu'il se dit que ça me fera plaisir et qu'il veut juste être sympa ?

- A d'autres, Charlie ! Un mec qui « apprécie ta compagnie » a juste simplement envie de te sauter ! S'il est sympa, c'est qu'il a clairement une idée derrière la tête !

Nous nous étions arrêtés et les gens autour de nous commençaient à nous dévisager.

- Jon, tu dis n'importe quoi ! Drice n'est vraiment pas comme ça. Et je ne l'intéresse absolument pas. La preuve, il a déjà une copine...

Jon sembla un instant se calmer mais il poursuivit néanmoins :

- Si tu le dis... En attendant, je ne lui fais pas confiance.

- Et donc... à moi non plus ? Traduisis-je.

- J'en sais rien ! Explosa-t-il. Comment le pourrais-je quand tu me fais des coups foireux aussi souvent ?

- Pardon ?!

- Tu crois que je ne t'ai pas vu danser avec ce mec-là... ce Jérôme, ni avec Drice, tout à l'heure. C'était en grand sur les écrans géants...

- Mais ça ne veut rien dire... expliquai-je en me remémorant les différents épisodes. Et c'est par hasard que tu as vu... Il n'y a rien à en conclure !

- J'aimerais te croire... mais quand je propose qu'on se retrouve, tu me fuis ou tu me poses un lapin !

- Si tu veux parler de hier, je ne me suis juste jamais sentie aussi mal de toute ma vie ! Et pour ce soir, je suis désolée... Je n'ai pas du tout entendu mon téléphone et je devais vraiment régler une histoire urgente avec Drice.

Les lèvres tremblantes, Jon resta silencieux un long moment. Quant à moi, je me sentais au bord des larmes. Je ne savais plus si je voulais le suivre jusqu'aux baraquements ou m'enfuir pour retrouver mes amis.

Finalement, il avança vers moi et me pris dans ses bras.

- Je ne veux plus jamais que tu me laisses en plan, c'est compris ?

J'acquiesçai dans un hoquet humide.

- Tu ne te rends pas compte de l'effet que tu fais aux mecs, à commencer par moi. Je ne veux plus que tu m'ignores, je ne supporte pas quand tu me fais peur comme ça... Je tiens à toi tu sais ? 

Je ne parvenais pas à mettre de l'ordre dans mes pensées. Comment pouvait-il changer de visage aussi vite et passer de la colère destructrice aux cajoleries mielleuses ?

- Je sais, abandonnai-je avec une pointe de lassitude dans la voix.

- Tu rentres avec moi ?