Game over, luv.

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[de Nikita S., 13:53]

J'attends au patinoire.

Kier tira sur sa cigarette, les sourcils froncés, et laissa la fumée titiller ses narines, expirant comme un dragon millénaire. L'écran de son portable attira pour la énième fois son regard. Il déglutit face à la missive, interdit. Il ne savait pas à quoi s'attendre. Que pouvait bien se cacher derrière ces quelques mots ? Devait-il s'inquiéter ? Il y avait de quoi s'inquiéter.

Il était si fébrile qu'il n'avait pas eu le courage de prendre son scooter.

Presque deux semaines étaient passées depuis l'annonce brutale de Nikita. Ils s'étaient quittés dans un lourd silence, complètement retournés par l'ascenseur émotionnel qu'ils venaient d'expérimenter. Après une nuit agitée, sans sommeil, ils ne s'étaient pas revus, ni reparlé. Kier avait bien essayé, se butant à chaque fois aux explications évasives de Win par message. Son frère était à nouveau porté « malade » selon les dires de la jeune fille et demeurait ainsi aux abonnés absents. Il n'avait pas insisté auprès d'elle, voulant garder un bon contact entre eux, mais il avait été rongé par des montagnes russes d'émotions contradictoires.

« Malade ». C'était bien leur veine. Si bien que l'étudiant ne pût s'empêcher de penser : malade de quoi ? Et si ce n'était pas le physique cette fois, mais bien le mental, leur baiser, le problème ? Et si, par tous les malheurs, Nikita était celui qui regrettait ?

Pourtant, ils avaient passé les deux jours suivants sur un petit nuage. Est-ce que Kier s'était voilé la face ?

Il préférait ne pas envisager une telle possibilité. Il ne saurait pas comment réagir. Il avait toujours porté la casquette du mec incapable de s'engager face à des prétendants emplis d'espoir, pas l'inverse. Pas aujourd'hui.

Le second soir, Win lui avait communiqué que cela faisait déjà quelque temps que ses grands-parents se tâtaient de partir en Amérique, sur les traces de leur défunte fille, mais les procédures judiciaires retenaient encore tous leurs projets pour l'instant. Une chose était quasi datée dès lors, une fois sa garde obtenue, ils passeraient à l'acte et entameraient un voyage, sans retour certain. Kier avait joint les deux bouts et saisit pourquoi son grand frère avait été si catégorique : il n'avait pas attendu confirmation et avait préféré tout stopper avant que leur histoire ne prenne trop d'ampleur, plutôt que de se risquer à attendre le dernier moment.

Bien que son petit-copain comprenait, il n'était toutefois pas d'accord. Si leur temps était compté, il voulait le passer à ses côtés. Au lieu de cela, Nikita fuyait.

À cette révélation, il aurait pu péter un câble et tout envoyer valser. Cela aurait probablement été le cas quelques mois en arrière, mais quelque chose l'en avait empêché. Lui, impulsif de nature, s'était mis à réfléchir.

Il avait alors fait le choix de se confier à Jass. L'étudiant en médecine l'avait écouté sans une once de moquerie, l'épaule réconfortante. Une fois que Kier eut vidé son sac, ils avaient bâché sur son curriculum vitæ comme promis. Le lendemain, le roux s'était naturellement posé dans le canapé à côté de lui pour l'aider à réviser. Ce petit manège s'était répété presque tous les jours, bien que l'ancien cancre conçut qu'il en faudrait davantage pour combler son retard et réussir sa dernière année. Heureusement, ses heures de colle l'avaient gardé concentré.

Il avait par ailleurs suivi son instinct et contacté Elaine, qui avait montré son soutien à sa façon. Le temps d'une discussion, elle lui avait fait oublier le creux dans ses entrailles. Il lui en avait été reconnaissant au point de bafouiller à l'autre bout du fil, anxieux de la tête aux pieds. Outre leurs quelques différends, elle n'avait jamais cessé d'être présente pour lui.

Pot de ColleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant