Je n'avais absolument pas réfléchis de la direction à prendre lors de ma déserte de la colonie. Je m'étais sentie si pressée de m'en éloigner que j'avais traversé la plaine au pas de course pour rejoindre un bout de campagne dont je longeais maintenant les chemins terreux bordés de pousses sèches marquant les vestiges d'anciens champs de blé. Etant désormais assez loin de mon lieu de départ, je me permis de ralentir l'allure pour éviter de me faire trop transpirer, le soleil perché à son zénith au dessus de ma tête indiquant que l'après-midi avait déjà commencé. Il aurait été bête de m'assoiffer à peine relancée dans l'aventure solitaire. A partir d'aujourd'hui, je devais réfléchir survie. Tout en restant vigilante au moindre son ou mouvement autour de moi, je me permis de repasser dans ma tête certaines des leçons essentielles que j'avais reçu de Allan lors de mon apprentissage. Si je me rappelais bien de la plupart de ses conseils, la première chose à faire lorsqu'on se retrouvait à vivre dehors était de trouver une source d'eau viable, de préférence en mouvement comme une rivière ou un ruisseau pour éviter qu'elle ne stagne. L'homme avait tendance à d'abord penser source de nourriture, mais il était possible de vivre presque un mois sans s'alimenter alors que la déshydratation tuait en seulement une semaine.
Je fis une pause sur le chemin, me servant de ma main comme visière pour barrer la lumière du soleil et observer plus facilement les alentours. A perte de vue s'étendaient des champs vidés de leurs cultures et probablement impraticables depuis des années. Si je continuais dans cette direction j'avais peu de chances de trouver ce que je recherchais, il fallait donc réfléchir à une nouvelle orientation. Au loin, de l'autre côté d'un des immenses carrés de terre, se tenait fièrement une petite forêt que je pouvais rejoindre facilement en coupant à travers champs. Sans doute qu'il serait plus facile de rejoindre un cours d'eau dans ce type d'environnement, ce fût donc mon nouvel objectif. Mes jambes se remirent en marche au pas de course, traversant l'étendue de terre dans laquelle mes chaussures s'enfonçaient jusqu'en haut de la semelle. J'espérais qu'aucun monstre n'ait creusé de tunnels là dessous car la pression de mes pas contre le sol signalait exactement ma position à la surface et je ne ferais certainement pas long feu contre toute une colonie de créatures féroces, peu importe la taille de celles-ci. Mais heureusement ma crainte ne se confirma pas car je réussis à atteindre l'autre côté sans rencontrer le moindre pépin durant le trajet.
Je fis un arrêt en lisière, scrutant les mètres suivants avec attention pour éviter toute rencontre incongrue. Le passage semblait libre, pas la moindre trace d'une bestiole prête à surgir des arbres ou des buissons pour me dévorer. En revanche, une grimace déforma mon visage à la simple vue de différents amas d'œufs luisants agglutinés en masse ci et là à la base des branchages. Si il s'agissait bel et bien de nids actifs, je devais faire bien attention à ne pas croiser les mères. C'est donc à l'affût du moindre danger que je pénétrai dans la forêt. Les troncs étaient assez éloignés les uns des autres pour laisser entrer une lumière douce et verdâtre au travers des feuilles, éclairant les chemins s'étendant au long du bois. Il y avait une bonne visibilité et la zone étant assez ouverte, je ne craignais pas vraiment d'attaque surprise ici.
Une humeur nostalgique me monta au fil de ma promenade, me rappelant les longues marches souvent silencieuses passées aux côtés de Allan. Je ne m'étais jamais senti aussi à ma place que lors de ces moments, et je ne m'étais jamais sentie aussi seule qu'à cet instant. Ce que je pouvais regretter de ne pas l'avoir suivi lorsque nos chemins avaient été sur le point de se séparer, à présent je ne pourrais certainement plus jamais le revoir. Fatalement, penser à mon mentor m'amena rapidement à penser à son fils, Thomas. Mon cœur se serra rien qu'à prononcer son nom dans ma tête. Et ainsi, chaque nom rappelant ma famille défila encore une fois dans mes pensées. Je dû me forcer à chasser mes songes, me rappelant que je m'étais promis de ne plus jamais tomber dans de tels filets d'émotion.
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LA FAUCHEUSE ROUSSE
Fiksi IlmiahCamille LAMY est une jeune fille dont l'enfance va être écourtée suite à une monstrapocalypse qui va toucher la planète entière. Elle va se retrouver à devoir lutter pour sa vie auprès des quelques survivants l'accompagnant, laissant petit à petit d...