Sixième

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Une brûlure acide remonta jusque dans ma bouche, l'envahissant d'un liquide affreusement chaud. Je toussai faiblement, détournant les yeux vers le plafond. Je le sentis couler, de la commissure de mes lèvres, puis, le long de ma joue. Une gouttelette tomba sur le sol, lentement. Les muscles de mes Alphas se crispèrent, il se replia un peu sur lui même pour me recouvrir, me protégeant de la froideur amplifiée de mon corps. Puis, il se redressa à nouveau, enlevant sa veste pour me couvrir.

-Tout va bien se passer, souffla-t-il.

Il était inquiet, je ne l'étais pas. Notre vie à quatre allait débuter, c'était certain. Nous n'avions pas fait tout ça pour mourir ainsi. Ma main attrapa la sienne, la menant jusqu'à l'endroit pouvant causer notre chute. Il n'osait même pas la regarder, presque sur le point de pleurer, il se focalisait sur moi, mon visage, mes ressentis.

-Enlève-le.

Sa main trembla, bientôt, ses tremblements se déplacèrent jusque dans l'entièreté de son être. Il se recula de nous, dans notre esprit, nous gardant serré contre lui dans la réalité. Naël en fut quelque peu blessé, pourtant, il osa. Il se rapprocha de lui doucement, attrapant sa main comme je l'avais fais. Il la mena jusqu'au manche fusionnant avec notre peau.

-Natio, il faut que tu l'enlèves.

En même temps, d'une même voix, nous avions mélangé nos êtres. Fébrile, Natio ne bougea pas, les yeux grands ouverts.

-Si tu ne le fais pas, nous ne pourrons pas nous régénérer.

Son souffle s'accéléra.

-Nous allons mourir, murmurâmes-nous.

Il cligna des yeux, et il osa. Ses yeux descendirent jusqu'à la plaie. Longue, du sang s'en écoulant, le couteau était confortablement logé jusque dans le fond de mes chairs. Ma main ne quitta pas le dessus de la sienne, et, d'une légère pression, je l'incitai à entourer le manche de l'objet tranchant. Naël se serra contre lui, nous ne bougeâmes pas. Il souffla faiblement, sa lèvre trembla. De ses yeux affolés, il chercha les miens, pour être sûr que c'était la meilleure chose à faire.

-On vivra heureux, me contentai-je de souffler tendrement.

Dans un léger sourire, pour le rassurer. Il se reconcentra sur la plaie sanglante. Il ferma les yeux, quelques secondes, calmant ses tremblements tout en faisant refluer la tension dans ses épaules.

-Je ne veux pas te faire de mal, rouvrit-il les yeux.

La culpabilité venait de percer, presque autant que les doutes, dans sa voix.

-Alors faisons le, ensemble.

Il hocha faiblement la tête, contemplant ce spectacle horrifiant. Ses doigts se refermèrent sur le manche, nous le tenions. Je serrai les dents, me préparant à une amplification de ma souffrance. Il sentit le rejet de mon corps qui se tendit. Alors, il s'arrêta, procurant de douces caresses sur la peau nue de mon ventre, tout près de la plaie. Mon corps s'apaisa légèrement, son odeur m'enveloppa tendrement, j'étais en sécurité.
Ma bouche s'entrouvrit, mon souffle se coupa, mais malgré ça, un gémissement s'échappa. D'une douceur infinie me provoquant une insoutenable torture, il retira la lame. Il ferma les yeux, pour ne pas voir ma souffrance. Mes yeux à moi se refermèrent à moitié, mon souffle devint plus court encore, je retins chaque bruit provenant de moi, même mon souffle. Il ne devait pas se sentir coupable de quoi que ce soit. Tout ça, c'était entièrement à cause de moi.
Toute l'air accumulée sortie soudainement de mes poumons, lointainement, un bruit métallique me parvint, il venait de jeter le couteau au loin. Ma plaie se referma miraculeusement, m'ôtant toute souffrance.
D'abord hésitant, Natio se laissa aller contre moi. Il embrassa mon front amoureusement, l'essuyant tout en me recouvrant le corps de sa veste.

Toi et moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant