Vingt-cinquième

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-La vérité, c'est que, jamais de sa volonté, Natio aurait osé attenter à notre liberté. C'est moi qui l'y aie forcé.

Ma voix s'éteignit, le silence aussi, dérangé par nos souffles lourds. Nao ne comprit pas, il se demandait, se tournait vers nous, mais, seul nos trop grands secrets lui répondaient. Natio m'observait, avec la naïveté qui ne l'avait pas quitté, il se risquait à éprouver les mêmes sentiments inchangés, malgré notre passé.

-Dans ma dernière lettre, je lui ai demandé de me marquer lorsque nous nous serons retrouvés. Peu importait notre situation, nos liens et nos souvenirs, tout ce que nous voulions, et voulons encore, c'était de vivre.

Sa peine me traversa, et, pour la première fois, je pus la partager réellement, ensemble, l'un contre l'autre, nos esprits étaient liés, connectés, ils s'aimaient.

-Dans les quelques vies que nous avons partagé, nous n'avions pas le droit de vivre. Le lendemain était incertain. Alors, nous vivions au jour le jour, heureux et satisfait de ce que nous avions.

Je m'arrêtai, sentant Nao dans nos pensées, à traverser les époques, les temps et les lieux. La tristesse l'étreignit lui aussi.

-Je ne voulais plus le perdre, pas une nouvelle fois, et surtout pas en ayant une petite vie dépendante de nous. Mais...

Ma bouche se referma, mon regard s'en alla et, mon cœur se comprima.

-Ce que, commençai-je faiblement, ce que je t'ai demandé Natio était ingrat. A cause de moi, Nao s'en est pris à toi, il a eu peur de toi, il t'a même qualifié de violeur, ce que tu n'es absolument pas.

Je repris mon souffle, ma voix s'était affolée, tout comme mon cœur désarmé. Ma main chercha désespérément la sienne. Il me la donna, me laissa lier nos doigts. Délicatement, je les relevai, déposant de nombreux baisers sur nos deux mains liées. Je n'osais pas croiser son regard affligé.

-Tu as été rejeté, mis de coté, haït et méprisé.

Je n'eus plus la force de contenir la douleur qui épuisait mon cœur. Ma vue se brouilla, je ne pouvais même plus le regarder.

-Tu ne méritais pas tout ça, me lamentai-je. Tu n'as pas demandé à te retrouver dans le corps de son frère.

La chaleur que sa main propageait jusque dans la mienne s'échappa au contact de mes larmes glacées.

-Tu ne méritais pas cela, repris-je. Tu ne sais pas à quel point tu es quelqu'un de formidable, et, tu ne l'admettras peut-être même jamais, mais, si seulement tu pouvais t'observer à travers mes yeux, alors tu comprendrais.

Une douce chaleur survola ma hanche, je la sentis remonter le long de mon corps. Sa douce effluve me caressa tout autant, doucement, délicatement, pour apaiser mes tourments. La chaleur s'accentua près de ma joue, jusqu'à ce que la douceur de sa peau entre en contact avec la mienne.

-Tu es tout aussi incroyable que moi.

La douceur de sa voix me réconforta, elle apaisa mes pleurs et calma mon cœur. Ses doigts essuyèrent mes larmes, chassèrent ma peine.

-Je n'aime pas te voir pleurer, me rappela-t-il doucement.
-Et il n'y a que devant toi que j'ai osé pleurer.

Je le sentis se redresser, son grand corps tout près de moi. Il finit par se rapprocher et me survoler, sans me toucher. Il ne l'osait toujours pas.

-Tu souhaites toujours ma permission ? lui demandai-je dans un mélange de stupéfaction et de gratitude.
-Je ne veux que ce que tu désires.

Toi et moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant