Vingt-huitième

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« Je t'aime. »

Je frissonnai, lâchant des yeux la casserole bouillante pour me tourner vers nos Alphas. Leurs yeux nous observaient, à la fois heureux et malicieux. Je clignai des yeux, peinant à comprendre ce qui se passait.

-Après ta petite déprime, je n'ai pas osé l'utiliser. Mais, nous pouvons à présent communiquer, tu sais, par le lien.

Mes yeux se fermèrent un instant, un sourire idiot habillait mes traits.

-Et, reprit-il avec sensualité, si l'on pense assez fort, alors, l'autre pourra entendre nos pensées.

Ses bras passèrent autour de mon corps, et, je rouvris les yeux, la tête relevée vers lui. L'amour et l'euphorie avaient éclaté dans mes yeux, me laissant dicté par mes instincts, mes yeux rivés dans les siens, je pensai.
« Je t'aime. »
Son sourire s'agrandit, me laissant voir la blancheur de ses dents et le charme de son sourire.

-J'aime beaucoup trop entendre ta voix dans ma tête, s'extasia-t-il en frottant son nez contre ma joue.

Je ris, avouant que c'était aussi mon cas.
« Natio ? »
Mon rire s'arrêta, je me tournai vers lui pour observer sa réaction. Il s'était immobilisé, son regard nous admirant.
« Je t'entends mon Nao. »
La même joie discernable dans la voix du loup se répandit chez Orion. Il était plus réservé pourtant et ne s'impliquait pas autant que Natio, voulant sûrement ne pas nous déranger.
« Tu ne nous dérangeras jamais Nao, tu fais parti de nous quatre. »
Les mots doux de son chéri ne fonctionnèrent qu'à moitié. Reprenant part à la réalité, je me remis à touiller la préparation, sortant des bras confortables du beau gosse. Mon ventre gargouilla violemment, le sortant à son tour de ses pensées en le faisant glousser.

-C'est moi le beau gosse ?

Il s'accouda au plan de travail, une expression charmante au visage, une voix horriblement dragueuse.

-Horriblement, s'offensa-t-il.

Je tournai ma tête vers lui, lui offrant un sourire pincé. Heureux d'avoir attiré mon attention, il passa exagérément la main dans ses cheveux qu'Adam avait soigneusement coiffé, et me fit un clin d'œil.

-Un vrai tombeur, soupirai-je en levant les yeux au ciel.

Tout en secouant la tête, je me reconcentrai sur la casserole, oubliant M.BG. Ravi de tous mes compliments, il reprit lui aussi sa préparation.

-M. Beau Gosse, répéta-t-il rêveur.

Je souris, jetant un coup d'œil à la poêle où les tomates coupées en quartiers s'étouffaient.

-Tu as bientôt fini de couper les carottes ?
-Bientôt, bientôt
, chantonna-t-il.
-J'ai faim, râlai-je. Et si tu arrêtais de faire le guignol, nous serions déjà entrain de manger !

Je me tournai vers lui, tourné vers moi, il se pointait de ses deux indexes, l'expression ahuri.

-Moi ?

Je soupirai et vins jusqu'à lui, le poussant d'un coup de fessier pour prendre sa place.

-Oust ! Va t'occuper de touiller les pâtes et les tomates, je m'occupe du reste.

Avec une légère moue, les épaules basses, il prit ma place, me lançant un regard adorable renfermant ses excuses et de la déception. Je l'ignorai pourtant, me concentrant sur la coupe des légumes. Grâce à mon intervention, nous pûmes déguster notre repas vingt minutes plus tard, la boule de poils près de nous, prête à nous voler quelques morceaux de viande hachée. Natio ne la voyait même pas, n'ayant d'yeux que pour moi. Il avait l'air d'un vrai attardé mental, d'un abruti fini. Il ne regardait même pas son assiette et se foutait de notre sauce tomate succulente partout autour de la bouche. J'évitais sciemment de le regarder, ne voulant pas rougir en repensant à nos ébats de ce matin. Surtout que j'avais léché sa joue, peut-être voulait-il que je le fasse à nouveau ?
J'attrapai le sopalin, détachant un morceau que je lui tendis, finissant par croiser ses yeux innocents, simplement fous amoureux. Il faisait toujours aussi peur.

Toi et moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant