Dixième

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Le personnel hospitalier en charge de moi depuis mon admission ici, il y avait deux mois de cela, soupira de soulagement en me revoyant.

-Vous sortez tout juste d'un coma de deux mois ! Pourquoi êtes-vous parti comme ça ? rouspéta une infirmière aux traits crispés.

Mon sourire ne s'effaça pas, et, Adam continua à avancer jusqu'à me déposer sur le lit. Sans réussir à partir loin de moi, il rapprocha le siège pour le coller tout près de moi. Puis, il s'y assit, tout en gardant nos mains liés. Dans un soupir résigné, le médecin et l'infirmière quittèrent la pièce pour nous laisser, juste tous les deux.
Nos regards ancrés eurent du mal à se décrocher lorsque la porte s'ouvrit et que, deux odeurs qui m'avaient manquées s'invitèrent dans notre cercle fermé. Nos sourires ne quittèrent pas nos faciès, surtout devant les expressions à la fois affolées et rassurées de nos parents.

-Nao !

Notre mère s'avança, courant jusqu'à moi pour me prendre dans ses bras et me serrer contre elle. Je fus obligé de lâcher sa main. Son contact et sa chaleur me manquèrent. Ils furent remplacés par d'autres, tout aussi apaisants, ceux maternels. Alors, je me laissai bercer par les tendres caresses de notre mère que je retrouvai réellement, là, maintenant. Elle laissa filer de nombreuses larmes sans réussir à se calmer. Moi aussi, je l'étreignis. Avec un grand sourire plein d'émotions, je retrouvai ma famille. Son corps s'affaissa, à tel point qu'elle recouvra mon corps du sien.

-J'ai cru vous perdre tous les deux, couina-t-elle.

Elle se recula pourtant d'elle même, admirant mon visage derrière ses yeux larmoyants. Elle caressa mes joues, toucha du bout des doigts mes cheveux puis finit par poser son front contre le mien en fermant les yeux. Mais, même là, de grosses larmes continuèrent à couler.

-Je vais bien maman, soufflai-je.

Elle rouvrit à moitié les yeux. Elle s'éloigna de moi quelques secondes pour inspecter chaque recoin de mon visage, à nouveau. Je souris légèrement pour la rassurer.

-Il m'en faut plus pour mourir !

Mes mots censés la détendre ne le firent pas. Elle secoua la tête en essuyant ses larmes, s'asseyant près de moi, sur le rebord du lit. Son regard sérieux me fit ravaler mon petit sourire.

-Tu as fait deux arrêts cardiaques Nao, murmura-t-elle.

Sa main attrapa la mienne, la serrant tendrement, dans une étreinte réconfortante. Mon regard perdu quitta le sien, allant jusqu'à mon père qui acquiesça silencieusement, puis, vers mon Alpha. Son regard peiné me fit plus mal que la tristesse qu'il m'envoyait à travers notre lien. Ma bouche s'entrouvrit, mon souffle me quitta. Puis, elle se referma. Mes yeux se retournèrent vers elle. Ce fut à mon tour de serrer sa main dans la mienne.

-Mais c'est derrière nous maintenant.

Un sourire s'invita à nouveau sur mes lèvres. Mon expression s'adoucit, la sienne aussi. Sa grande main chaude caressa doucement le haut de mon dos, faisant passer de nombreux frissons dans l'entièreté de mon corps. Ma tête se tourna vers la sienne, il me sourit doucement. Mon père s'avança, posant une main sur l'épaule de ma mère, se collant contre son dos. Nos regards se reposèrent sur eux. Nous ne voulions pas le garder pour nous. Nous avions besoin de le dire au monde entier. Mon sourire mua, mes yeux clignotèrent et mon cœur s'accéléra.

-Au fait, maman, papa, nous avons quelque chose à vous annoncer.

La douceur de son odeur flatta la peau dénudée qui osait l'affronter. Mon cou s'y risqua, laissant sans défense notre marque. Il était là, avec moi. Le silence qui s'imposa perdura quelques secondes. Je le romprai quand je le voudrai. Sans pouvoir contenir mon bonheur, je le laissai me traverser.

Toi et moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant