Trente-deuxième

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Une douce aura l'encercla, tintèrent alors ses pas, puis il s'arrêta, juste avant que sa voix n'éclata. Ses genoux plièrent et rencontrèrent durement le sol. Ses doigts se posèrent sur lui, l'attrapèrent, le relevèrent, le redressèrent. Leurs yeux se croisèrent, s'aimantèrent et communiquèrent. Pourtant, sa voix résonna.

-Tu n'as pas à être condamné pour ce que ces monstres ont fait !

Mon loup ne réagit pas, sûrement trop lent, ou, sans trop de sentiments.

-N'oublie pas tout le mal qu'ils t'ont fait à toi. Tu as autant souffert, voire même plus que tout ceux que tu nommes tes semblables. Et ils ont osé te rejeté ! Alors même que tu étais victime, depuis toujours tu as été la victime, la personne sur qui toutes les mauvaises choses se sont répercutées.

Tendrement, ses doigts remontèrent jusqu'à sa joue, sa peau si chaude effleura dans une fine caressa sa peau si froide. Son regard se fit plus féroce encore, sa voix infiniment douce.

-Ils nous ont tué tant de fois. Ils nous ont brisé à chaque fois. Ils ont réussi à entacher notre bonheur jusqu'à nous le retirer.
-Notre petite Mila, murmura-t-il enfin.
-Oui, notre Mila, répéta Natio en acquiesçant. Tu n'as jamais plié face à la mort et tu l'as toujours affronté.

Ma main se releva, le loup se décidait enfin. Il leva alors sa main jusqu'à Natio, se réveilla, cligna des yeux alors que le bout de ses doigts caressait cette joue légèrement barbue.

-Tu es la victime toi aussi. Ils t'ont tué.
-Ils m'ont séparé de toi.

Le silence les gagna. J'en soupirai. Leurs corps se rapprochèrent et s'enlacèrent dans une tendresse cruelle. Leurs esprits se rapprochèrent et se blottirent l'un contre l'autre. Loin d'en être vexé, je m'approchai d'Adam, me blottissant contre lui en attendant qu'ils se décident à nous relaisser la place. Confortablement installé, un grand sourire s'épanouit sur mes lèvres.

-Je t'aime tellement Nao, murmura-t-il.

-Je t'aime aussi Natio, souffla-t-il.

C'était quand même vachement cucul. Je grimaçai, imaginant que je devais être exactement pareil, voire même pire que eux deux. Mes yeux se plissèrent en entendant un rire lointain, un rire provenant de l'autre imbécile contre lequel je venais de me blottir. A moitié vexé, je le laissai tout seul, repartant de mon côté, accentuant son rire.
Ils se détachèrent, leurs yeux se recroisèrent, leurs doigts, liés, ils s'immobilisèrent.

-Pour notre dernière vie, et je t'en supplie, ne te sacrifie pas pour moi. C'est à mon tour de te protéger, j'en ai les capacités à présent.

Un sourire doux prit possession des traits de Naël, ou Orion, peu importait. Sa main se posa tout à plat contre la joue de Natio.

-Tu nous as déjà protégé tant de fois.
-J'ai aussi énormément échoué
, avoua-t-il attristé.
-Et tu n'as pas à t'en faire pour ça, nous allons bien à présent, et tout ça grâce à toi.

Natio, rassuré par ses propos, ferma les yeux et profita de la douce caresse. Sans que son sourire ne le quitte, les lèvres de Naël, après s'être approchées du visage de son lié, se déposèrent sur le bout de son nez. Surpris, le loup ouvrit les yeux, découvrant avec bonheur son visage serein et heureux. Bon, il fallait peut-être intervenir non ? On allait y passer combien de temps sinon ? Sans y résister, et connaissant mes pensées les plus profondes, mon loup me céda à nouveau ma place, s'enfouissant loin en moi. Adam profita de la torpeur du sien pour échanger à nouveau. Nous nous observâmes tous deux, en silence quelques secondes avant d'exploser de rire. Se lâchant, s'éloignant, se penchant, pleurant, jusqu'à manquer de souffle. Et qu'est ce que ça faisait du bien de rire tous les deux, comme avant, mais maintenant.
Nous nous redressâmes, toujours sur ce sol, le souffle court, essuyant notre larme coulant du bout de notre œil. Dans un dernier gloussement commun, nous nous sourîmes.
« Arrêtez de vous moquer de nous bande d'humains ignorants ! »

Toi et moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant