Douzième

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-Tout va bien ? Vous semblez tendus depuis qu'on est parti ?

Adam posa sa main sur ma jambe, tenant le volant de l'autre main.

-Tout va bien, ne t'en fais pas.

Je croisai les bras sur mon torse et observai l'extérieur.

-Il n'a même pas pu parler aux parents, ce sera pour une prochaine fois je suppose.

Il ne répondit rien, reprenant une expression pensive.

-On est le combien ?
-Nous sommes le 29 Mai.

Une moue renfrognée s'installa sur mes traits.

-J'ai loupé ta fête, râlai-je.
-Le plus important est que vous alliez bien.

Mon cerveau s'activa pour chercher une idée cadeau ou de plat à lui préparer pour me faire pardonner. Mon visage chauffa à la pensée de quelque chose en particulier, mettant mes hormones en ébullition.
« Ne serait-ce pas déplacé compte tenu de la situation ? »
Je grognai faiblement. J'en avais beaucoup trop envie et ce, depuis bien trop longtemps. Et puis, peut-être que lui aussi, après tout, il avait vécu lui pendant ces deux derniers mois. Mon souffle se coupa, mes yeux se tournèrent brusquement vers lui.

-Adam, minaudai-je.
-Oui ? sortit-il de ses pensées.
-Est-ce que, hm, pendant que...

« Nous étions entre la vie et la mort, il n'allait pas aller avec quelqu'un d'autre. Natio n'est pas comme ça, et, Adam non plus. »

-Rien, laisse tomber.
-Non, vas-y.
-C'était une question stupide.

Et le silence reprit, me laissant presque sur les nerfs. Pourquoi était-il si distant ?
Heureusement, ma petite Tina réussit à me faire retrouver ma bonne humeur en m'accueillant comme il se le devait. Et, une série de ronrons et de câlinous plus tard, je me retrouvai cloîtré sur le canapé, une vilaine petite boule de poils endormie sur mes genoux.

-Je vais prendre une douche.

Je tournai la tête vers Adam qui n'attendit pas et partit sans me jeter un regard. A peine réveillé que je me retrouvai à nouveau seul. Soupirant lamentablement, je reportai mon regard sur la tigresse apaisée.

-Comment vont les Bradford ?

Adam releva son regard de son assiette, me regardant d'un air absent.

-Hm ? Oui, oui, ils vont bien. Ils vous sont très reconnaissants d'avoir évité la mort de leur bébé.

La rappel de la grossesse de mon ami me mit de meilleure humeur.

-Il en est à combien de mois maintenant ?
-Bientôt quatre.
-Mais il savent le sexe du bébé,
m'exclamai-je avec excitation.
-Ils ne veulent pas le révéler, déclara-t-il de son air morne en jouant avec son plat.

Une légère pointe de déception me prit.

-Je l'appellerai demain pour prendre de ses nouvelles alors. Et Lucas ? Il se porte bien ?
-Il a changé de boulot, il ne se plaisait pas là-bas et a eu une offre autre part. Il va bien, et s'est séparé de Lise, on ne la reverra sûrement plus.

Je grimaçai en attrapant mon verre de vin. Je passerai le voir lui aussi. Le repas toucha bien vite à sa fin, et, nous débarrassâmes tranquillement.

-Un petit film ?

Il releva la tête vers moi et, après quelques secondes de blanc, hocha la tête. J'allai choisir un film et il alla nous chercher des accompagnements. J'éteignis la grande suspension et allumai deux lampes modernes qui encadraient la télé, donnant à la pièce un air tamisé que j'appréciais plus que tout. Avec le bouquet de fleur sur la table basse et les différentes teintes des pétales, notre petit espace salon avait un air bien romantique ce soir. Je nous imaginais déjà, blotti l'un contre l'autre à passer une belle soirée, très belle soirée.
Lorsqu'il revint, je ne tentai même pas de cacher mon sourire, bien trop heureux à l'optique d'une soirée bien charmante. Il installa nos boissons sur la table basse ainsi que les friandises sucrées déposées dans un bol. Il s'assit ensuite, et, je ne tardai pas à le rejoindre, m'installant à côté de lui, me penchant pour attraper le plaid que je disposai ensuite sur nos deux corps. Il ne faisait pas extrêmement froid, mais, la soirée s'était tout de mêle refroidie, alors, ce n'était pas de trop. Il lança le film sans me jeter un regard, nos corps ne se frôlaient même pas. Incrédule, je levai mon regard vers lui, et contemplai son regard vide fixer la télé sans réel intérêt.
Doucement, je m'approchai de lui, jusqu'à ce que nos cuisses se touchent sous le plaid chaud et que ma tête se pose sur son bras. Il ne bougea pas, ses mains restant sagement sur ses genoux, au-dessus du plaid. Mes pieds rejoignirent le canapé, mes jambes s'y étendant, je passai son bras derrière ma tête, posant sa main sur ma hanche. Ma tête se logea près de son cœur que j'entendis battre au même rythme, d'une lenteur aberrante.
Durant les deux heures du film, il ne bougea pas. Il ne tenta même pas de toucher ma hanche à même ma peau, ni même de la caresser. Il resta immobile contre moi. Et, lorsque le film se finit, il se leva en même temps que moi et débarrassa avant de me rejoindre dans notre chambre. Profondément attristé, j'avais rapidement passé un pyjama avant de me réfugier sous les couvertures, tourné vers ma table de nuit. Lorsqu'il entra dans le lit, et, bien que j'attende longtemps, il ne me toucha pas. Lorsque je le sentis endormi, je me tournai vers lui, il était à l'opposé de moi et ne me regardait même pas.
« Il a peut-être besoin de temps. »
« Ou c'est peut-être autre chose. »
Cette nuit là, je ne trouvai le repos que quelques heures, sans pouvoir penser à autre chose qu'à cette distance qu'il nous avait imposé. C'était peut-être à cause de mon comportement du début ? Il me le retournait maintenant ?
« Ils ne sont pas comme ça. »
« Mais il y a quelque chose ! »

Toi et moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant