Partie 1 - Chapitre 1

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Partie 1: rentrée à la fac

- Attention aux marches !

Ekel cachait les yeux de son copain avec ses mains. Une marche après l'autre, ils montaient des escaliers qui craquaient à chaque pas.

Zeik avait du mal à se retenir de rire de la situation. Il ignorait tout de ce qu'avait préparé le plus âgé. Il se contentait de le suivre aveuglément et il n'avait pas peur de le faire.

- Pourquoi tu ne veux pas me dire où on va ?

- Et te gâcher la surprise ? Certainement pas ! Soit encore patient, on y est dans quelques marches à peine.

Leur ascension cessa enfin. Ekel retira une de ses mains de devant ses yeux, tout en continuant de lui bloquer la vue. Le plus jeune devait encore rester patient.

Un bruit de clé.

Le son d'une serrure.

Le grincement d'une porte qui s'ouvre.

Toujours dans le noir et dans le flou de la situation, Zeik fut gentiment poussé en avant. La porte se referma derrière eux. Enfin, il fut autorisé à retrouver la vue.

- Bienvenue chez nous mon cœur !

Bouche bée, le plus jeune regarda autour de lui.

Des murs d'un blanc virant au jaune pâle, une légère odeur de poussière qui prenait le nez, un canapé, qui avait déjà vu quelques années passer, c'étaient les premiers éléments qu'il relevait. Les autres meubles ne semblaient pas plus récents que le canapé. Dans cette pièce pas bien grande, un tableau qui manquait cruellement de goût venait ajouter une légère note de couleur.

Un peu plus loin, Zeik devina la cuisine derrière un petit bar. Toutes les portes fermées empêchaient d'en voir plus.

- C'est...

- Oui Zeik, c'est chez nous !

Ekel fit quelques pas dans ce qui était le salon et invita son copain à en faire de même.

- On ne pouvait pas vivre éternellement dans la grange de mon oncle. C'était à plus d'une heure de ta fac. Je veux que tout soit au mieux pour ta première année !

Le plus grand jeta un coup d'œil à l'endroit qu'il avait déjà visité auparavant. Il tenta de dissimuler un sourire gêné. Il ne s'attarda pas sur les toiles d'araignées dans les coins, ni même sur la poignée manquante d'un des placards. Il préféra fixer son copain, droit dans les yeux.

- Je sais, l'endroit ne paye pas de mine, mais...

- Ekel, c'est parfait !

Zeik se jeta dans les bras de l'aîné et l'embrassa. Il le fit comme si c'était la première fois, il le fit avec beaucoup d'amour et de passion.

À quelques jours à peine de sa première rentrée à l'université, un tout nouveau monde pour lui, il était loin de s'imaginer une telle nouveauté.

Lui se voyait déjà faire une longue route chaque jour pour se rendre en cours. Ou il s'imaginait prendre un job étudiant pour pouvoir se payer une petite chambre sur le campus et ne voir Ekel que certains week-ends.

Il s'était fait beaucoup de scénario dans sa tête, sans même envisager une seule seconde que celui de l'appartement avec Ekel était possible.

- Pourquoi tu ne m'en as pas parlé plus tôt ?

- Je voulais être sûr que ça soit possible, que ça se fasse. Je ne voulais pas que tu sois déçu par un « peut-être » suivis d'un « non ». Je te l'ai dit, je veux que tout soit absolument parfait.

Zeik l'embrassa encore une fois. Il le fit avec encore plus de passion que celui fait un peu plus tôt. Il y avait plus d'amour encore que dans leur tout premier baiser échangé. Il s'en était passé des choses depuis celui-ci. Il ferma un court instant les yeux, se revit dans cette salle de stockage d'art. Il les rouvrit et fit un sourire, il n'était plus dans cette petite salle. Non, ils étaient tous deux dans leur nouvel appartement.

- Merci Ekel !

- Je n'allais pas te laisser faire cette route tous les jours et encore moins te laisser trop longtemps loin de moi !

- Pourquoi ? Tu veux me garder à l'œil ?

- Parce que je me sentirais bien seul sans mon petit cœur.

- Moi aussi Ekel, moi aussi...

Ils échangèrent un regard, un sourire.

- Je te fais visiter le reste de l'appartement ?

- Bien sûr !

Ils commencèrent par la cuisine, équipée au minimum mais étrangement propre aux vus du reste de l'appartement. Porte d'à côté, la salle de bain. Certains la qualifieraient plutôt de cagibi, pour eux, elle était suffisante. La chambre, la porte non loin du canapé, manquait encore de personnalité. Elle avait au moins le mérite d'avoir un grand lit double qui semblait confortable.

Ce n'était pas un appartement de luxe, beaucoup auraient même refusé de vivre ici. Zeik, lui, avait la sensation d'être dans un palace. C'était son premier véritable appartement avec son copain. À ses yeux, il était là le vrai luxe. Un endroit à lui, avec son copain, il n'avait besoin de rien de plus.

- Il ne reste plus qu'à apporter nos affaires et à décorer à notre manière et on sera véritablement chez nous !

- On fait ça quand ?

- Dès demain si tu veux. Mon oncle nous aidera pour le déménagement. Avec sa voiture ça sera plus simple.

- J'ai hâte d'être à demain dans ce cas-là.

Ekel eut un rire à la fois amusé, mignon et satisfait. Il voyait les étoiles briller dans les yeux du plus jeune. Cette simple vision le rendait heureux.

Il quittait le lycée, cette ancienne ville qu'ils connaissaient tous les deux, les habitudes qu'ils y avaient pris. Une page se tournait pour mieux pouvoir en écrire une nouvelle. Une encore meilleure que la précédente.

- Ne précipite pas les choses, on a tout notre temps. Cet endroit est chez nous à présent !

- Et qu'est-ce que tu veux faire en attendant ?

- Simplement profiter de ce moment qui nous est offert.

- C'est-à-dire ?

- Viens posons-nous et c'est tout.

Ekel prit la main de Zeik et, doucement, l'entraîna vers le lit.

Cet endroit changeait de l'étage de la grange que l'un comme l'autre connaissaient par cœur et avaient apprécié jusque-là. C'était un changement agréable malgré tous les bons souvenirs que le lieu plein de paille renfermait.

Dans les bras l'un de l'autre, aucun des deux n'osait prendre la parole, profitant, comme Ekel l'avait suggéré, de l'instant présent qui leur était proposé. 

Un Jour Ils Comprendront - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant