Un Jour Ils Comprendront - Tome 2

Chapitre 37.2

Une proposition ? Venant de Sâme, il sentait qu'il n'allait avoir aucun réel choix. Il devrait l'écouter et la suivre, parce qu'il ne pouvait pas en être autrement avec elle !

- Je t'écoute.

- Samedi prochain, Zeik joue le match le plus important de l'année pour lui. C'est celui qui déterminera s'il peut continuer, ou non, le basket en semi-professionnel l'année prochaine. Avec Madame Kaîda on va aller le voir pour l'encourager. C'est pour ça que je suis là d'ailleurs !

- Et que veux-tu que je fasse exactement ?

- Je veux que samedi tu sois dans les gradins, avec nous. Depuis le lycée, tu n'as pratiquement jamais raté un de ses matchs et il a toujours mieux joué lorsque tu étais là. En ce moment il est au plus bas, il n'a même pas vraiment envie de jouer, alors que c'est sa carrière qui est en jeu !

Elle secoua la tête, remuant ses boucles blondes, avant de poursuivre.

- Je sais que dans cette histoire, c'est a lui de s'excuser, à lui de parler, d'essayer, de faire le premier pas. Le problème c'est qu'il ne le fait pas aussi bien qu'il aurait voulu. Zeik est doué, très doué même au basket. En revanche en discours ou pour montrer qu'il regrette ou même qu'il aime il n'est pas doué. Il a toujours besoin d'aide, surtout lorsqu'il se retrouve face à un mur ! Aujourd'hui, on a déjà fait tout ce qu'on pouvait. Il n'y a plus que toi qui peux intervenir. On ne peut pas te forcer à quoi que ce soit. Ce serait cruel de notre part de le faire. Tu as besoin de temps pour te décider. Seul toi peut choisir si oui ou non tu veux lui donner une seconde chance. Tout ce qu'on te demande, ce qu'on te propose plutôt, c'est simplement d'aller à se match. Accepte de le voir, au moins une fois, de lui parler. Et après tu décideras ce que tu veux. D'accord ?

Ekel se frotta le visage. Oui, Sâme était vraiment forte, c'était indéniable. Elle lui avait dit ne pas vouloir lui faire de discours redondant. D'une certaine manière, elle n'avait pas menti, elle avait dit autre chose. Mais comme tous les autres elle le poussait à aller vers Zeik. Elle avait simplement utilisé des mots différents.

- Mickey m'a dit ce que tu ressentais. Je sais aussi ce que ressent Zeik. Au-delà de la peur, du regret et de l'énervement, ce que je retiens c'est que tous les deux, vous vous aimez toujours autant ! Je te laisse cette information à toi de l'utiliser comme tu veux.

Le photographe regarda tour à tour les deux femmes venues le voir. Dans son esprit tout était encore plus confus. Toutes les informations qu'elles venaient de lui apporter, s'ajoutaient au reste, ce qu'il pensait, ressentait déjà. Une certitude s'imposa malgré tout, une qu'il avait depuis le début de l'histoire, une qu'il s'efforçait d'ignorer mais revenait toujours à la charge. Une qu'il avait déjà mentionnée, une que Sâme venait de lui rappeler.

Ekel aimait Zeik. Zeik aimait Ekel. C'était l'information la plus évidente et la plus importante. Une qu'il ne pouvait plus mettre de côté.

Il repensa à tous les matches qu'il avait vus, la sensation qu'il avait ressentie à chaque fois. La fierté de voir son copain sur un terrain, le voir joué, les sourires qu'ils se partageaient du terrain aux gradins. Ce bonheur de pouvoir le féliciter à la fin du match. Tous les instants qu'il partageait ensuite. Il le savait, c'étaient leurs meilleurs moments.

Mais la peur qu'il ressentait ces derniers jours revint elle aussi. Elle assombrit les belles images de match qui étaient venues éclaircir son esprit. Il venait de se faire trahir, encore une fois, cela pouvait recommencer, toujours plus de fois. Pouvait-il prendre ce risque ?

- On ne te demande pas de tout pardonner et de te remettre des samedis avec Zeik. Va simplement le voir. Offre-lui une possibilité de se racheter...

Sâme insistait. Il comprenait. Elle tenait à son meilleur ami, elle voulait l'aider de toutes les meilleures manières possibles. Le fait même que sa mère vienne le voir prouvait beaucoup de chose au fond. Si Zeik ne regrettait pas, ne tenait pas à lui, personne ne serait venu lui parler. Personne ne le pousserait ainsi. Ni Mickey, ni Sâme, ni même Yuki Kaîda ne lui ferait tous ces beaux discours. Chacun à leur manière se démenait pour aider Zeik. Non pas seulement lui, pour les aider tous les deux.

D'une certaine manière, il avait formé un petit groupe d'aide pour leur couple. C'était à la fois gentil, mignon et prouvait que quelque chose existait encore entre les deux concernés. Du moins leurs amis en étaient certains.

- Je peux vous poser une question à mon tour.

Les deux femmes le regardèrent attendant simplement qu'il poursuive.

- Est-ce que Zeik vous a demandé de venir aujourd'hui ?

- Il aurait pu oui, mais il ne l'a pas fait. Il ne sait même pas que nous là aujourd'hui. Tu sais il est aussi perdu que toi. Tout ce qu'on veut faire, c'est lui donner le petit coup de pouce dont il a besoin.

- D'accord. Je vous remercie pour... Pour tout ça.

Sâme se permit un petit sourire, plutôt satisfaite d'elle.

- Est-ce qu'on peut compter sur toi samedi ?

Ekel tenta de réfléchir. En réalité il n'y avait plus aucune réflexion à avoir. Oui il avait peur, mais il ne pouvait plus se mentir à lui-même, il ne voulait pas perdre Zeik. S'il n'essayait pas, il continuerait à douter et même il pouvait regretter. Le regret était plus dur que la peur. Il avait trop retardé le moment. Il était temps, il devait essayer, y aller.

- Je vais venir oui.

Yuki Kaîda se permit enfin un petit soupir de soulagement. Pour son fils, elle avait réussi. Elle s'était montrée plus convaincante que Mickey.

- Merci Ekel. Pour Zeik, vraiment merci, le remercia sincèrement Yuki.

Elle le remerciait, mais rien n'était joué encore. Il avait simplement accepté d'aller à ce match. Il ne pouvait savoir comment cela allait se dérouler. Qu'allait lui dire Zeik ? Qu'est-ce que lui, il lui répondrait ?

Il restait que deux jours avant samedi. Deux jours où il continuerait de cogiter, mais deux jours qui le conduiraient à quelque chose. Enfin, il avait pris une décision.

Mickey devait être particulièrement satisfait, lui aussi avait contribué à cela.

Deux jours...

Et un match !