Chapitre 35

61 4 1
                                    

Mickey quitta son portable des yeux et déverrouilla sa porte d'entrée. Sâme venait de lui envoyer – pour la quatrième fois en moins de cinq minutes – un « parle-lui » des plus insistants. Elle comptait sur lui et lui faisait bien comprendre.

Il lâcha un soupir et alluma la lumière de son salon.

- Tu peux éteindre s'il te plaît ? La lumière me fait mal aux yeux.

Quelques semaines plus tôt, il aurait sursauté d'entendre une voix provenant de son canapé. Pas aujourd'hui. Depuis quelques jours, c'était même habituel.

Ekel avait élu domicile sur son canapé et n'en bougeait pas. Même pas pour manger ou rejoindre la salle de bain.

- Désolé Monsieur le vampire, je n'aime pas vivre dans le noir !

Mickey posa ses affaires et alla jusqu'à la cuisine.

Il avait bien essayé de la faire bouger, de le motiver, de l'aider. Rien ne fonctionnait. Ekel refusait de bouger. Il avait déjà été appelé, plusieurs fois même, par le travail. Son absence inquiétait. Lui ne s'en souciait pas. Il refusait de répondre à qui que ce soit. Et lui, meilleur ami qu'il était, il le regardait impuissant se laissait aller.

Sur le canapé, Ekel se cacher la tête sous un coussin. Mickey l'entendait à peine respirer. Il s'inquiétait, réellement.

Attrapant une tasse dans le placard, toute la conversation avec Sâme s'imposa à son esprit. En même temps, comme si elle lisait dans son esprit, la jeune femme lui envoya un message. Enfin, il devina que c'était elle lorsqu'il sentit son portable vibrer dans sa poche.

Le jeune homme lâcha un soupir.

- On peut parler Ekel ?

Un grognement inintelligible : ce fut la première réponse qu'il obtint.

- Parler de quoi ?

- Tu sais très bien de quoi je veux parler.

Le squatteur se tourna sur le canapé, Mickey l'entendit.

- Je n'ai pas envie de parler de Zeik, lâcha-t-il, presque dans un murmure.

Mickey leva les yeux au ciel. Il prit le temps de se servir une tasse de café et rejoignit Ekel dans le salon. Le canapé déjà occupé, il s'installa à même le sol.

- Tu veux du café ?

Le photographe ne répondit pas. Il était tourné face au dossier, le coussin toujours sur la tête. Plus il le voyait, plus Mickey désespérait.

- Écoute Ekel, tu sais à quel point je t'adore, mais là, ce n'est plus possible. Tu ne peux pas rester ainsi, sans bouger du canapé !

- Qu'est-ce que tu veux que je fasse ?

Le propriétaire des lieux posa sa tasse de café sur la table basse sans même y avoir touché.

- Il y a plein de chose que tu peux faire !

- Comme quoi ?

- Tu as vraiment besoin d'une liste ?

Ekel garda le silence. Il ne bougea pas, ne se tourna pas vers son ami. Il attendait seulement qu'il poursuive. Oui, il avait besoin d'une liste.

- Tu peux sortir, aller boire un verre, retourner au travail, aller au cinéma. Je ne sais pas. Tu as mille propositions qui s'offrent à toi !

- Je pourrais retourner dans l'un de ces quartiers... Me trouver un coup d'un soir, et encore un autre, jusqu'à l'oublier.

Mickey lâcha un rire. Il n'était pas amusé, c'était plutôt nerveux.

Un Jour Ils Comprendront - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant