Un Jour Ils Comprendront - Tome 2

Chapitre 3

Cette ville n'avait pas grand-chose de différent que celle qu'ils venaient de quitter. C'était le même genre de rues, longues ou étroites et parfois mal odorantes. Les commerces portaient des noms différents, cela restait relativement les mêmes : des cafés, des supérettes, des restaurants, des coiffeurs et tant d'autres encore. Il y avait quelques arbres, pas bien haut, qui offraient de l'ombre de leur feuillage de fin d'été. Les passants ne leur adressaient aucun regard, concentrés sur le trajet qu'ils suivaient.

Au moins, Zeik n'était pas dépaysé, du moins pas autant que le jour où il avait dû quitter le Japon. Il allait vite s'habituer à cet endroit.

Ekel, fidèle à lui-même, avait pris son appareil photo avec lui. Il s'arrêtait parfois pour immortaliser un objet, un petit oiseau ou une fleur dans une jardinière. Il photographiait tout ce qui attirait son regard. Depuis qu'il le connaissait, cet aspect-là d'Ekel n'avait pas changé. Il n'y avait aucune raison pour que cela soit le cas.

Zeik aimait le voir concentré et silencieux sur ce qu'il faisait. Il le voyait passionné, comme lui pouvait l'être lorsqu'il jouait au basket.

Ekel se redressa, laissant l'oiseau qu'il prenait en photo s'envoler.

- Tu as faim ?

Le plus jeune réalisa que la journée, plus la balade en ville lui avait vidé le ventre. Comme si la question d'Ekel était un signal, le ventre de Zeik se mit à gargouiller.

- Je crois que oui, un peu.

- Viens, je t'invite.

Ils s'installèrent à la terrasse d'un petit restaurant calme. Il était dans une rue peu passante. Il y avait également peu de personnes installaient aux tables, cela rendait l'endroit agréable.

On vint rapidement prendre leur commande. Vu le peu de personnes présentes, le service fut rapide.

Zeik goûta au plat qu'il avait commandé. Un délice !

Il n'avait pas mangé dans un vrai restaurant depuis des lustres. En fait, avec Ekel cela remontait à cette fois-là, au Japon, quand ils y étaient partis en vacances. C'était un bon souvenir que le plus jeune n'oublierait jamais.

Comme aujourd'hui. Il s'agissait d'un instant simple, juste un passage dans leur existence. Cela n'empêchait pas d'être un bon moment, doux et paisible, qui resterait dans sa mémoire lui aussi.

- Tu as l'air d'apprécier, fit remarquer l'aîné.

- C'est vraiment bon !

- Tant mieux.

Zeik prit une nouvelle bouchée, appréciant chaque saveur qu'il ressentait.

- Au fait j'ai appelé ma mère tout à l'heure, juste avant l'appel de Sâme.

- Et ?

- Rien de particulier. Je voulais simplement la prévenir pour l'appartement. On habite plus dans la même ville, je ne voulais pas qu'elle s'inquiète.

- Qu'elle s'inquiète ?

- Tu sais parfaitement ce que je veux dire. Même si elle a encore du mal à accepter ce que je suis, elle ne me rejette pas autant que mon père. Je reste son fils et elle veut mon bien.

- Je sais. C'est bien que vous vous soyez parlé.

Zeik prit le temps de manger une nouvelle bouchée et de boire une gorgée d'eau avant de poursuivre la conversation.