La vieille porte de la grange grinça en s'ouvrant. Zeik n'avait pas entendu ce son depuis près d'un an. En fait, depuis qu'ils avaient déménagé avec Ekel. Ils avaient quitté la grange de son oncle pour aménager dans un appartement qui ne payait pas de mine dans une autre ville. Ils avaient passé beaucoup de temps dans cette vieille bâtisse de bois qui servait de chambre à Ekel. Entre la paille et le froid éventuel, le japonais s'était facilement habitué à cette vie-là. Mais il appréciait d'autant plus leur nouveau logement. Il avait réellement l'impression que c'était « leur chez eux ».
Il tourna ses yeux bridés vers son copain, un air interrogatif tirant ses traits.
- Qu'est-ce qu'on fait ici Ekel ?
L'aîné fit un sourire et referma la porte derrière lui. L'odeur de poussière régnait toujours dans cette bâtisse qui n'avait en rien changé depuis un an. La lumière jaunâtre vacilla en s'allumant. Zeik aimait cette lumière. Elle avait quelque chose de simple et chaleureux à la fois. Son simple éclat lui rappelait tant de souvenirs.
- Tu ne comptes pas répondre ?
Ekel lui tendit la main, l'entraînant vers l'échelle qui menait vers la « chambre ». Elle aussi grinça sous leurs pieds alors qu'ils grimpaient un barreau après l'autre. Les bottes de pailles stockez-la ne semblaient pas avoir bougé depuis des années. Malgré les quelques toiles d'araignées, elles gardaient tout de même tout leur éclat jaune, comme si elle venait tout juste d'être sortie des champs pour être rangé là.
Le lit avait été fait au carré, quelques bougies avaient été allumées, sans craindre de mettre le feu à la vieille bâtisse. Une guirlande avait été suspendue aux poutres, ajoutant une petite touche de luminosité douce et agréable.
Toute une installation chaleureuse et réconfortante. Une mise en scène que Zeik ne comprenait pas.
- Dis moi ce qu'on fait ici Ekel.
- Tu n'aimes pas ?
Le sportif regarda une nouvelle fois autour de lui. Bien sûr qu'il aimait. Il avait toujours adoré cet endroit. Comme pour son copain, c'était devenu un refuge. Un lieu où personne ne le jugeait. Un lieu où il se sentait en sécurité, où il pouvait être seul avec son copain.
Se retrouver ici lui rappelait l'année passée et tout ce qu'il avait vécu. L'université, les nombreux matches disputés, Ash, ce petit terrain fait de béton au milieu du parc de la ville, Ekel si loin de lui, son père parti sans pouvoir lui dire au revoir, sa bêtise, son erreur, sa faute... Il avait cru perdre son copain, il l'aurait mérité. Ekel était pourtant bien là, avec lui, à lui tenir là main, comme pour l'empêchait de fuir. À présent, il avait obtenu sa première année, il était prêt pour la seconde, et son copain lui avait tout pardonné. Tant de choses s'étaient déroulées, en peu de temps au final. Se retrouver dans cette vieille grange était, finalement, comme reprendre sa respiration. Un souffle dans l'année.
- Si j'aime. Beaucoup...
- J'avais envie de profiter du Week-end, revenir un peu aux sources.
Zeik se laissa tomber sur le lit fait de paille et de couverture. Beaucoup auraient jugé le manque de confort et l'aspect bien trop fermier et ancien de l'endroit. Pas Zeik. Il aimait vraiment cette paille, cette odeur de poussière et cette lumière chaude. En tendant l'oreille, on pouvait même entendre le ululement d'un hibou, manifestant sa présence quelque part dans un arbre près de la grange. Dans le noir ce chant pouvait paraître sinistre. Habitué, il ne faisait qu'ajouter une touche de charme.
- Tu as raison. Ça fait du bien de se retrouver ici.
Le regard du jeune basketteur s'arrêta sur les quelques bougies et la guirlande qui avait été ajoutée.
- Pourquoi les bougies ? On a quelque chose à fêter ?
- Est-ce que des bougies annoncent obligatoirement une fête ?
- Non, pas forcément mais...
Ekel avait ce genre de sourire à la fois charmeur et plein de mystère. Il avait ce petit côté taquin qui cachait quelque chose. Il avait l'impression de ne pas tenir en place, de vouloir annoncer quelque chose et garder le secret en même temps. Ils avaient été séparés quelques mois, mais Zeik connaissait assez son copain pour savoir quand il cachait quelque chose. Là, tout le trahissait, autant son attitude mal dissimulée, que toute la mise en scène dans cette grange.
- Mais tu caches quelque chose. Je le sens.
- Non, je ne cache rien.
- Tu mens.
Le photographe se coucha à côté de lui. Il faisait assez chaud pour ne pas avoir besoin de remonter les couvertures jusqu'à eux. Au-delà de la poussière, il y avait une odeur de début d'été qui régnait dans l'air. Une odeur particulièrement agréable. Elle ajoutait une touche chaleureuse à la soirée.
- Dis-moi ce qu'il y a Ekel !
L'aîné prit une grande inspiration.
- D'accord, je ne t'ai pas emmené ici pour rien.
- Nous y voilà.
Zeik posa son regard sur son copain, attendant simplement qu'il poursuive. Il ignorait ce qu'il avait à lui dire, mais il était impatient. Ekel, lui, fixait le plafond, comme s'il avait peur. Craignait-il la réaction du plus jeune ? Qu'avait-il de si important à dire pour être soudain tendu ainsi ?
Il avait tout prévu, le lieu, les bougies, ce sourire ravageur. Que pouvait-il vraiment craindre ?
- J'ai eu peur de te perdre Zeik...
- Je sais... Je suis désolé. Je... Je n'aurais pas dû.
Ekel fit un geste de la main, coupant la parole à Zeik.
- Je ne cherche pas à revenir sur le sujet. On a laissé ça derrière nous. Ce que je veux dire c'est que...
Il tourna enfin la tête vers le plus jeune, plongeant son regard clair dans ses yeux noisette qu'il avait tant aimé. Depuis le tout début, il avait aimé ce regard. Ses yeux bridés, cette lumière, cette joie, mêlé au secret. Il avait tout apprécié à sa juste valeur. Même encore maintenant, il aimait ses yeux, il aimait son copain.
- Je ne veux plus te perdre Zeik.
- Je sais. Tu m'as promis de ne plus me laisser seul et je te crois. Quel que soit le lieu et le moment, je te crois Ekel.
L'aîné eut un sourire satisfait. D'un geste lent et doux, il posa sa main sur la joue du plus jeune. Sa peau était toujours aussi douce.
- Je veux concrétiser tout ça.
L'étonnement passa dans le regard de l'Asiatique. Quelques questions muettes passèrent, mais il garda le silence, préférant laisser Ekel se justifier.
- Marions-nous Zeik !
Zeik sursauta. Son regard dériva un instant sur le plafond avant de se tourner de nouveau vers son copain.
- Pardon ?
Ekel prit une nouvelle respiration.
- Est-ce que tu veux te marier... Avec moi ? Osa de nouveau demander Ekel.
Il était le plus vieux, celui qui avait le plus d'expérience. Pourtant, il était le plus gêné par la question. Durant un instant, il n'osa plus regarder son copain. Ce dernier ne lui en laissa pas le choix. Il se mit à califourchon sur lui. De ses deux mains, il saisit son visage. Ils se fixèrent, l'un l'autre, le temps d'un cours silence. Un sourire sincère s'afficha sur le visage de l'Asiatique.
La première réponse qu'il apporta fut un baiser. Leurs lèvres se rencontrèrent comme si c'était la première fois. Ils le firent durer, l'apprécièrent. Lorsqu'ils se séparèrent, Zeik ne s'éloigna pas trop, permettant à leur souffle de continuer à se mêler.
- Oui... Oui je le veux Ekel !
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Un Jour Ils Comprendront - Tome 2
Romance[Tome 2] [bxb] Le retour de Zeik, Ekel, Sâme... L'arrivée d'autres personnes. Le lycée est terminé pour Zeik et c'est une nouvelle vie avec Ekel qui s'offre à lui: un appartement, une autre ville, l'université. C'est un Zeik heureux, amoureux, plein...