Chapitre 18

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L'air glacial de début d'hiver frappa son visage comme une claque. Il eut au moins pour mérite de l'aider à se vider l'esprit. Zeik se passa une main dans les cheveux et apprécia cette fraîcheur. Il réalisa seulement qu'il avait eu trop chaud, dans ce grand salon au milieu de toutes ces personnes. Il ignorait qu'elle heure il était, tard très certainement, ou tôt selon les points de vue.

Dès la fin de ce jeu « action ou vérité », il avait ressenti le besoin de sortir. Il étouffait sur le canapé. L'alcool ou le baiser de Ash ? Quelle importance, il n'avait pas pu rester plus longtemps à cette soirée. Une chance que la partie ne se soit pas éternisée après le passage de Ash.

Il fit quelques pas dans la rue et se demanda dans quelle direction aller. Il ne connaissait pas assez la ville pour parvenir à s'y repérer. D'une main légèrement tremblante, avec un esprit embrumé malgré tout, il attrapa son portable. L'heure était bien avancée effectivement. Quand était-il en Russie ? Est-ce que son copain était réveillé ? Déjà en plein travail ? En pleine sieste ? Quoi qu'était en train de faire Ekel, il ressentit le besoin urgent de l'appeler. Il cliqua sur son nom et attendit. La sonnerie retentit, se prolongea pour aboutir sur aucune réponse. Seule la voix de la messagerie l'accueillit. Zeik éteignit et rangea son portable avec un soupir.

Debout au milieu de cette rue, la vue troublée par l'alcool et l'esprit encombré, il se sentit perdu. Seul et perdu.

À cet instant, il avait qu'une seule envie : rejoindre son lit. Après cette soirée improvisée, il allait dormir tout le week-end. Il avait envie de se blottir sous sa couette et ne plus bouger pendant deux jours.

- Zeik attend !

C'était Ash, il reconnut sa voix. Il ne se retourna pas, ne s'arrêta pas.

- Zeik s'il te plaît attends-moi !

Le capitaine le rattrapa, se planta devant lui, l'empêchant d'avancer.

- Est-ce que ça va ?

- Je suis simplement fatigué et j'ai trop bu, je crois. J'ai envie de rentrer chez moi et de dormir.

- Laisse-moi te ramener.

Il secoua la tête. Dans son plan de fin de nuit, Ash n'était pas présent. Il préférait encore rester seul.

- Je ne préfère pas. Marcher me convient mieux, ou je vais appeler un Uber, je ne sais pas. J'ai besoin de m'aérer la tête.

Malgré le refus de son coéquipier, Ash ne bougea pas. Tout comme il ne se soucia pas de la mèche de cheveux qui s'échappa de sa coiffure défaite et qui tomba devant ses yeux.

- Tu m'en veux ?

Zeik détourna le regard.

- Qu'est-ce qui te fait penser ça ?

- Tu n'as pas décroché un mot depuis que j'ai dû t'embrasser. Tu as terminé le verre que tu avais d'une traite et tu t'es enfui de la soirée dès que tu as pu. Ce n'était qu'un jeu Zeik, il n'y avait aucun sous-entendu !

- Disons que je suis assez confus...

- Ce n'était qu'un jeu, répéta Ash.

Ils se regardèrent enfin dans les yeux. Ceux de Zeik étaient perdus, légèrement brumeux à cause de l'alcool et de la fatigue. Ceux d'Ash, en revanche, étaient brillants, pétillants. Le même genre de regard, plein d'excitation qu'il avait juste avant un match, ou que le japonais avait cru voir lorsqu'il parlait avec Joanne. Là il l'avait en face de lui.

Perdu était le mot qui représentait à la perfection l'état actuel de Zeik.

- C'était... Passionné pour un simple jeu. Du moins, c'est l'impression que j'ai eue.

Un Jour Ils Comprendront - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant