Chapitre 33

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- Merci d'être venu Sâme.

La jeune fille aux cheveux toujours aussi blonds et soyeux prit le jeune homme dans ses bras. Elle le serra partageant tout le réconfort qu'elle pouvait.

- Évidemment que j'allais venir. Comment va ta mère ?

Zeik porta son regard sur Yuki Kaîda. Elle était assise dans le salon, vêtu d'une robe plus noire que la nuit. Devant les autres invités ayant assisté à l'enterrement, elle ne laissait rien paraître. Elle parlait d'une petite voix, répondait au sourire triste, sans jamais lâcher une larme. Mais Zeik savait. Il connaissait assez sa mère pour savoir toute la tristesse qu'elle ressentait. Elle cachait tout mais intérieurement elle pleurait. Il savait que, une fois collègues et amis partis, elle s'enfermerait dans sa chambre et laisserait tout sortir. Plus d'une boîte de mouchoirs y passerait. Elle était ainsi sa mère. Devant les autres, elle pouvait paraître de marbre mais le fils savait qu'elle ne voulait simplement pas montrer ses sentiments. Elle voulait paraître forte.

- Elle essaie de tenir le coup.

- Tu vas rester avec elle ?

- Quelques jours oui. Après je vais devoir rentrer, je ne peux pas manquer trop d'entraînements.

Sâme regarda partout autour d'elle, comme si elle cherchait quelqu'un, sans le trouver...

- Ekel n'est pas là ? Mickey m'a dit qu'il était rentré plus tôt exprès pour être avec toi.

Il détourna les yeux, se sentant incapable de regarder sa meilleure amie en face. Il ne l'avait pas encore tenu au courant. Il n'y était pas parvenu. Elle ignorait encore que depuis presque de trois jours, Ekel ne lui parlait plus. Il ne répondait à aucun appel, ni même un seul message. Zeik se demandait même s'il ne l'avait pas bloqué. Il n'avait pas encore pu s'expliquer. En même temps qu'elle explication pouvait-il lui apporter ?

Il l'avait trompé, encore une fois. Il l'avait fait parce qu'il s'était senti seul, qu'il avait eu besoin de contact physique. Surtout, parce qu'il appréciait Ash plus qu'il n'aurait voulu où n'aurait dû. Perdu, énervé, seul, confus : est-ce qu'Ekel pouvait accepter ces arguments autant que ces excuses ? Il l'ignorait.

Le sportif avait déjà essayé de se mettre à la place de son copain pour répondre à cette question. Il n'avait trouvé aucune réponse. S'il n'y parvenait pas, comment Ekel le pouvait ?

- Non il... Il n'est pas là.

Sâme le regarda avec son petit regard triste et compatissant.

- Ça n'a pas l'air d'aller... Qu'est-ce qu'il y a ?

- Je viens d'enterrer mon père Sâme, évidemment que ça ne va pas. Ash a raison. Même si on ne se parlait plus et qu'il refusait de me voir, c'était toujours mon père.

- Je ne te parle pas de ça Zeik. Qu'est-ce qu'il y a entre Ekel et toi ? J'ai l'impression que tu ne me dis plus rien.

Zeik se leva, il ne tenait plus en place. Il y avait trop de monde autour de lui, de parfaits inconnus pour la plupart. Il n'en pouvait plus d'être assis là, dans son costume noir, à entendre des mots de condoléances. Il avait besoin de sortir.

Il rejoignit le jardin, s'asseyant dans l'herbe. Il leva les yeux vers le ciel, si bleu, si parfait, sans aucun nuage. Et juste au-dessus, il y avait la fenêtre de sa chambre. Être assis là, le mur de la maison dans son dos, sa chambre un étage au-dessus, lui rappela des souvenirs. Des moments qui semblaient venir d'une autre époque. Des moments où, oui il cachait son homosexualité, mais des moments où dans sa famille tout allait bien. Ils partageaient des repas ensemble, ils venaient le voir lors de ses matchs, ils discutaient de tout et de rien. Ils l'encourageaient aussi, pour le basket, pour les cours, pour ses éventuelles relations amoureuses...

Un Jour Ils Comprendront - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant