Chapitre 4 :

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Je me réveille dans- pas mon lit mais celui de Payton. Alors arrêter moi si je me trompe mais il m'emmenait à l'infirmerie jusqu'à preuve du contraire. La porte de la salle de bain s'ouvre, le laissant apparaitre avec seulement une serviette autour de la taille.

- merde je pensais que tu dormais encore.

Je m'assois péniblement alors qu'il s'approche de moi. Il se met au pied de son lit et me regarde.

- qu'est-ce que je fais là ?

- tu ne te souviens pas ?

Je fais non de la tête.

- je t'ai emmené à l'infirmerie mais elle m'a dit que c'était plus ou moins normal et qu'il te fallait juste du repos. à la base je t'avais mis dans ton lit mais tu as encore cracher du sang donc je t'ai déplacé. ça fait cinq jours que tu es comme ça.

Je le regarde horrifié. Cinq jours... C'est impossible ! Je prends mon téléphone et vois beaucoup, trop de messages de ma mère qui me dit que je dois aller consulter dès que je peux.

- tu m'explique ce que tu as maintenant ?

- désolé je ne peux pas.

J'allais me lever mais il se saisie de mon poignée et me fait asseoir.

- bordel June j'estime que tu me dois une explication. j'ai cru que tu allais crever dans mes bras.

Je le regarde fixement, sentant les larmes me monter aux yeux. Parce que ouais ça aurait totalement pu arriver. J'aurais pu mourir dans ses bras ou dans son lit. Il m'attire à lui et me sert dans ses bras. Je ne me débats, ne n'en ai pas la force, et me laisse aller contre lui. Il frotte légèrement mon dos. Et oui il est toujours juste en serviette mais là, maintenant je n'en ai clairement rien à foutre.

20 peut-être 30 minutes plus tard je me redresse enfin. Son regard est redevenu sombre comme la première fois qu'il m'a vue. Je baisse la tête et me dépêche de me lever. Je m'enferme dans la salle de bain et laisse l'eau couler le long de mon corps. Il faut que j'aille à l'hôpital. Mais bordel j'ai tellement peur. Je sors de la salle de bain et prends mon sac. Payton est sur son lit. Je ne le regarde pas même si je sens que lui le fait.

Un an. Une putain d'année. Juste douze mois et c'est fini. Il me reste seulement un an. Je rentre rapidement et m'étale sur mon lit, en pleure. Je sais depuis longtemps que je n'irais pas jusqu'à 30ans. Mais un an. J'aurais à peine le temps d'atteindre mes 18ans. Encore une fois, la porte de la chambre s'ouvre.

- bordel mais tu passes ton temps à pleurer ?

- oh excuse mais on n'a pas tous une vie parfaite ok ?

Peine, colère, tristesse, haine, tous se mêlent dans ma voie. Il me fixe stupéfait avant de récupérer quelque chose et de ressortir. Grand bien lui fasse ! Je descends pour manger avec mes écouteurs et ma capuche. Je ne suis pas d'humeur. En plus je viens de me disputer avec ma mère qui voulait absolument que je rentre. Si ça dois être ma dernière année de vie, autant que je la vive à fond. Enfin à fond, en étant seule. Je m'assois et sens directement un regard pesant sur moi. Je relève la tête, Payton comme c'est étonnant. Non par contre ce qui est étonnant c'est de le voir se lever, dire quelque chose à ses amis, prendre son plateau et venir s'asseoir à côté de moi. J'enlève mes écouteurs et le regarde. Il fait de même mais ne parle pas.

- qu'est-ce que tu fais ?

- je viens manger avec toi ça ne ce voit pas ?

- si mais pourquoi ?

Il hausse les épaules.

- je veux des réponses.

- arrête Payton.

- on vie dans la même chambre ! si quelque chose t'arrive j'aimerai au moins ne pas te regarder mourir.

Je lève les yeux au ciel.

- je me débrouillerai seule ne t'inquiète pas.

- je ne suis pas sûr. commence déjà par manger.

Je regarde mon assiette. Ah effectivement je n'y ai pas touché. Mais je n'ai pas faim. Je la repousse ce qui déclenche un soupire de sa part.

- putain June j'essaie d'être gentil avec toi là.

- je n'ai pas besoin que tu "essaie d'être gentil avec moi". j'ai juste besoin de respirer ok.

- alors quoi ? en dehors de tes livres rien n'est intéressant ? tu étais pareil avant ? aussi chiante et repoussante sur tous les points.

Je le regarde horrifié. Encore une fois, les larmes me montent aux yeux. Je saisie mon plateau et me lève. Je l'entends me suivre.

- June attends ce n'est pas ce que je voulais dire.

Je ne l'écoute pas et me dépêche de sortir. Il me rattrape dans le couloir et me fait pivoter face à lui.

- June.

- non c'est bon Payton. tais-toi. tu en as assez dis pour ce soir merci.

Il ne me lâche pas pour autant. Au contraire, il se saisie de mes hanches et me pousse à l'extérieur, et finit par me faire asseoir sur un banc. Je me relève dès qu'il me lâche. Payton est toujours debout, proche de moi.

- je te demande juste de me foutre la paix. j'ai d'autres choses à foutre.

- pourquoi tu ne me dis pas simplement ce que tu as ?

Mes nerfs bouent. J'ai de la patience mais il y a des limites. Et nous en sommes proches.

- parce que ça ne te regarde pas. que l'on ne se connaît pas. que je ne te fais absolument pas confiance. et qu'il s'agit de ma putain de vie, pas de la tienne.

Il me regarde sans répondre. Et bah il était temps. Je d'étale loin de lui mais ne rentre pas. Je reste à l'extérieur et m'assois sous un arbre avec mes écouteurs. Je déteste être comme ça, parler comme ça. Ce n'est pas moi. Mais je veux juste du calme et la paix. Je n'en demande pas beaucoup. Juste ça. En plus je suis sûr qu'il a pleins de choses à faire. Mais non au lieu de ça il revient à la charge et dépose sa tête sur mes cuisses. J'espère qu'il ne compte pas parler, de toute façon je ne l'entends pas. Il est sur le dos, me regarde mais ne dit rien. Il esquisse un léger sourire que je lui rends avant de se mettre dos à moi. J'appuie ma tête sur le tronc de l'arbre, me laissant bercer par ma musique.

Il est tout de même temps que je remonte, je n'ai pas pris mes médicaments et mes paupières commencent à être lourde. J'arrête la musique et range mes écouteurs. Je me penche vers Payton. Merde il s'est endormi. Je passe ma main dans ses cheveux et chuchote légèrement un "Payton il faut que l'on monte". Il se tourne sur le dos et me sourit mais cette fois-ci, avec un vrai sourire. Il se lève et me tend la main que je saisie. Et me voilà à nouveau beaucoup trop proche de lui. Sauf que les autres fois il ne le remarque pas ou ne le montre pas. Là, il s'en rend pleinement compte. Je dégage distraitement ma main de la sienne et m'éloigne un peu. Il secoue la tête et me regarde incrédule.

- je suis désolé.

Nous remontons et la première chose que je fais, c'est évidemment prendre mes médicaments. Il est à côté de moi et m'observe attentivement. Payton va même jusqu'à prendre le flacon et l'examiner. Mais je ne laisse jamais les étiquettes qui me rappellent beaucoup trop l'utilité qu'on ces petites gélules. Je me mets rapidement en pyjama et me glisse dans mon lit. Il s'approche de moi et me dépose un bisou sur la joue.

- bonne nuit.

- merci toi aussi.

Il vient vraiment de faire ça ? Un peu comme s'il me protégé ? J'ai définitivement droit au garçon le plus étrange de tous.

neuf mois pour vivre / mourirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant