Chapitre 38 :

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Je déteste aussitôt le sentiment qui né en moi. Ce putain de besoin de le prendre dans mes bras et de lui dire que tout ira bien. Je ne peux d'ailleurs pas empêcher mes jambes de me mener à lui. Sans que je ne m'en rende vraiment compte, je me retrouve accroupie devant lui, les bars posés sur ses genoux.

Il se saisi de mes mains et les serrent dans les siennes. Et bordel ce geste paraît tellement naturel qu'il suffit presque à me faire pleurer. Je me dresse un peu pour pouvoir coller mon front au sien.

- tu sais bien que je t'aime aussi. mais tu sais aussi que ce n'est pas le problème.

Son regard se brise un peu plus.

- s'il te plaît Payton ne m'en veut pas.

Il hoche la tête négativement.

- je ne t'en veux pas. c'est plutôt toi qui devrais.

- mais je sais que tu m'en veux de ne pas te laisser une autre chance.

Cette fois il hausse les épaules.

- je m'en veux à moi pas à toi. si j'étais venu te demander des explications au lieu de foncer tête baissée on serait sûrement encore ensemble.

- comme on dit, avec des "si" on refait le monde. c'est fait c'est fait.

- tu prends tellement ça pour une fatalité. tu étais sûr que ça allais arriver ?

Je le regarde, mais apparemment je mets trop de temps à répondre puisqu'il se lève et me pousse en arrière. Je me lève aussi rapidement. Je crois que j'ai fait une connerie.

- alors quoi ? depuis le début tu guettais le moment où j'allais merdé ? depuis le début tu pars du principe qu'on ne se refait pas ? que j'étais incapable de changer ? tu imagines même peut-être que je te trompais pendant qu'on était ensemble ?

À chaque interrogations, il s'approche un peu plus de moi. Si bien qu'à la fin, il est complètement contre moi. Me regardant de haut avec les yeux pleins de rage.

- non bien sûr que non !

- ah bon ? il y a trente secondes j'aurais juré que si pourtant. PUTAIN MAIS JUNE POURQUOI TU M'AS LAISSÉ TOMBER AMOUREUX DE TOI SI TU M'ESTIME SI PEU ?

Amoureux de moi... Je sais qu'il m'aime mais bordel pas amoureux ! Son expression change, il paraît choqué de ce qu'il vient de dire. Comme s'il s'était mis à nu sans le vouloir.

- Payton-

- non. oublie ce que je viens de dire. j'ai juste été trop con de penser qu'une fille comme toi pouvait réellement s'intéresser à moi.

- qu'est-ce que ça veut dire ça exactement ?

Il se penche encore un peu plus vers moi. Ses lèvres frôlent presque les miennes. Mon regard reste braqué dans le sien. Il est hors de question que je cède et vu le sourire qui s'affiche sur son visage, il l'a très bien compris.

- on sait tous qu'à la base j'intéresse plus les chieuses que les petites filles à maman.

- va te faire foutre Payton.

- je préférerai autant éviter.

- putain mais t'es pas croyable. j'ai passé une journée de malade juste pour ta putain de gueule. tu veux une discussion ok alors que je crève de fatigue. pour finalement te foutre de ma gueule ? laissez tomber ok ? tourne la page et fou moi la paix.

Il ouvre la bouche pour répondre mais je le coupe.

- non stop. je veux dormir.

Il s'éloigne de quelques pas. Je retourne dans mon lit mais lui ne bouge pas. Putain mais à quoi est-ce qu'il joue encore.

Il s'assoit sur le bord de mon lit, dos à moi. Sa tête se pose dans ses mains et ses épaules bougent plus rapidement. Ce n'est pas le putain de moment qu'il fasse une crise de panique.

- j'ai besoin de toi June.

Payton se tourne vers moi, sa confiance d'il y a quelques instants complètement envolé. Il est putain de bipolaire !

- s'il te plaît.

Je fronce les sourcils ne comprenant pas ce qu'il me demande. Sa main sert la mienne.

- ne me le refuse pas.

Son regard plongé dans le yeux déverse un flux d'eau énorme. Je me pousse et le tire dans mes bras. C'est évidemment une énorme connerie mais je veux dormir et je refuse de le laisser dans cette état.

Il se blottie tout naturellement contre moi en enroulant ses bras autour de mes hanches. Je le sens s'endormir rapidement. Mais pour la première fois ce n'est pas mon cas. Jusque là je m'endormais aussi en quelques minutes dans ses bras. Mais pas cette fois. Pas alors qu'un combat se joue entre mon cœur et mon cerveau. Pas alors que je sais que dans tous les cas il va souffrir.

Depuis le début c'est ce putain de même dilemme. Mais maintenant que nous ne sommes plus ensemble il faudrait peut-être en profiter pour l'éloigner réellement de moi. Surtout maintenant que le concours est passé. Nous n'avons plus vraiment d'excuses pour nous parler.

Je ferme les yeux et essaye de calmer mes pensées qui sont sur le point de faire exploser ma boîte crânienne. Évidemment, ça ne marche pas. Ça aurait été trop facile. Je me lève en faisant attention à ne pas réveiller Payton et sors de notre chambre. En ayant évidemment mis un pull et des baskets.

Je m'oriente avec la lumière de mon téléphone et vais jusqu'à la salle de musique. Je m'assois au piano et laisse mes doigts faire, ils connaissent les touches par cœur. Ce qui me permet de rester dans le noir. Mon esprit se vide pendant que mes doigts survolent les touches noires et blanches mais dès que j'arrête, c'est comme si elles n'avaient pas cessé.

Je finis par remonter au bout de deux heures. Mais yeux me piquent atrocement. Le fait qu'il soit deux heure du mat' n'aide pas en même temps. Je me réinstalle dans mon lit. Payton n'a pas bougé. Il respire paisiblement, à un rythme lent et régulier. J'essaie de me caler sur le même rythme pour calmer mon cœur qui tourne plus ou moins à la même vitesse que mes pensées.

Mes yeux finissent par se fermer tout seuls.

°°°

Pour se rouvrir le lendemain, au son de mon réveil. C'est Payton qui l'éteint, étant donné qu'il est du bon côté. Il prend mon téléphone en main et l'examine, la mine penaude. Je ne l'ai pas changé. Il marche toujours et je n'ai pas l'utilité d'en acheter un nouveau pour plus ou moins cinq mois.

- je suis désolé.

Je hausse les épaules, me lève et lui prends mon téléphone des mains. Il me laisse faire mais attrape mon poignée.

- laisse moi t'en acheter un nouveau. c'est le moins que je puisse faire.

Je ne sais pas pourquoi mais une vague de colère s'empare soudainement de moi. J'arrache mon poignée de ses mains.

- tu ne m'auras pas à coup de carte bleu blindée ou de téléphone hors de prix.

Il ferme les yeux et se pince l'arête du nez.

- ce n'est pas ce que je veux dire. je te casse ton téléphone, je te le rachète. c'est juste normal et de la pure logique.

- je n'est pas besoin de nouveau téléphone.

Je vais dans la salle de bain et file ensuite directement à la cantine.

Il apparaît quelques minutes plus tard et vient s'asseoir avec moi. Tiens donc, ça me rappelle quelque chose. J'ai comme une impression de déjà vu.

Payton n'ose pas parler. Il me lance simplement des regards.

- on a déjà vécu ça et on sait comment ça va ce finir. on s'évite des dégâts supplémentaires ?

Il hoche frénétiquement la tête négativement.

- non non non. hors de question. ça ne sera pas pareil. pas cette fois.

C'est ce que les médecins me disaient à chaque fois.

neuf mois pour vivre / mourirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant