Chapitre 47 :

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Je me tourne, posant la main sur la poignée de la porte. Il est hors de question que je reste ici. Je manque cruellement d'air.

- June tu vas où ?

Je fais volte face et le transperce du regard. Ce n'est plus de la tristesse mais de la colère qui émane de mon être.

- loin de toi. je peux encore non ?

Il secoue la tête et me chope le bras avant de refermer la porte.

- non. tu ne bougeras pas d'ici.

Je me dégage avec hargne de sa poigne.

- lâche moi. je t'interdis de me toucher à nouveau. fous moi la paix Payton. je te déteste.

- dis pas ça.

Un rire amère gains sur mes lèvres.

- alors qu'est-ce que je suis censée te dire ! te remercier de me laisser tomber alors que je suis littéralement en train de crever devant tes yeux ?

Encore une fois, j'ai beaucoup plus haussé le ton qu'à mon habitude. Mais surtout je l'ai dis. C'est encore une fois sortie de ma bouche. Mais cette fois de manière beaucoup plus directe et concrète.

Il ne réagi pas. N'a pas l'air de me prendre au sérieux.

- ne raconte pas n'importe quoi. pas juste pour que j'ai pitié.

Mon cœur se sert et finit par se craquelé. Je pourrais presque le voir s'effondrer à mes pieds. Juste entre nous. Puisque apparemment je ne peux pas sortir, je me précipite dans mon lit et me mets sous ma couverture.

Je ne l'entends pas se rallonger. Je n'entends plus rien. Ma tête va exploser. J'ai du mal à respirer mais je fais de mon mieux pour faire le moins de bruit possible.

Je sens des mains me secouer. Par réflexe, je me retourne d'un coup en m'assayant. Payton est à genoux à côté de mon lit. Je le fusille du regard en me collant le plus possible au mur. Le plus loin possible de lui.

- qu'est-ce que tu fous ?

- ça fait trois heures que tu pleures.

Je rigole. Un rire noyé dans mes larmes.

- oui il faut croire que ça fait mal. tu es surpris ?

Encore une fois, il baisse la tête. Je soupire, attendant simplement qu'il s'éloigne. Ce qu'il ne fait manifestement pas.

- tu peux dormir c'est bon.

- June arrêtes. tu sais très bien que je ne voulais pas ça.

Ma main atterri sur sa joue rapidement et fortement. Il accueil le choque sans bouger.

- je t'interdis de me dire ce que je dois faire !

- June.

J'attends une suite mais elle ne vient pas.

- quoi June ?

- écoutes moi merde.

- non. non je ne t'écouterai pas. ça ne marche plus. tu te fous vraiment de ma gueule. TU me trompes. comme une conne je te donne une autre chance pour qu'au final TU me quittes et essaye de t'expliquer après ! je ne suis pas un putain de jouet que tu prends et que tu jette quand tu veux.

- tu penses vraiment que c'est comme ça que je te vois ?

Je me rallonge, prête à m'endormir.

- je n'en sais rien Payton. à vrai dire je n'en ai plus rien à foutre.

Il soupire avant de retourner dans son lit.

°°°

Quand je me réveille le lendemain, j'ose à peine ouvrir les yeux. De peur de retomber dans la réalité. Soit j'ai rêvé et je deviens complètement folle. Soit Payton a belle est bien dit ce qui trotte dans ma tête.

Je finis par les ouvrir et tourne la tête vers le lit de Payton. Merde. Il y est. Il est assis, tourné vers moi. Le regard bouffis et les mains tremblantes.

- June...

Il soupire à peine. Je me redresse et m'adosse contre le mur. Mes yeux se referment. Je suis complètement incapable de le regarder.

- June je suis désolé je-

- arrête. je te l'ai dit hier soir. ça n'a pas changé depuis. je ne veux pas t'écouter. ça ne changera rien. et je me fiche que tu sois désolé ou non.

Je ne vois pas comment il réagi mais il met du temps à répondre.

- je sais que je ne pense qu'à moi sur ce coup et je ne te demande pas de me comprendre mais saches que ce n'est pas toi.

Je ne peux pas m'empêcher de rire.

- et puis quoi encore ? tu vas vraiment me sortir le mitique "ce n'est pas toi c'est uniquement moi" ? je crois rêver.

- oui je vais te le sortir parce que c'est vrai.

- j'ai cru entendre que c'était à cause de ma maladie. au cas où tu aurais manqué ce passage, ma maladie fait malheureusement putain de partie de moi.

Il soupire.

- tiens parlons en de cette maladie. c'est quand même dingue. je te demande juste la vérité. que tu me parles. tu tenais si peu à moi pour préférer te taire ?

- ça n'a strictement rien à voir. si tu me quittes pour si peu, je n'y peux rien. et c'est peut-être mieux comme ça du coup.

- tu ne peux pas dire ça.

- il faut croire que si.

Je m'attends à ce qu'il parte mais je ne l'entends pas bouger. Je finis par me lever pour descendre déjeuner. J'allais franchir la porte mais il m'arrête.

- June tu es vraiment sûr ?

- pour la je ne sais pas combientième fois Payton c'est toi qui m'as quitté. Pas moi. alors ne fais pas comme si tout était de ma faute et de mon fait.

Je descends en courant pour m'éloigner le plus possible. Je ne prends pas la peine d'aller au réfectoire. De toute façon je ne mange plus rien. Je me retrouve sans vraiment savoir comment sur un banc isolé. Je laisse aller ma tête entre mes mains et replie mes genoux contre ma poitrine.

Je pensais vraiment finir avec lui. Être heureuse jusqu'au bout. Mais il faut croire que même ça je n'y ai pas droit. Même juste une année de vrai bonheur c'est trop demandé. Il faut croire qu'à ma naissance, les fées ne se sont pas penchées au dessus de mon berceau pour me garantir bonne santé et prospérité. Je vois les élèves défiler devant moi. Il s'agit uniquement de ceux qui n'étaient pas où ils le devaient cette nuit.

Mon cœur déjà en miette se brise encore plus quand je pense que c'est encore une fois à cause de ce qui coule dans mon sang que tout vient de se briser. Il faut croire qu'elle ne veut pas juste me ramener à elle plus tôt que prévue. Non. Il faut qu'elle soit sûr qu'à la fin il ne reste plus qu'elle et moi. Juste moi et mon fardeau. J'aurais pu lui dire. J'aurais même sûrement dû. Mais s'il n'arrive pas à affronter la baisse d'énergie, il ne pourra pas affronter la mort. Puisqu'il est temps de poser des mots sur les faits. Et de regarder en face la réalité.

C'est finis. Juste elle et moi.

neuf mois pour vivre / mourirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant