Chapitre 34 :

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Pourtant je me sens mal. Et complètement vide. Je n'ai jamais laissé un garçon m'approcher à ce point. Je n'aurais jamais dû faire exception. Je n'aurais jamais dû y croire. Je n'aurais jamais dû espérer.

Le reste de la journée se passe au même rythme. Il continu à s'asseoir à côté de moi mais c'est comme s'il ne me connaissait pas. Comme si ces six moi n'avaient jamais existé. Je vais simplement où mes jambes me mènent sans y réfléchir. C'est comme si je n'étais que l'ombre de moi même. Un rire mauvais franchis la barrière de mes lèvres, c'est lui que me disait ça non ? Quelle connerie.

J'espère encore qu'il va rentrer ce soir et me servir une excuse bidon. Qu'il essaie au moins de trouver. Mais bien sur non. Il ne remonte qu'après le dîner et fait comme si je n'étais pas là. Je n'essaie pas de lui parler. Ce n'est pas à moi de le faire. Je suis déjà étonnée qu'il soit là. J'aurais presque pu parier qu'il dormirait je ne sais où. Partout sauf ici à vrai dire.

Je vais comme d'habitude prendre ma douche, il y va juste après moi. Lorsqu'il sort, je suis allongée sur mon lit un livre à la main. Je ne relève pas la tête mais suis forcée de le faire quand il m'arrache mon livre des mains. Il se tient à côté de moi, avec simplement une serviette autour de la taille. Je fronce les sourcils. Il est bipolaire ou bien ?

- donnes.

Je ne prends même pas la peine de faire une phrase. A quoi bon ?

- demandé si gentiment je suis obligé de dire non.

Je rigole sans pouvoir m'en empêcher.

- oui allez ta gueule et donne moi ça.

- oula. mauvaise journée ?

Je me lève et lui arrache des mains MON livre. Un sourire en coin né au coin de sa bouche. Je me rassois rapidement, toujours sous son regard qui suit le moindre de mes mouvements.

- depuis quand tu me parles si mal ?

Je me relève violemment et me plante juste devant lui.

- je crois que je n'ai pas été assez clair tout à l'heure. ne me parle plus. on cohabite, et encore c'est un grand mot, mais c'est tout. rien d'autre. je n'ai plus rien à faire avec toi.

Sans j'ai le temps de m'en rendre compte, il me plaque contre le mur et appui sur mon buste pour que je ne parte pas.

- c'est toi qui t'en prends à moi ? tu te fous vraiment de ma gueule.

- pardon ? qui de nous deux a explosé le téléphone de l'autre dès le matin avant d'aller faire je ne sais quoi avec je ne sais qui ?

- TU n'aurais pas fait comme tu dis je ne sais quoi avec je ne sais qui, rien de tout cela ne serait arrivé.

- mais de quoi tu me parles ? et puis merde Payton habille toi.

Il me plaque son téléphone sur la poitrine avant de retourner dans la salle de bain. Il est déverrouillé, affichant une photo. Une photo de-. Bordel de merde ! Moi avec Alexis. Je crois que je vais dégueuler. D'autant plus que je reconnais la photo. Elle a été prise dans notre jardin, chez moi. Et ce n'est pas Alexis sur la photo mais ma mère. Je me souviens très bien que c'était peu de temps avant mon départ. Mon père a absolument insisté pour immortaliser ce moment.

Payton a apparemment reçu cette photo dans la nuit. S'il s'est réveillé après, il l'avait déjà vu au réveil. Il ressort de la salle de bain et me regarde. Avec tellement de haine. Je lui tends timidement son téléphone puis le mien. Qui affiche la vrai photo.

- c'est quoi ça ?

- la vrai photo.

Il compare les deux avant de me regarder. Je crois que c'est pire que tout. Lui m'a trompé en pensant que je l'avais fait. Mais non. Alors que lui si.

Son regard change rapidement. Espèce de connard qu'il est. Je lui arrache avec hargne mon téléphone. Et me rasseois. Comme si de rien était.

- June.

Ah parce qu'en plus il pense que je vais faire comme si de rien était ? Il est complètement malade.

- June s'il te plai-

- non ferme ta gueule. ferme moi bien ta gueule Payton. alors quoi ? tu te rends compte que je n'ai rien fait donc tu veux revenir ? ça ne marche pas comme ça. encore si tu étais venu gentiment me demander des explications, on aurait sûrement pu régler cette histoire en cinq minutes. mais non tu as préféré courir vers tes anciennes habitudes. alors tu sais quoi ? retourne y. ça a l'air de t'avoir manqué. vu la rapidité à laquelle tu t'y es précipité.

- June je te jure que-

- BORDEL MAIS QU'EST-CE QUE TU NE COMPRENDS PAS DANS FERME TA GUEULE ?

Et pour la première fois, je vois Payton avoir un mouvement de recul. Pas de peur. Plus de surprise. Ou peut-être les deux. Mais qu'importe. Il s'assoit au pied de mon lit et attend. Je ne sais pas quoi mais toujours est-il qu'il attend. J'espère pour lui qu'il n'espère pas que je lui dise de finir sa phrase parce que je ne le ferai pas.

- donc c'est vraiment fini ?

Est-ce que c'est vraiment fini ? Comme si j'avais le choix. Je pose mon regard sur lui, Payton est sur le point de pleurer. Et merde.

- ça ne sert à rien de se poser la question. il c'est passé ce qu'il devait ce passer point. il n'y a pas douze milles solutions.

- non juste deux ça suffira.

Et il arrive encore à faire de l'humour. Finalement il n'est peut-être pas tant que ça sur le point de pleurer.

- tu ne pourras pas me pardonner ? pas même dans trois ans ?

Ne parlons du fait qu'il n'y a pas de "dans trois ans" dans mon cas.

- tu l'aurais fait si la photo avait été réelle ?

- probablement pas.

- la preuve que non.

Il cherche à planter son regard dans le mien, ce que j'évite depuis le début de cette discussion. Qui ne va mener à rien d'ailleurs.

- c'était qui ?

La question est sortie toute seule.

- qui quoi ?

- ce matin. c'était qui la fille.

Il me fixe mais ne répond rien.

- à quoi ça va te servir de savoir ?

- juste à savoir si je dois vraiment t'éviter ou pas.

- c'est-à-dire ?

- c'est-à-dire que si c'est Jude je crois que je préfère encore me crever les yeux.

- je te rappelle qu'on a couché ensemble alors que le faisait encore avec elle.

Je lui lance un regard noir. Il se fou de ma gueule en plus. Comme si c'était la meilleure solution là maintenant.

- pas maintenant Payton tu veux.

En attendant il n'a pas répondu à ma question.

- donc j'en déduis que c'était Jude.

Il baisse la tête mais toujours aucun song ne sort de sa bouche. Bon. Je crois que j'ai ma réponse.

Je pose mon livre et mon téléphone et m'allonge, passant mes jambes derrière lui. Sans le toucher. Je tends le bras pour éteindre la lumière et appuie sur l'interrupteur.

Malheureusement, je ne le sens pas bouger. Moi qui pensais qu'il irait tranquillement dormir. Je pense que je peux toujours rêver et attendre.

Bon tant pis. Je ferme les yeux et espère beaucoup trop fortement que tout ça ne soit qu'un cauchemar. Et que demain tout sera redevenu comme avant. Sans qu'il ne ce soit rien passé.

neuf mois pour vivre / mourirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant