Un nouveau monde...

90 12 28
                                    

         


              Elle glissa son doigt sur la boule transparente, à la fois excitée et nerveuse. Faisait- elle le bon choix? se répétait-elle craintive.

Un visage apparut dans la bulle.

- Ficaire! lança-t-elle aussitôt à la vue de l'Elfe. Dois-je vraiment partir?

- Je te rappelle que tu ne te sens pas bien ici et que c'est toi qui a insisté pour partir, lui remémora-t-il.

Il avait raison! Depuis toute petite, elle avait développé une grande passion pour les animaux. Malheureusement, ce n'était pas du goût de ses parents, le roi et la reine de ce monde, et de son peuple, qui méprisaient à un haut point tout ce qui se rapportait à la faune. Quand ses parents avaient découvert son grand amour pour ces créatures, ils en avaient tellement été répugnés qu'immédiatement, ils lui avaient fait subir des choses affreuses pour lui faire passer l'envie de recommencer. Ou ils lui hurlaient des phrases comme: « Tu nous déçois, Mille-feuille! Tu nous fais honte! Pour la prochaine reine de ce monde, tu nous déshonores!»

Le monde des Fées et des Elfes, conçu pour aider les plantes ou tout ce qui se rapportait à la flore, ne pouvait pas supporter les animaux, il lui vouait une grande haine. Alors, les parents de Mille-feuille rabâchaient sans cesse à leur fille: « Tu sais parfaitement que les fleurs et les animaux ne sont pas fait pour s'entendre! », ce qui l'agaçait énormément.

Malgré cela, sa passion pour les animaux ne cessait de l'accaparer de plus en plus, de jour en jour. Et pour elle, ce fut insupportable, elle n'arrivait pas à la renier.

Voilà pourquoi elle devait partir, c'en était trop!

- Tu as raison, Ficaire, admit-elle. Prépare-toi, éteins ton flamboportable et on se rejoint à la Roseraie des Adieux, OK.

Il acquiesça et ils éteignirent leurs flamboportables. Après avoir réuni toutes ses affaires, Mille-feuille se hâta de sortir. Elle ouvrit la porte silencieusement et passa la tête dans l'embrasure, prudemment. A cette heure-ci, le palais dormait. Elle avança à pas feutrés dans la pénombre et fonça brusquement sur Bleuet. Il la regarda perplexe et s'ensuivit:

- Tu vas où?

Elle posa son doigt sur sa bouche pour le faire taire.

- Je pars, répondit-elle n'osant le regarder dans les yeux.

- Tu pars où? enchaîna-t-il à voix basse.

Elle demeura un instant silencieuse et finit par déclarer dans un soupir.

- Construire un monde qui vient en aide aux animaux.

- Non mais tu es folle! s'écria-t-il.

- Chuttt!!! fit-elle aussitôt.

- Tu veux venir? lui proposa-t-elle d'une toute petite voix teintée d'un désir ardent même si elle savait pertinemment que son frère refuserait catégoriquement.

- Plutôt mourir que de vivre dans un monde qui aide les animaux! rétorqua-t-il.

Ces paroles furent l'effet d'un coup de poignard pour Mille-feuille. Elle savait qu'il refuserait mais elle n'imaginait pas que c'était au point de sacrifier sa vie. Ses yeux lui piquaient maintenant, elle papillonna des paupières pour retenir ses larmes.

Elle n'essayait même pas de le convaincre, ça n'aurait été qu'une perte de temps.

- OK, laisse moi passer au moins! se rembrunit- elle.

- Je sais pas, tu te rends compte de ce que tu vas faire? C'est une trahison pour tout le peuple et moi, ta famille.

Un cri de bébé retentit soudainement dans la salle voisine.

- Tiens va t'occuper de ton protégé, Plox, et laisse moi passer!

Sans même attendre qu'il obtempère, elle le bouscula et se mit à courir sans bruit vers la sortie et s'élança dans les airs refoulant ses larmes. Elle approcha de la Roseraie des Adieux, puis se posa. Elle cria le nom de Ficaire et le vit derrière une grande haie recouverte de roses blanches.

- Je suis là.

La Fée se précipita sur lui.

- Tu es prête? demanda Ficaire.

- Il faut juste que je fasse quelque chose avant.

Sur ce, elle prit dans ses mains ses ailes et sans hésitation se les arracha. Elle étouffa un hurlement qui sortit en un faible gémissement. Ficaire la regardait surpris. Avant, qu'il ne puisse lui faire part de ses questions, Mille-feuille prit les devants.

- Nous volerons sans ailes, décréta-t-elle.

L'Elfe ne protesta pas et ne trouva pas son idée insensée. Il trouvait que voler avec des ailes était beaucoup trop encombrant, alors pourquoi pas un peu de légèreté?

Il approuva d'un petit sourire et songea à faire pareil.

- Et pourquoi pas appeler les Fées; les Pretty Small Enchantress et les Elfes; les Pretty Little Enchanting? PSE et PLE! poursuivit-elle les bras en l'air comme si elle venait de trouver l'idée du siècle. Et nous on serait l'Enchanteresse et l'Enchanteur!

Les propositions de Mille-feuille faisaient de plus en plus rêver Ficaire et pour lui montrer sa totale approbation, il l'embrassa passionnément.

Se décollant, Mille-feuille s'exclama, les yeux étincelant:

- Springflow! Voilà le nom que portera notre monde. Ce sera un clin d'œil au monde de notre enfance.

Sur ces belles paroles, un monde venait d'être créé, un monde qui aiderait les animaux; Springflow...

[ EN PAUSE]La chute du Honey TransformOù les histoires vivent. Découvrez maintenant