Chapitre 5-Étincelle-Part3

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Mais une voix me tira de ce flash-back, en me secouant frénétiquement.

- Hé oh, hurla la voix. Ça va ?

Le garçon était penché sur moi, il me suppliait d'ouvrir les yeux. Je m'exécutai et levai les paupières.

Le garçon paniquait, il avait des cheveux très sombres et des oreilles qui rebiquaient légèrement, ses yeux étaient d'un profond noir et une pointe de tristesse s'y lisait. Une impression de sympathie se lisait sur son visage.

Je me relevai d'abord abasourdie puis reprenant conscience de ce qui venait de se passer, je frémis jusqu'au bout de mes pieds.

- J'ai failli mourir, me rappelai-je. Jamais jusqu'à ce jour, je n'avais pensé que je pouvais mourir. C'est un sujet très délicat !

Le garçon se mit à rire.

- Mourir, c'est possible mais en vélo ça m'étonnerait ! Sauf si on faisait du vélo sur le bord d'une falaise et qu'on tombait dans le vide, là je pense en effet qu'on aurait aucune chance de survivre.

- Sauf si..., je me retins de dire « Sauf si on se mettait à voler » mais je me souvins que les humains ne volaient pas.

Le garçon me regardait impatient d'attendre la fin de ma phrase.

- Sauf si quoi ?

- Sauf si...on...ne s'approche pas du bord, improvisai-je.

Je ris jaune et il fit une moue dubitative.

- Je pense que je ne vais pas te demander ce que tu faisais puisque je t'ai vue à l'œuvre !

Je rougis.

- Je n'ai jamais fait de vélo de ma vie. J'ai emprunté le vélo à une dame mais j'ai oublié de lui demander comment en faire. Alors, je me suis dit qu'il fallait peut-être s'asseoir là-dessus, expliquai-je en tapotant la selle. Et j'ai compris comment en faire, mais pour m'arrêter, eh bien, je crois que tu m'as vue !

Il toussota et leva les yeux au ciel.

- C'est drôle mais j'ai l'impression que tu veux que je t'apprenne à faire du vélo, dit-il d'un ton légèrement moqueur.

- Ah oui, c'est drôle parce que jusqu'ici, j'ai à peu près réussi à me débrouiller toute seule, pris-je la mouche.

- Il y a quelques secondes, tu me disais le contraire, rétorqua-t-il.

Il fit un large sourire et j'aperçus toutes ses dents blanches. Avant que je ne refuse de nouveau, il rentra dans la cour de l'hôtel et se dirigea vers le garage.

Je courus pour le rattraper. Il était déjà rentré et fouillait dans le bazar empilé.

- Où sont les casques ? m'interrogea-t-il en regardant partout.

- Ce garage n'est pas à moi et qu'est-ce qu'un casque ? osai-je demander.

Il fut surpris de cette question et ricana.

- Un casque ? Benh voyons ! Tu me prends pour le dernier des imbéciles ? se moqua-t-il.

- Je t'ai déjà dit que je n'ai jamais fait de vélo avant aujourd'hui. Alors, oui un casque, je ne sais pas ce que c'est !

Il entrouvrit la bouche pour riposter mais il s'abstint et se renfrogna. Il se remit à fouiller dans le bazar et brandit tout satisfait un objet ovale. Il me l'enfonça sur le crâne et clipsa les attaches.

- Avant de faire du vélo, il faut se protéger, déclara-t-il. Je ne sais pas ce qui pourrait t'arriver de pire mais il vaut mieux te protéger.

Il sortit du garage et je n'osai pas lui demander si c'était un casque puisque c'était ce qu'il avait trouvé et je ne voulais pas l'énerver de nouveau.

Je montai sur le vélo et pédalai. Je pris encore de la vitesse et criai :

- Comment on s'arrête ?

- Appuie sur le derrière du guidon, répondit-il.

- C'est quoi un guidon ? paniquai-je, une nouvelle fois.

Le garçon se mit à courir derrière le vélo, il accéléra le pas et vint à mon niveau puis attrapa les barres de devant qui devaient être le guidon. Le vélo s'arrêta brusquement et le garçon tomba lourdement sur le sol. Je descendis et l'aidai à se relever.

- Je sais maintenant comment on fait du vélo et comment on l'arrête, fis-je ironiquement.

- Apprendre à faire du vélo à une inconnue, c'est fait, enchaîna-t-il en dépoussiérant son jean bleu ciel.

- Je crois que pour aujourd'hui je vais me contenter de marcher, me raisonnai-je.

Il éclata de rire.

Avec la folle course du vélo, on avait dû arriver à plusieurs mètres de l'hôtel. Je lui demandai d'attendre le temps que j'aille, vite fait, le ramener au garage.

Je le déposai ainsi que le casque et retrouvée rapidement l'inconnu.

Nous marchâmes en cadence, tranquillement.

- Tu t'appelles comment au fait ? le questionnai-je, maudissant mon impolitesse de ne pas lui avoir demandé plus tôt.

- Aram et toi ?

- Seira Fushia.

À ces mots, il changea d'attitude comme s'il venait de reconnaître quelqu'un qu'il n'avait jamais vu mais juste entendu parlé puis grimaça et se ressaisit.

- Tu dois être en 2nd, non ?

- Oui.

- Moi, je suis en 1ère.

Après ça, un malaise s'installa entre nous, ainsi qu'un lourd silence.

De temps à autre, je le regardais en coin, il marchait la tête haute, le regard rivé devant lui. Je ne savais pas si c'était moi mais j'avais l'impression qu'il se sentait déboussolé, comme si lui aussi était nouveau et qu'il semblait perdu au milieu de ce monde. Je tentai timidement de lui demander s'il avait toujours vécu là.

- En fait, je crois que...balbutia-t-il. Non, en fait oui. Oui j'ai toujours vécu là.

Il avait l'air perdu mais là ma question l'avait anéanti. Je posai ma main sur son épaule.

- Ne t'inquiète pas ! Ne te sens pas obligé de m'en parler, je comprends tout à fait, le rassurai-je.

Je sentis, qu'il se décontracta à mes paroles.

- Et toi, tu n'es pas d'ici, n'est-ce pas ? dit-il afin de détourner le sujet.

- Hum...non c'est exact, je viens d'arriver il y a quelques jours.

- Ah! Tu étais où avant ?

Si je lui disais à Springflow, il me demanderait où c'était et j'avais l'interdiction formelle de parler à quiconque de qui j'étais et d'où je venais. Même si je ne savais pas pourquoi, je sentais en lui une grande confiance.

Je fus sauvée par le lycée qui se tenait devant nous, les portes de nouveau fermées comme la dernière fois.

- Quand les portes sont fermées, ici, ça signifie quoi ? voulais-je savoir sachant quand même que ce n'était pas non plus bon signe.

Aram regarda sa montre et fit une drôle de grimace.

- Qu'on est en retard, répliqua-t-il.

Il prit la carte d'accès et l'inséra dans le lecteur qui l'avala et clignota rouge avant de la rejeter.

Nous entrâmes dans le bâtiment et nous allâmes chercher des billets d'absence, comme ils disent.

Lorsque nous ressortîmes pour regagner nos classes respectives, Aram me prit le bras.

- J'espère que l'on se reverra, dit-il.

Je hochai la tête et il me lâcha.

Cette matinée avait été dure en émotion, j'espérais que les surprises se calmeraient.

Il fallait croire que ce garçon était le deuxième ami que je m'étais fait depuis mon arrivée !

[ EN PAUSE]La chute du Honey TransformOù les histoires vivent. Découvrez maintenant