Chapitre 3 -Étincelle-Part3

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Je descendis l'échelle en bois sur lequel s'enroulait des plantes grimpantes.

Aussitôt, une brise légère se déposa sur mon corps et mes muscles se décontractèrent, ils ne pesaient plus rien. J'eus l'impression de m'envoler comme une feuille balayée par le vent.

A ce contact, je sus que j'avais pénétré dans l'antre du ruisseau, qui était joliment décoré d'une ronce aux roses blanches.

Au moment où j'esquivai cette plante diabolique, la beauté du ruisseau m'éblouit.

Le levé du soleil, accompagné de quelques oiseaux aux chants mélodieux, m'imprégnait d'une sensation de douceur chaleureuse. Le ruisseau s'écoulait doucement parsemé du reflet du soleil. Les scintillements dorés dans l'eau bleue étaient accompagnés de petits rochers qui prenaient eux aussi la couleur du soleil.

Je n'avais jamais vu ce spectacle au couleur si douce ! Pourtant, j'étais déjà venue ici !

Je pris ma place habituelle, à côté des plantes aux fleurs agréablement parfumées. Je m'assis en tailleur dans l'herbe fraîche de la rosée du matin, tout près de l'eau. Le courant se fit plus rapide en ma présence. Rapide mais non violent.

A chaque seconde, un filet d'eau venait chatouiller mes pieds.

Je fermai les yeux et mes émotions, mes pensées, mes sentiments, mes angoisses se dissipèrent aussitôt, laissant place à un calme apaisant et revigorant.

Cette sensation de calme et de sérénité émanait des ondes magiques de l'eau. Elle redonnait courage et confiance, tout comme le fait d'entendre la douce voix de Deutzia.

L'eau du ruisseau flamboyant servait à réparer les esprits torturés par les anxiétés pesantes mais servait aussi à abreuver une partie des animaux et des habitants de Springflow.

Des secondes, des minutes, des heures et peut-être des jours passèrent ainsi à me concentrer sur rien d'autre que ma conscience.

Soudain, un bruit me fit tressaillir, me ramenant lourdement au moment présent. J'entrouvris un œil et découvris Rochelle devant moi, soulagée de me voir. Je m'apprêtai à me lever mais elle me fit signe de rester assise. J'obtempérai et elle vint s'agenouiller à côté de moi.

Le ruisseau étincelant du soleil couleur aube avait laissé place à une eau bien transparente. Je constatai donc que la matinée était avancée.

- Tu sais que tout le monde t'attend au Temple des Chemins, commença-t-elle les yeux perdus dans la petite étendue d'eau.

Dommage qu'elle ne soit venue que maintenant. Elle avait raté la beauté du ruisseau pendant le lever du soleil !

- Quand je suis arrivée là-bas, tout le monde te cherchait alors je suis allée chez toi, mais tu n'y étais pas non plus. De plus, comme tu avais pris tes bagages et laissé un mot, j'ai cru que tu étais déjà partie pensant que tu trouverai ça trop humiliant de nous revoir. J'ai donc paniqué à l'idée que tu aies quitté Springflow avant de nous faire tes adieux. Et je suis tombée sur une photo de toi et Deutzia, alors je me suis rappelée que quand tu étais stressée tu venais ici. Donc, j'ai couru chez Deutzia pour lui demander si tu étais là. Elle m'a répondu que tu étais au ruisseau flamboyant pour te ressourcer. Et me voilà, m'expliqua-t-elle.

Elle me regarda puis fit une mine déconfite croyant que je ne l'avais pas prise au sérieux.

- Désolée, je me suis laissée emporter, je n'aurais pas dû te sauter dessus et te dire que j'étais angoissé pour toi. Alors que tu ne m'a peut-être toujours pas pardonné...

Je soupirai. Rochelle toujours la même !

- Rochelle ! Rochelle !

- ... Et peut-être que je finirai à travailler avec Noirac pour trahison. Oh, non malheur !

- Rochelle ! ordonnai-je.

Elle daigna enfin se taire.

- Quoi ? fit-elle intimidée.

- Tu ne m'as pas laissé en placer une. Comment veux-tu que je te dise si je vais bien ou si je t'ai pardonné ? lui rappelai-je.

- Euh... oui... C'est vrai, admit-elle.

Même les ondes magiques de paisibilité du ruisseau flamboyant ne semblaient pas la calmer. Incroyable !

- Quand tu m'a traînée de force chez l'Enchanteresse, j'ai senti une colère inconnue bouillonner en moi, une sorte de réaction envers les trahisons, sans doute ! Je t'en voulais énormément et je t'en veux encore un peu...

- Oui je sais et..., me coupa-t-elle.

- Tu vas me laisser finir, oui ! m'exaspérai-je. Je sais, que tu as fais ça parce que j'ai mal agi et que l'avenir de notre monde est en péril maintenant qu'un ennemi est en possession d'un poison qui peut tous nous tuer. Mais, je n'ai pas pu m'empêcher de ressentir de la trahison. Je viens de faire ma méditation et maintenant je vais mieux. Passons à autre chose, OK.

Rochelle se pinça la lèvre inférieure et se frappa la tête de sa main : elle venait s'en doute de se souvenir de quelque chose ?

Elle me tira par le bras et se mit à courir. Évidemment, moi sur ses pas puisqu'elle me tenait.

Pourquoi venait-elle de se mettre à courir brutalement ?

Nous allâmes comme des folles, jusqu'au sofleur de Deutzia, qui nous regardait interloquée.

Elle avait dit qu'elle viendrait me faire ses aux revoirs après s'être habillée.

Alors que nous traversions les épineux sapins aux larges feuillages qui délimitaient la fin de la forêt, Rochelle prit son envol.

Nous survolâmes des prairies d'animaux broutant de l'herbe.

Je croyais que nous devions aller au Temple des Chemins parce que tout le monde m'attendait ? Pourquoi avions-nous donc quitté la forêt puisque le Temple se trouvait là-bas ?

Avant que mon cerveau ne soit assailli de questions sans réponses, nous arrivâmes au- dessus d'un sentier caché derrière toutes ces prairies. Nous nous posâmes sur le sol et nous prîmes le chemin qui débouchait sur le sofleur de Sautellerina.

- Bon sang ! Peux-tu enfin m'expliquer pourquoi tu es partie si soudainement et que l'on se retrouve devant le sofleur de la voyante au lieu d'être au Temple ? crachai-je lassée de son étrange comportement.

Elle arrêta sa marche pour me regarder, encore stupide d'avoir agi sans explications.

- Excuse-moi de ne t'avoir rien dit. J'étais tellement stressée que tu t'en ailles que j'ai complètement oublié de te dire que Sautellerina était passée au Temple des Chemins. Comme tout le monde t'attendait et que tu ne venais pas, elle est rentrée. Prétendant, qu'elle n'était plus toute jeune et qu'au fil des années sa patience avait diminué. Elle a ajouté qu'elle voulait absolument te voir pour te faire savoir des choses sur les humains. Elle m'a fait comprendre que si tu n'étais pas venue, tu n'aurais pas réuni les informations à temps. Va comprendre ce que ça veut dire ? exposa-t-elle. Puis d'un coup, cela m'est revenue et je suis partie sans réfléchir.

Je brûlai d'ajouter « Comme d'habitude ! » mais je me contentai d'un « C'est pas vrai ! », excédée.

Elle frappa à la porte du sofleur vert de Sautellerina qui ne comportait pas de terrasse.

On entendit à l'intérieur une voix rauque qui maugréait.

Lorsque la porte s'ouvrit , Rochelle s'envola en me criant « Je te laisse. Tu me rejoins après. »


[ EN PAUSE]La chute du Honey TransformOù les histoires vivent. Découvrez maintenant