Chapitre 1 - Aram-Part1

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                      Aucune envie de faire un pas de plus dans cette vie oppressante. Les seuls efforts que je pouvais consacrer étaient pour aller me reposer dans mon lit et faire une bonne nuit de sommeil.

Je montai à peine les premières marches de l'escalier, qu'Isabelle, ma tutrice, s'écria :

- Aram ! Pourquoi, tu vas au lit à cette heure-là ? D'habitude, tu préfères glandouiller jusqu'à pas d'heure dans le canapé en mangeant des pizzas.

- J'ai le droit de me coucher à 22 heures, si je veux ! ripostai-je sèchement.

Théoriquement, elle ne s'inquiétait jamais pour moi et là juste parce que j'avais une petite fatigue passagère, elle en faisait toute une sérénade. Je pariai que sa petite remarque n'était qu'une moquerie.

Elle fronça les sourcils avant de tourner sur elle-même dans un mouvement disgracieux, ne s'attardant pas.

Une fois dans ma chambre, je m'avachis dans mon lit, épuisé pour regarder mes tous derniers messages.

J'en avais reçu un de mon ami Kirane.

« On commence par quel cours demain ? »

Je tapai vite fait, exténué par la tête en l'air de mon ami. « Regarde sur ton emploi du temps!»

Puis, j'éteignis mon portable et fis pareille pour ma lampe de chevet.

Je m'endormis immédiatement comme un bébé.

Un cri de corbeau strident, suivi d'un claquement de fenêtre, me réveilla en sursaut, en pleine nuit. Sautant du lit, je découvris ma fenêtre entrebâillée. Je posai une main sur ma poitrine essayant de calmer mon cœur qui battait à tout rompre.

J'étais pourtant sûr d'avoir fermé la fenêtre ! J'ai dû oublier, j'étais tellement fatigué.

Me rallongeant de nouveau, sur mes gardes, je sentis ma gorge s'assécher. Puis, je pris le verre d'eau posé sur ma table de chevet. Je l'engloutis rapidement. Un goût amer s'étala sur ma langue et je déglutis frénétiquement, avant de me rallonger.

J'étais tellement épuisé que je n'avais pas remarqué que l'eau était jaunâtre.

Un léger picotement tourbillonnait dans ma tête toute endolorie. Je me levai de mon lit, encore ensommeillé, avec la motivation d'aller au lycée au ras des chaussettes. La tête « dans le pâté », je me cognai dans le mur du couloir directement après avoir quitté ma chambre. Je grognai et traînai des pieds jusqu'à la cuisine.

Mes yeux s'attardèrent sur le bacon fumant posé sur la table, qu'Isabelle s'était préparée. Mon ventre cria famine et je ne pus résister à en prendre une bouchée.

J'approchai ma main du bacon mais des doigts glacés me saisirent le poignet.

- Qui t'as dis que c'était pour toi ? asséna Isabelle pendant que j'essayai de me dégager de son emprise. Je suis juste allée au toilettes et toi tu en profites pour me prendre mon bacon !

Ses cheveux blonds, bouclés jusqu'aux épaules, s'agitaient au fur et à mesure que sa colère s'intensifiait.

- Tu croyais franchement que j'allais consacrer une minute de ma vie pour te cuire un petit déjeuner, souffla-t-elle de son haleine mentholée. Aram, tu vois, tu me déçois, depuis le temps que l'on habite ensemble . L'effort que j'ai fait, en acceptant que tu vives sous mon toit pour que tu restes en vie. Et c'est comme ça que tu me remercies : en me volant mon petit déjeuner ! Te souviens tu du jour où je me suis occupée de toi ?

Elle détourna le regard et fixa un rouge-gorge qui sautillait à la recherche de nourriture.

Je refusais de répondre à sa question évidente.

Bien sûr que non, elle ne m'aimait pas et bien sûr que non, elle ne s'était jamais occupée de moi !

Au premier abord, on pourrait penser que c'était juste une tutrice qui ne savait pas exprimer ses émotions... mais bien au contraire, elle les exprimait très bien.

Je me souvenais que lorsque je lui demandais des câlins, petit, elle me répondait :

« Franchement, tu me vois te faire un câlin ? Avec tes bras tout morveux, ta figure trempégnée... Franchement ? Et tu le sais que je ne t'aime pas. J'ai beau te le répéter, je ne s-u-i-s p-a-s t-a m-è-r-e ! Comprends, tu ça ?! »

Pleurant à chaudes larmes, je partais en courant, sans savoir ce que c'était de serrer quelqu'un contre soi et de se dire des mots doux. Avec Kirane aussi, c'était de petites accolades bourrues, jamais de câlins plus profonds. En plus, c'était mal vu que des garçons se câlinent.

Dites moi, pourquoi, nous les garçons nous n'aurions pas le droit de nous prendre dans les bras et les filles, oui, hein ? Tout ça, pour une façade de virilité, c'est ridicule. De toute manière, un jour, si on daignait me prendre dans les bras, je dirais oui, à qui que ce soit.

Au diable, les règles à la noix !

- Non, répondit-elle à ma place. Alors, pourquoi ça changerait aujourd'hui ?

Je ne voulais plus rester ici. La paresse d'aller au lycée disparut et laissa place à une envie pressante de quitter les lieux.

Je sortis donc avec le ventre vide.


[ EN PAUSE]La chute du Honey TransformOù les histoires vivent. Découvrez maintenant