Uniques

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09 Juin 2035.

Les mots ont à peine quitté mes lèvres que je les regrette déjà. Bien entendu, ce n'est pas un mensonge, mais mon cerveau réalise qu'ils n'ont plus la même saveur, la même puissance qu'avant. Ils ont un goût de nostalgie, de mélancolie, de passé...

Comme je le craignais, le regard d'Ady me prouve qu'il espère bien trop de cette déclaration. J'aurais dû me taire. Ou peut-être pas. Nous sommes là pour mettre les choses au clair et ça passe aussi par mettre des mots sur nos sentiments.

— Je t'aime encore, répété-je sur un ton plus neutre. C'est vrai. Je ne peux pas le nier. Comme mon premier amour, mais ça ne suffit pas.

Plus mes phrases défilent, plus le regard d'Ady s'éteint. Même si ça me fait de la peine de le voir ainsi, je me dois d'être honnête.

— Et je pense que c'est pareil pour toi. Sinon tu ne m'aurais pas dit que tu vivais très bien ton histoire de trouple et que la seule chose qui t'ait fait changer d'avis, c'est de me voir avec un autre.

Je tapote sa main avant de la retirer. Je soupire en passant mon index sous mon œil, mais il n'y a aucune larme à essuyer. Je suis peiné. Ce que je suis en train de faire n'est pas agréable, mais contrairement à ce que j'aurais pu imaginer il y a quelques mois, je ne suis pas brisé.

— Tu ne m'aimes plus comme avant. Tu es juste jaloux et possessif. Tu ne supportes pas que je sois avec un autre, que je puisse être heureux grâce à quelqu'un d'autre.

Je fais un pas en arrière et observe ses épaules s'affaisser. Quelques gouttes salées dévalent en silence ses joues. Je penche la tête sur le côté. Malgré tout, je n'aime pas le voir ainsi. Pas le Ady que j'ai toujours à l'esprit. Ce puissant jeune homme, déterminé.

— Mais ça, ce n'est pas de l'amour, terminé-je.

— Tu te trompes. Nous nous aimons, alors ça ne peut pas finir ainsi.

Sa voix se casse à cause de ses pleurs. Il met une main devant sa bouche. Même pendant nos pires moments l'année dernière, Ady n'a jamais été dans cet état.

— Tu dis ça parce que je t'ai blessé et que tu veux me le faire payer...

Mes yeux s'écarquillent à cette déclaration. Je suis outré.

— Absolument pas !

Mes sourcils se froncent et d'un ton triste, je lui explique :

— Je t'ai attendu des mois. Espéré tellement de fois que tu te pointes à ma porte...

Je lève les yeux au ciel pour tenter d'empêcher les larmes de couler. Elles ont fini par rappliquer celles-là.

— Je pensais que... je sais pas. J'imaginais que c'était la seule chose au monde qui pourrait me rendre à nouveau heureux, continué-je sans savoir ce que je fabrique. Te voir ici, pouvoir te prendre dans mes bras, te parler, te toucher, entendre ta voix...

Je prends appui sur le meuble devant moi et baisse la tête pour ne pas voir Ady. Je cherche mes mots. Je n'ai jamais su faire. M'exprimer autrement qu'avec la danse est une véritable torture. Ça finit souvent mal.

— Dae...

— Laisse-moi finir, le coupé-je. S'il te plaît.

J'ignore d'où ce courage me vient depuis tout à l'heure, mais il est bien là. Il coule dans mes veines et je dois en faire bon usage. Je renifle à nouveau et reprends la parole :

— Mais aujourd'hui, te découvrir derrière cette porte...

Je relève la tête et plonge mon regard dans le sien en lui affirmant :

nothing like us. - idy 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant