Possessif

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Alec terminait son bandage. Président Miaou n'appréciait pas du tout que le libraire rencontre l'enquêteur Underhill, et il le lui avait fait savoir sans ménagement. Après avoir réussi à le détrôner de sa chevelure, le chat avait délibérément fait un carnage dans la cuisine. Le fauve, qui miaulait son mécontentement, s'était facilement introduit dans l'armoire contenant la poubelle et, avec acharnement, détruit le sac de déchets. Ne pouvant pas arrêter l'animal parce qu'il rinçait sa main ensanglantée sous l'eau, le jeune homme n'avait pu qu'assister, impuissant, à la destruction du pauvre contenant de plastique. Ne voulant pas contaminer sa main, il s'était rué vers la trousse de secours qui se trouvait dans la salle de bain.

Une fois soigné, le libraire s'agenouilla pour ramasser les dégâts causés par son chat. Un emballage attira son attention et c'est ce qui le fit définitivement craquer. Camille avait laissé sa trace, derrière elle, en disposant du papier de l'une de ses fameuses barres. Une larme glissa tristement sur sa joue pour atterrir sur son genou. Pourquoi n'était-il pas capable de rester de marbre quand il songeait à elle et Magnus? Ils avaient pourtant un caractère des plus exécrable depuis qu'ils partageaient le corps de la paramédic. Ne se comprenant décidément pas, une autre larme suivit la première. La tension de tout son corps se relâcha et il s'effondra en appuyant son dos sur la cuisinière.

Heureusement, Robert avait amené Raphaël à l'étage afin de lui lire une histoire et de le préparer pour la nuit. Il fallait qu'il reste fort s'il ne voulait pas apeurer le jeune garçon qui avait réclamé sa maman pour le rituel du couché. Mais en cet instant précis, alors qu'il était seul, cela avait été plus fort que lui. Président Miaou était peut-être un sale petit diable, mais il le comprenait, au fond. Il n'aimait pas la tournure que prenait les événements avec l'officier. Il se devait de trouver une solution, sinon, il se retrouverait avec un bras en moins, le lendemain matin.

Soudain, la sonnette retentit, tout juste au dessus de lui, le faisant se crisper d'épouvante. Alec avait toujours détesté ce son strident. Après s'être remis du choc, le libraire regarda sa montre et découvrit qu'il y avait déjà une demi-heure que Underhill avait raccroché. Le visiteur ne pouvait être que lui. Aussitôt, il accourut pour lui ouvrir afin que le policier ne soit pas tenté de peser à nouveau sur le bouton du percutant mécanisme. C'est donc avec énergie qu'il ouvrit la porte et tomba nez à nez avec le blond.

— Ah! Entrez Andrew. Vous pouvez vous installer au salon. J'arrive dans une minute. Mon chat a fait tout un « relooking » à notre cuisine.

L'enquêteur approuva de la tête avec un sourire franc au visage.

— Je vois très bien ce que vous voulez dire, répondit l'homme qui entrait. Mon ancien patron se désolait sans arrêt des frasques fréquentes de ce que nous appelions tous, son karma. Une vraie petite peste qui trouvait toujours un moyen ingénieux pour le rendre fou. D'ailleurs, je crois bien que ce chat a finalement réussi, termina-t-il en éclatant de rire.

Bien qu'il ne voulait plus lui faire miroiter quoi que ce soit, Alexander ne pouvait qu'approuver les dires du policier. Un rire léger se détacha involontairement de sa gorge. Il était vrai que le vieux chinois semblait complètement à l'ouest. Un grondement sourd le sortit de sa pensée. Président Miaou faisait le dos rond, prêt à lui sauter au visage.

— Fais pas l'insulté, lui souffla-t-il. Tu le mérites amplement.

Le jeune homme termina de ramasser les ordures et osa prendre le félin qui semblait s'être calmé. Sagement, il rejoignit Underhill et prit place sur le siège qui n'était pas occupé, tout en flattant son animal.

— C'est étonnant, s'étouffa l'officier. Ce chat ressemble à Président Miaou.

— Il ne lui ressemble pas; c'est lui. Je n'entrerai pas dans les détails, mais c'est moi qui en ai hérité.

Le reflet du lion (Malec AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant