Chapitre 10: Choix forcé

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 La nuit qui suivit le repas, fut courte, mais distrayante. Chaque convive dormait dans une des chambres du palais, mais Cirseï bénéficiait de la suite spéciale. C'est en admirant des tableaux représentant des scènes historiques ainsi que des sculptures délicates qu'elle discuta avec Dex une grande partie de la nuit. La boule de poil, bien confortablement installée de l'autre côté du lit, s'était plainte des propos de Faerond, du peu d'explications fournies autour du diner, et de la souffrance éprouvée à les écouter manger tandis que son estomac criait famine. La zaïss s'en voulait de ne pas avoir pensé à subtiliser quelques denrées pour lui, jusqu'à ce qu'il sorte deux grosses patates cuites de son sac. Patates qui furent apparemment volées tandis qu'elle prenait un bain chaud. Il les dévora pendant que Cirseï s'enveloppait de couvertures douces et fraîches à côté de lui. Ils discutèrent un moment, mais elle s'endormit durant un long monologue traitant de la jouissance qu'apporte une paire d'ailes.

Les yeux clos et l'esprit emporté par les rêves, elle n'avait pu assister au regard affectueux que lui lança son acolyte avant de se lover au centre d'un coussin douillet. Pour lui, la magicienne reflétait une âme unique. Personne ne l'aurait traité comme elle l'avait fait depuis leur rencontre. À part peut-être... Une enfant. Oui, une âme pure et douce comme seule une enfant possédait. Un murmure l'atteignit tandis qu'il pensait cela ; "Protège-la".

Au petit matin, quelqu'un toqua à sa porte et lui annonça le départ imminent du Silver. Lui rappelant également que sa présence sur le port devait se faire avant la prochaine heure. Aussi rapide que l'éclair, Cirseï se lava, enfila sa tenue de cuir tout juste lavée, et maquilla le bas de ses yeux d'une sorte de craie noire et grasse. Puis, termina de se pomponner en appliquant une poudre d'un gris irisée de sa propre fabrication sur les paupières. Son reflet dans le miroir lui plut.

– Bon, fit Dex en sortant du bain chaud que Cirseï n'avait pas vidé pour qu'il puisse ainsi en profiter, j'imagine qu'il est temps pour moi de retourner à l'intérieur de ce fichu sac.

Sans lui accorder un regard, la magicienne acquiesça de la tête et enfonça un crochet, dont le bout retenait une émeraude sertie dans un losange d'or, dans son oreille droite avant de faire de même avec un second crochet à son oreille gauche.

– Cette pratique m'a toujours dégoûté, confia la boule de poil en s'essuyant le pelage contre une serviette posé sur une chaise. Souffrir pour mieux se parer, je ne comprendrais jamais.

– L'acte n'est pas plaisant, je le concède. Cependant. . . le résultat est séduisant, vous ne trouvez pas ? demanda Cirseï en se tournant vers lui, armé d'un sourire charmeur.

– Groumpf. . . Certes.

Il ne dit rien de plus, mais sa bouche trahissait son désire de s'exprimer. Cette dernière frétillait étrangement alors qu'il serrait les dents.

– N'ayez pas peur de vous exprimer avec moi, le rassura-t-elle, les yeux concentrés sur la créature. Vous aviez la langue bien pendue jusqu'ici, alors dites-moi.

– Bien ! Pourquoi partez-vous malgré l'horrible passé de ces gens ?! Ils ont massacré un royaume entier sur les dires d'un oracle corrompu ! Peut-être pas Aldaron, mais ses parents, son frère et une armée entière ! Et nous voilà en route pour sauver ces gens ? Ou ce qu'il en reste à cause de cette mystérieuse épidémie qui a suivi la prise de la cité. . .

Rien d'étonnant à sa réaction, elle-même s'était insurgée en lisant le récit de cette guerre éclair. Pourtant, elle voulait en avoir le cœur net. Elle arracherait la vérité de la bouche du frère du roi, s'il se trouvait encore en vie, et s'ils parvenaient à le trouver un jour. La vérité devait toujours triompher. Et pour être sûr de cette vérité, il fallait la chercher.

Cirseï l'exiléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant