– Je n'ai pas envie de sortir.
– Vous devriez prendre l'air, insista Rakan alors qu'il admirait sa tenue dans le miroir. Et j'ai besoin de marcher. J'ai beau me muscler le torse tous les jours, je dois aussi m'affiner. Je sais que vous vivez assez mal le départ de votre Castalmir, mais pensez-vous qu'il aimerait vous voir ainsi ?
– Il fait mauvais temps, rétorqua Yorda en collant son front contre les carreaux de sa fenêtre.
Une brume tenace envahissait ce côté des terres depuis des jours. On ne pouvait y voir clair à plus de cent pas. Elle recouvrait des nuages jusqu'au sol boueux. Ses infimes gouttelettes s'infiltraient partout, du bois, à la terre, jusqu'aux habits et aux cheveux. L'humidité qui régnait depuis lors commençait à devenir problématique.
– Aucune importance ! À quoi sert ma garde-robe si je ne peux pas l'exposer au grand jour ! Je vais faire un peu de marche, et vous venez. Il ne s'agissait pas d'une requête.
– Bien, dit-elle dans un soupire. La douleur semble me laisser un peu de répit ces derniers temps, j'accepte.
Ses parents avaient progressivement lâché du leste au fur et à mesure que Yorda vivait un peu mieux la séparation. Elle sortait moins, mais ne souffrait pas autant qu'avant. Chaque jour, le poids dans son estomac s'allégeait. L'amour devait probablement s'estomper, avec le temps tout disparaît.
Dehors, sans surprise, il brumait exagérément sur Norelas. Les claquements de sabot des chevaux raisonnaient de toute part. Tout un petit monde s'afférait anormalement dans les rues, comme excité par quelque chose. La météo n'inspirait pourtant aucune bonne humeur.
– Une fête se prépare ? demanda Yorda en se tournant vers son ami, tandis qu'ils marchaient sans but.
– En quelque sorte, répondit Rakan en se précipitant vers la vitrine d'une boutique de souliers.
Une bourrasque manqua de lui arracher la cape à capuche qui lui couvrait la tête. La princesse appuya une main sur son habit avant de grogner. Une réponse très évasive. Il lui cachait quelque chose, et elle n'aimait pas ça. En plus de cela, il la forçait à sortir quitte à ce qu'elle attrape un rhume. D'une simple pensée, sous sa cape, elle recouvrit son corps de son ombre. Le vent cessa aussitôt de geler ses os.
– Que pensez-vous de cette paire ? dit son ami en lui pointant des chaussures violettes démodées.
– Rakan, je n'ai pas envie de vous accompagner faire des emplettes. Vous savez que j'abhorre cette activité. Pourquoi m'avez-vous réellement traîné dehors ?
Les épaules du garçon s'affaissèrent.
– Je désire simplement me balader, ne soyez donc pas autant sur vos gardes, ma chère.
À ces mots, il continua d'avancer en bombant exagérément le torse et en adressant des sourires charmeurs à toutes personnes croisant son chemin. Progressivement, passant d'une ruelle à une autre, ils se retrouvèrent au port. C'est à cet endroit que la foule se concentrait. La dernière fois qu'elle avait vu autant de monde agglutiné au même endroit datait du départ des...
– Les elfes... chuchota Yorda pour elle-même. Les elfes !
Sans réfléchir, elle se précipita vers le grand bateau qui dépassait des têtes. Les excuses fusaient tandis qu'elle poussait une multitude d'épaules et de bras. Quant elle crut enfin émerger de la foule, son visage percuta mollement l'ombre volumineuse d'un des gardes qui contenait tant bien que mal la populace.
– On ne passe pas, sur ordre du roi, expliqua le garde en tournant la tête vers l'adolescente avant de réaliser son erreur. Oh, princesse ! Je suis confus, allez y !
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Cirseï l'exilée
FantasiCirseï, une jeune archimage remise ses rêves d'aventure et de voyage pour ne pas désobéir aux ordres; protéger l'île. Une île en paix depuis toujours, sans animation ou trouble aucun. Pourtant, une demande bien singulière vient apporter à cette jeu...