Autour de l'immense feu qui se consommait au centre de la fête, les habitants s'étaient reculés pour laisser de la place à la danse de fer. Deux seejaïs massifs se faisaient face, tous les deux armés d'une lance. Impossible de voir leur visage cependant, ils portaient des masques d'argile. Leurs pieds tapotaient le sol à une allure déconcertante, leur tête se balançait un coup à droite, un coup à gauche à chaque attaque. Les deux tas de muscle se frôlaient si près que Cirseï sentie son pouls s'accélérer sous la tension. Allaient-ils s'entretuer ? Le spectacle paraissait ne déranger qu'elle. Les autres les observaient avec intérêt, riaient, ou les acclamaient. Rien de tout cela ne lui plaisait.
Le combat continua bien une bonne demi-heure. Temps pendant lequel les deux combattants s'étaient à peine éraflés. Ils possédaient des réflexes surprenants, mais leur masse musculaire les ralentissait grandement. Soudain, Cirseï compris pourquoi ils les faisaient danser. Ils devaient se fatiguer assez pour que cela ne dure pas une éternité. Le premier à en montrer le signe périrait. Son sang se glaça. Son esprit ne désirait nullement revoir une boucherie, pas dans un but récréatif tout du moins.
Une main vint de nouveau s'arrêter sur la sienne. Une poignée de seconde seulement. Lastalaica venait de percevoir son trouble et attardait une œillade amicale à son égard.
– Ne vous inquiétez point, lui chuchota-t-il en approchant son visage de son oreille, il n'y a aucune mis à mort à venir. Détendez-vous et appréciez la performance.
Cirseï hocha la tête sans répondre, troublé qu'il ait pu lire en elle si aisément. Elle se montrait trop démonstrative et devait absolument travailler ce problème. Au moins en cas de combat, car Lanse lui avait que trop souvent fait cette remarque ; "Je peux deviner votre prochaine attaque rien qu'en vous observant ! Ne soyez pas si prévisible !"
La danse ne tarda pas à prendre fin. L'un des deux combattants montra une faiblesse musculaire à sa jambe gauche et le second en profita pour frapper. La lance se figea contre le cœur de son adversaire, sa pointe perçant le millimètre de peau suffisant pour faire couler une unique goutte de sang. Le chef sonna la fin du spectacle en frappant des mains.
– Bravo ! Vous vous êtes bien battu, votre endurance et sans pareil ! Kel'kah Tekri ! Félicitation à Ashanti enfant des Tlak pour cette victoire mérité ! Tekri ! En récompense, comme le veux la tradition, ton désir va être exhaussé. Alors dis-nous, Ashanti, que veux-tu ?
Le perdant s'éclipsa en vitesse, honteux et frustré de sa défaite. Mais personne ne se souciait de lui à présent. Le gagnant remportait également toute l'attention de son peuple. Il ôta son masque d'argile et dévoila un crâne chauve, une mâchoire carrée, des yeux perçants semblable à ceux d'un aigle ainsi qu'une bouche aux lèvres généreuses et bombées.
– Je souhaite quelque chose, oui, répondit-il d'une voix sombre et sonore alors qu'il se tournait vers Jubeh. Mais ce souhait ne peut être réalisé que pas nos invités et non par vous.
La foule zyeuta les étrangers d'un air interrogateur.
Ashanti fronça ses sourcils quasi inexistants et aussi sérieux qu'on puisse l'être, exposa sa demande en se postant face à la muse.
Devant le comique de la situation, Cirseï pinça les lèvres, un rictus amusé secouant nerveusement une de ses joues. L'envie de rire s'accentua lorsqu'elle remarqua le courroux saccager le visage de Faerond.
– Ô grande muse, fit Ashanti avec ferveur, je vous implore d'exaucer ma demande. Je souhaite rejoindre votre expédition et vous épauler dans vos missions divines. Ô grande muse, je vous fais le serment de vous protéger et de me montrer digne de votre grandeur.
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Cirseï l'exilée
FantasyCirseï, une jeune archimage remise ses rêves d'aventure et de voyage pour ne pas désobéir aux ordres; protéger l'île. Une île en paix depuis toujours, sans animation ou trouble aucun. Pourtant, une demande bien singulière vient apporter à cette jeu...