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Voilà plus de trente minutes que nous roulons dans les rues de Séoul. Je regarde le paysage urbain défiler par la fenêtre. Je me demande pourquoi on part sitôt le vendredi matin, il est à peine dix heures et nous sommes partis vers neuf heures un quart. Je n'ai jamais osé demandé pourquoi je devais rentrer le plus rapidement possible à la maison le vendredi, mais ça a toujours été comme ça, c'est normal pour moi mais je n'ai jamais compris pourquoi.

Nous habitons un peu loin de l'hôpital, à une heure de route à peu près. Je trouve ça un peu idiot de m'avoir envoyé dans un hôpital si loin de chez moi, mais je le comprend aussi car c'est l'hôpital où mon oncle peut s'occuper de ma maladie. En y repensant, je n'ai jamais su quelle maladie j'ai, je sais juste que c'est une maladie rare et que je risque presque tout le temps que mon cœur me lâche. Au début, ça me faisait peur lorsque j'étais encore enfant, je n'osais pas sortir de mon lit. Puis petit à petit j'ai compris que je n'allais pas mourir dès que je posais un pied à terre mais qu'il fallait que je fasse attention.

Quand j'ai compris que jamais je ne pourrais faire de longs trajets, ni rien de physique, tous mes rêves sont tombés à l'eau. Je voulais voyager, voir ce qu'il y a dans les autres pays, je ne vois déjà pas grand-chose du monde qui m'entoure mise à part les infirmiers, l'hôpital en général et ma maison... Je voulais faire de la danse comme San sait si bien le faire, je voulais aider ma famille quand ils ont un quelconque problème, mais je ne peux pas. J'ai l'impression d'être un enfant que l'on doit surveiller jours et nuits, un petit objet de porcelaine qui peut se briser à tout moment.

Je n'aime pas qu'on me traite comme ci j'étais encore un enfant, j'ai vingt ans, pas cinq.

Je reconnais le chemin pour aller à la maison, nous sommes bientôt arrivés. J'espère qu'oncle Seokjin va mieux et qu'il ne va pas s'imaginer trop de choses par rapport à moi, ça serait une catastrophe et je pense que je n'aurais plus jamais le droit de sortir. Je reconnais une fois de plus les palissades de bois entourant la maison de mon oncle, on est arrivés. La voiture s'arrête devant le portail et je peux déjà entendre le chien des voisins aboyer après notre voiture, il m'a manqué celui-là.

- Bon, je dépose ta valise à la maison et je reviens te chercher. Dit Namjoon en se tournant vers moi.

J'acquiesce sans rien dire. Il me sourit et je lui souris en retour, il sort de la voiture et prend ma valise puis entre dans la cour par le portail de bois pour déposer ma valise à l'intérieur. Je sors moi aussi de la voiture, le vent glacial frappe mon visage de plein fouet mais le paysage garni de blanc est magnifique.

- Bonjour Seonghwa, ça me fait plaisir de te revoir !

Je regarde la voisine qui vient me voir, elle est toujours aussi belle. Ses longs cheveux bruns flottent au vent et son visage aux traits fins lui donne un air gracieux. Elle a toujours été gentille et bienveillante, elle a un fils mais je ne l'ai jamais vu à cause de ma condition.

- Bonjour Madame Jeong, ça me fait plaisir aussi de vous voir. Comment allez-vous ?

- Bien merci ! Tu es toujours un aussi beau jeune homme, j'espère que tu te trouveras une belle jeune femme qui prendra bien soin de toi !

Je grimace un peu. Certes elle est très gentille mais comme la plupart des gens en Asie, la communauté lgbt n'est pas encore bien voire pas du tout acceptée. Je ne me suis jamais vu aux côtés de quelqu'un, je ne sais même pas si j'aime les femmes ou non, je ne me suis jamais posé la question. Mais ce n'est pas de sa faute, elle ne sait même pas que Namjoon et Seokjin sortent ensemble.

Elle pense qu'ils sont juste colocataires.

- J-J'espère aussi. Au fait, comment va votre fils ?

𝐌𝐮𝐬𝐞 [seongjoong] (non corrigée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant