chapitre 11

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Naruto savait pertinemment qu'il n'était pas quelqu'un de patient. mais il fut surpris de constater à quel point il avait hâte de partir faire cette randonnée avec sasuke. dès lors, il compta les jours jusqu'au week-end, refit son sac par trois fois au cours de la semaine. et chaque soir, il contempla, depuis la fenêtre de sa chambre, le fameux mont des kages, haute falaise sur laquelle avaient été gravés les visages des fondateurs du pays du feu. il s'agissait d'un endroit qu'il adorait, le premier qu'il avait vu avec jiraya en arrivant à konoha quand il était petit. il n'y avait nul lieu plus serein, plus empreint d'histoire et de mythologie. il lui était souvent arrivé de s'y rendre avec kiba, shikamaru, choji ou jiraya ; il y avait même emmené ino plus d'une fois. et celui qu'il voulait à présent y conduire n'était autre que sasuke.

naruto ne s'expliquait pas vraiment cette furieuse envie que la photographie de leur montée jusqu'au sommet de sasuke lui avait inspirée. il s'était simplement souvenu que sasuke lui avait ce jour-là partagé son jardin secret. et maintenant qu'il était sur un territoire bien connu de naruto, le jeune homme estimait que c'était désormais son tour de lui montrer le sien. comme leur première randonnée au village avait scellé leur réconciliation, naruto voulait que celle-ci réaffirmât leur amitié retrouvée après tant de mois de silence et de douleur, d'incompréhension et de rancune.

aussi fut-ce le désespoir qui s'abattit sur lui lorsque le jour même de leur départ, une terrible tempête s'abattit sur la ville. il pleuvait à torrents et les rafales de vent étaient si fortes qu'elles arrachèrent certains arbres à l'orée de la forêt qui bordait konoha et dans les différents parcs qui parsemaient la vallée. naruto appela aussitôt sasuke et celui-ci lui dit d'une voix morne qu'ils n'avaient qu'à remettre leur sortie au week-end suivant.

mais de toute la semaine, le mauvais temps ne cessa pas. ils restèrent enfermés le samedi suivant chez sasuke : et ils eurent beau tout faire pour s'occuper, l'uchiha se rendit bien compte que naruto n'était que joie factice et qu'un profond désarroi s'était emparé de lui. il regarda alors par la fenêtre. et le ciel gris au sein duquel grondait un futur orage lui laissa un goût amer sur la langue.

peut-être parce que cela lui rappelait avec trop de force ces quelques jours où, en août dernier, ils avaient dû rester à l'intérieur à cause des intempéries, cette atmosphère de plus en plus lourde et électrique qui s'était développée entre eux ; et cet éclatement qui les avait ensuite déchirés au point que naruto avait quitté la maison en claquant la porte, le laissant sans nouvelles, perdu dans une colère mêlée d'inquiétude et d'autres choses : telles qu'une terrible envie que naruto rentrât, qu'il fût auprès de lui. et cela, il n'avait pu se l'expliquer.

il en fut de même pour la bouffée de joie qui le prit lorsque naruto lui annonça, le dernier samedi du mois, que le soleil était enfin revenu et qu'ils allaient pouvoir partir en début d'après-midi.

ils partirent de la colocation de sasuke. naruto choisit de passer par le centre de konoha ; il y avait là une place pavée de blanc absolument magnifique. plus loin, on y trouvait de nombreux commerces et, en particulier, les arcades que kiba et lui avaient si souvent visitées lorsqu'ils étaient au collège. ils dédaignèrent les transports en commun et se contentèrent de traverser la ville jusqu'à en atteindre l'extrémité nord où se trouvaient les vestiges de ce qui avait autrefois été les grandes portes qui donnaient accès à la ville et autour desquelles restaient quelques ruines de l'ancienne muraille qui avait ceint konoha.

ils arrivèrent au pied d'une large falaise contre laquelle on avait bâti la capitale du pays du feu. ils prirent à droite. le temps passant, on y avait taillé des chemins sécurisés par de vieilles barrières de métal. ils montaient abruptement mais les garçons ne s'en plaignirent pas. et un bref esprit de compétition les poussa même à y aller plus vite qu'ils n'auraient dû, simplement pour déterminer lequel d'entre eux était le plus rapide dans pareille côte et lequel avait la meilleure endurance. ils atteignirent un premier point de vue où un large plan de la vallée sculpté dans une table de pierre expliquait point par point le panorama que tout visiteur avait en contrebas. ils churent à terre, essoufflés, et furent incapables de bouger pendant plusieurs minutes. puis ils se redressèrent, s'observèrent en silence. jusqu'à ce que, de mauvaise grâce, naruto proposât :

Au sommet de la montagne SasuNaruOù les histoires vivent. Découvrez maintenant