chapitre 12

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Sasuke était incapable de comprendre sa réaction ni son ressenti. rien n'expliquait que la proximité entre naruto et gaara lui eût été si insupportable. après tout, ils pouvaient bien se le permettre : ils étaient dans la même filière, suivaient la grande majorité de leurs cours ensemble, se côtoyaient une grande partie du temps passé sur le campus. et d'amis véritables à konoha, gaara ne semblait avoir que naruto. il y avait aussi sans doute quelque chose de commun entre eux qui les rapprochait beaucoup.

sasuke se souvenait de cette étrange soirée où, autour d'une cigarette, naruto et lui avaient partagé leur passé. naruto avait vécu ses premières années dans un orphelinat où il n'avait jamais été bien vu : il avait été seul. et il y avait des ombres sur le visage de gaara qui disaient que lui aussi avait connu la solitude.

il n'était pas étonnant que naruto voulût faire carrière dans le social : il était fait pour aider les gens, pour les faire changer. sasuke avait remarqué l'effet qu'il produisait à de nombreuses reprises : il pouvait bien être bagarreur, susceptible, colérique, il n'en restait pas moins quelqu'un de chaleureux, d'ouvert et de curieux, qui aimait autant qu'on allât vers lui qu'aller vers les autres. et il était fait pour être un soleil dans la vie de ceux qui en avait besoin.

peut-être était-ce le cas de gaara. il s'entendait relativement bien avec shikamaru, shino et juugo. mais il n'était pas aussi proche d'eux qu'il ne l'était de naruto. jusqu'à présent, sasuke n'avait pas eu l'occasion de se rendre compte de la relation particulière qu'ils partageaient. leurs retrouvailles de samedi le lui avaient pourtant montré. il y avait une amitié solide entre ces deux-là.

et elle le dérangeait.

c'était inexplicable tout comme ça n'avait pas de sens. peut-être avait-il eu l'impression que gaara comptait plus que lui puisque c'était auprès de lui que naruto était allé demander conseil après l'exposition de son jeu maladroit de comédien débutant. peut-être avait-il eu l'impression que leur amitié était plus forte que celle qu'il partageait lui-même avec naruto.

et pourtant, à cet instant précis, il lui semblait bien qu'il avait pour le jeune homme un statut spécial.

c'était un mardi matin ensoleillé : le temps de juin était au beau fixe et particulièrement éblouissant ce jour-là. naruto l'avait rejoint, comme ils en avaient pris l'habitude, à la bibliothèque. mais au bout d'une heure de travail, l'appel de l'extérieur avait eu raison de lui.

sasuke n'aurait su dire comment naruto l'avait convaincu d'abandonner ses affaires à leur table et de le suivre jusqu'à l'escalier de secours. il ne pouvait pas non plus dire pourquoi il s'était laissé convaincre de l'accompagner sur le toit du bâtiment. c'était pourtant interdit – et sasuke était connu pour être un étudiant exemplaire qui aimait à suivre les règlements. ça pouvait aussi être dangereux et particulièrement idiot.

et pourtant, il était à présent étendu sur le dos à regarder les nuages passer dans le ciel tandis que naruto, collé contre lui, se laissait aller à une sieste bien méritée. il avait travaillé tard la veille et il faisait, depuis la semaine dernière, beaucoup plus d'heures au café où il était serveur.

sasuke s'en serait presque montré inquiet mais toutes les questions qu'il aurait pu se poser s'étaient évaporées à partir du moment où naruto avait saisi sa main pour l'inviter à s'allonger, où son épaule avait cogné la sienne, où tout son flanc s'était retrouvé à moitié sur le sien. une douce chaleur s'ajoutait à la caresse du soleil, émanait de naruto dont le visage serein et presque enfantin était une invitation au repos.Sans pouvoir s'en empêcher, Sasuke leva une main et la passa dans les mèches blondes à sa portée. En son for intérieur, il se sentait apaisé, rassuré. Car à qui Naruto aurait-il pu proposer une telle sortie ? Il avait insisté avec tant d'ardeur, s'était allongé à ses côtés avec tant de naturel, s'était endormi avec tant de confiance sous sa veille qu'il ne pouvait que se dire que Gaara n'avait pas de quoi l'inquiéter. Après tout, lui n'avait sans doute pas droit à ces moments si privilégiés où Naruto se laissait aller contre lui, aveuglément, où son sourire éclatant laissait transparaître sa joie d'être à ses côtés.

Au sommet de la montagne SasuNaruOù les histoires vivent. Découvrez maintenant