Chapitre 1

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Doris venait à peine d'épousseter la dernière étagère de son magasin que le carillon de la porte sonna annonçant l'arrivée de son premier client . Un sourire joyeux naquit sur son beau visage en cœur avant de se muer en un soupir d'exaspération à la vue de ce visage un peu trop présomptueux.

Pedro Cruz un riche marchand de la grande ville qui depuis son arrivée dans la petite ville de Bacalar n'avait cessé de convoiter la jolie fleuriste aux cheveux d'ébène . Physiquement, Pedro tenait encore la forme pour un homme de quarante deux ans mais plus les jours passaient, plus son comportement et ses menaces écœuraient Doris . Elle ignorait le nombre de fois où elle avait dû refuser ses avances menaçant même d'aller porté plainte à la police pour harcèlement mais c'était sans compté sur la ténacité de Pedro qui n'avait que faire de ces ultimatums.

Son seul objectif était que la fleuriste devienne sa femme coûte que coûte et s'il devait redoubler d'efforts pour y parvenir alors soit . Doris Williams sera son épouse un jour ou l'autre, il se l'était juré dès l'instant où son regard s'était perdu dans ses iris émeraudes .

_Encore vous ? S'enquiert-elle les deux mains sur ses hanches en signe de lassitude.

_Comme chaque jour depuis que je me suis laissé happer par la magnificence de votre regard , c'est un plaisir de vous revoir mademoiselle Williams. Dit-il en s'accoudant sur le comptoir avec son éternel sourire en coin qui soulignait avec une perfection déconcertante les petites rides qui cernaient ses yeux opaques.

Doris roula des yeux sans prêter attention à la flatterie du marchand .

_Gardez vos flatteries pour vous monsieur Cruz . Je n'ai pas besoin qu'on me complimente.

_N'est-ce pas ce que désire chaque femme ? Qu'on leur dise ô combien elles sont belles .

_Eh bien pas moi ! Je n'ai pas besoin qu'on me dise si je suis belle ou pas, non . Pour ça, j'ai un miroir chez moi et mon grand-père à mes côtés.

Un sourire carnassier étira les lèvres gercées du vieil homme.

_Vous ne cesserez jamais de me surprendre mademoiselle Williams et c'est bien pour ça que je vous ai aimé dès l'instant où je vous ai vu . Vous êtes un mystère à mes yeux. Plus vous essayez de vous fermer à moi et plus mon désir de vous déchiffrer s'accroît. Et croyez-moi quand je vous dis que cela est plus qu'excitant .

Il l'aimait ? Doris cligna des yeux sous le choque de cette déclaration hors du commun. Cet homme pourrait être son père, bon sang elle n'avait que vingt-deux ans . À son âge, elle n'avait jamais eu de petit ami pour la simple et bonne raison qu'elle passait son temps à les fuir. Une partie d'elle était encore rebutée par la gente masculine après les traumatismes causés par sa tumultueuse enfance.

L'image de sa mère gisant dans son propre sang après les coups effroyables que lui avait porté son ivrogne de père avait été traumatisante pour la jeune fille de sept ans qu'elle avait été. Plongée dans un coma de presque un an, les docteurs avaient finalement décidé d'un commun accord avec la famille de débrancher sa mère afin de la laisser reposée en paix. Elle les avait supplié de ne pas prendre de mesures aussi radicales car elle avait toujours espoir qu'un jour sa mère ouvrirait ses beaux yeux verts mais hélas ses cris de petite fille désespérée étaient tombés dans des oreilles de sourds .

Doris était tombée alors dans une profonde dépression développant ainsi des troubles respiratoires apparents . Elle avait été contrainte par ses oncles maternelles à voir un psychologue qui l'avait vraiment aidé à se libérer de certains poids mais elle gardait toujours en elle cette haine viscérale à l'encontre de son géniteur qui lui avait arraché sa mère sous ses yeux impuissants. 

Délivrance ( Une rencontre impromptue )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant