Délivrance ( Une rencontre impromptue )

Chapitre 9

"La prochaine fois je ne pourrais pas faire preuve d'une telle retenue"

Cette phrase tournait en boucle dans la tête de Doris. Elle se passa une main sur ses lèvres en ayant encore la sensation des lèvres dures du bouclé contre les siennes. Un courant d'air frais balaya ses cheveux d'ébène la faisant trembloter légèrement. Mais ce tremblement n'était rien comparé aux frissons qui avaient parcouru son échine au contact des mains du bouclé contre son visage.

Doris était troublée.

Pour la première fois de sa vie, elle s'était laissée happer par un homme qu'elle savait pourtant inaccessible. Les touchés du bouclé l'électrisaient autant qu'ils la troublaient. D'habitude rebutée par les actes suggestifs des hommes, Doris se voyait attirer dans une spirale d'émotion contradictoire avec cet homme ténébreux. Hugo Lewis n'était pas l'homme d'une seule femme, elle le savait et malgré ça, elle était irrésistiblement attirée par cet homme à la beauté presque surnaturelle. Au fond Doris aurait voulu qu'il ne se retienne pas. S'était-il rendu compte de son inexpérience ? Ou la considérait-elle comme une petite chose fragile après sa crise de tout à l'heure ? Secrètement Doris avait hâte pour cette prochaine fois qu'il avait sous-entendu. Allait-il vraiment passer le cap ? Elle avait trois jours pour le découvrir.

La nuit était calme . Le croissant lunaire se reflétait majestueusement sur la lagune scintillante. Des oiseaux nocturnes passaient par moment au dessus de l'eau. Du haut de sa cabane, elle pouvait encore apercevoir une légère fumée s'échapper des morceaux de bois qu'ils avaient pris le soin d'éteindre.

_Vous êtes bien silencieuse ce soir petite sirène.

Doris frissonna. Elle sentit à la seconde une couverture se poser sur ses frêles épaules. Un autre tremblement la saisi mais ce dernier n'avait rien avoir avec la température...bien au contraire la seule présence du bouclé semblait réchauffée l'intégralité de la petite cabane en bois et en paille.

_Merci ! Fit elle en resserrant la couverture. Je ne vous ai pas entendu arriver.

_Vous aviez l'air perdu dans vos pensées alors je me suis permis de vous rejoindre. À quoi songiez vous ?

Comment osait-il lui poser cette question alors que depuis tout à l'heure, son esprit n'était tourné que sur ses lèvres durement plaquées contre les siennes ?

_Je me demandais quand vous alliez rejoindre Manhattan. Mentit-elle.

Quoi que elle désirait vraiment le savoir. Hugo soupira, un soupir de lassitude comme si la perspective de rejoindre le bercail ne l'enchantait pas totalement .

_Vous le saurez le moment venu. Dit-il simplement.

Doris se tourna pour lui faire face, mais aucune émotion ne trahissait ses traits. Elle décida alors de ne pas insister.

_À moins que ce ne soit une façon subtile pour vous de me dire que ma présence vous importune, ajouta t'il en arquant un sourcil interrogateur.

_Oh non, je..

_Tant mieux parce que je n'aurais pas accepté que vous reveniez sur votre décision de me faire découvrir les merveilles de cette ville. La coupa t'il. Vous m'avez donné votre parole. Alors quoi qu'il arrive vous devez aller jusqu'au bout.

Avait-il peur qu'elle se rétracte à cause de leur baiser ?

_Vous m'intriguez !

_Vous encore plus ! Et vous aviez raison, avec cette hauteur la vue est encore plus imprenable que sur la plage. Approuva t'il le regard perdu sur la voûte étoilée .