Chapitre 8

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_Pourquoi ne m'avez-vous pas parlé de votre maladie ? Demanda Hugo en piochant un morceau du poisson qu'il avait pêché puis cuit sur la plage à l'aide de quelque branche sèche.

_Je ne suis pas malade ! S'offusqua Doris.

_Alors c'était quoi tout à l'heure ?

_Une simple petite crise d'asthme.

_Et ce n'est pas une maladie ça ?

_Non !

Dépité, entre le crépitement des morceaux de bois sec, Hugo lui adressa un regard incrédule.

_Je ne veux pas qu'on me voit comme une malade dont il faut se sentir obligé de ménager à tout instant. Avoua t'elle finalement en piochant aussi un morceau de son poisson chaud tenu à l'aide d'une tige de bois sec.

_Pourquoi vous pensez que je vais réagir ainsi ?

_Parce qu'ils réagissent tous comme ça et la dernière chose que je souhaite, c'est qu'on me prenne en pitié.

_Je ne suis pas comme toutes ses personnes. Répliqua t'il avec force.

_Et qu'est ce qui vous diffère hmm ?

_Je ne ressens jamais de pitié, jamais ! Bien au contraire j'éprouve pour vous une profonde compassion et au risque de vous paraître plus prétentieux que je ne le suis déjà, je suis certain que ces gens n'avaient pas ne serait-ce que le quart de mon discernement.

_Vous êtes définitivement prétentieux, concéda Doris en reposant son met entre deux branches servant d'appui.

_Je vous l'accorde mais j'ai l'impression que cela vous amuse plus qu'autre chose, dit-il les yeux plisser.

_Je vous l'accorde. Reprit elle sur le même ton. Avez-vous toujours été ainsi ou c'est uniquement avec moi ?

_Dites-moi, comment suis-je en dehors de ce caractère prétentieux que vous aimez secrètement ?

_Arrogant, fier, taquin et suffisant. J'ai l'impression qu'une part de mystère plane autour de vous. Plus j'essaye de vous cerner, plus je me retrouve encore plus chamboulée qu'à la case départ. Je me suis même demandée si vous ne jouez pas un rôle.

Les traits du bouclé se rembrunit suite à sa dernière phrase et avant qu'elle ne le remarque, il s'était déjà placé en face d'elle balayant la barrière qui lui permettait de s'exprimer aisément. Elle hoqueta, surprise, puis baissa les yeux intimidée par le regard sombre du bouclé qui d'une pression sous son menton l'intima à relever la tête. Captive de ce regard acéré, Doris se mordit durement la lèvre en priant pour ne pas s'être attirer les foudres de l'homme d'affaires. Avait-elle dit une bêtise ? Pourtant c'était bien ce qu'elle avait pensé pendant un moment.

_Relâchez la ou je me ferais un plaisir de la mordre moi-même !

L'intonation était faible, calme mais la fermeté, l'autorité et le rauque qui vibraient dans cette voix poussa Doris à obéir dans la seconde. Elle eu un petit mouvement de recul avant de fermer les yeux quand de son pousse il effleura délicatement sa lèvre rougie par la pression de ses dents. Les lèvres entre-ouvertes Doris aspira un filet d'air alors qu'une chaleur importune se propageait dans tout son corps.

_Bonne fille ! Dit-il d'une voix lointaine.

Lentement, Doris ouvrit les yeux. Le bouclé avait recouvré sa place de l'autre côté des flammes. Il dardait sur elle un regard intense, brûlant et terriblement puissant qui la transperça de toute part.

_Je dois avouer qu'au fil du temps je suis devenu un expert dans l'art des faux semblants. Seulement avec vous, je n'ai pas eu besoin de le mettre en exergue. Depuis le début de notre rencontre, je me suis montré à vous tel que je suis, un homme franc et intègre avec un soupçon de perversité. Je suis comme je suis, je ne ressens aucunement le besoin de jouer un rôle qui ne me conviendrait pas .

_J.e. je suis désolée. S'excusa t'elle en abandonnant ce combat de regard forcée de reconnaître qu'il avait raison.

Cet homme avait tout pour lui, une beauté glaciale et renversante, une famille réputée, une fortune inestimable, tout en lui respirait l'opulence et le confort. Il n'avait pas besoin de jouer un rôle puisqu'il était le réalisateur de sa propre vie. Il pouvait avoir tout ce qu'il désirait en un claquement de doigts mais Doris semblait avoir oublié ce détail et quand l'évidence la frappa elle emprisonna inconsciemment ses lèvres encore rougie entre ses dents en se rendant compte des inepties qu'elle avait débité.

Le regard d'Hugo s'enflamma devant ce acte purement innocent. Dans ses pupilles dansaient les flammes d'un désir croissant, primitif et sauvage. Se souvenant sans doute de l'ultimatum du bouclé il y'a quelques minutes, Doris relâcha brusquement sa lèvre inférieure. Mais quand son regard émeraude se perdit dans celui orageux du bouclé, Doris su que la tempête était inévitable.

Avec l'aisance d'un félin, Hugo se rapprocha de la jeune femme qui demeurait scotchée sur place en proie à un trouble paralysant. Ses paumes rêches se pressèrent contre les joues lisses de la petite sirène qui n'eut finalement d'autre choix que d'affronter ce regard sombre et énigmatique.

_Maintenant je ne peux ne pas vous embrasser. Dit-il d'une voix si méconnaissable que Doris en frissonna.

Le cœur de Doris battait la chamade alors qu'un lent et délicieux frisson parcourrait déraisonnablement son épine dorsale. Ses lèvres s'entre-ouvrirent machinalement quand le nez aquilin du bouclé taquina la sienne. L'odeur musquée du parfum de l'homme brouilla ses sens. La respiration erratique, Doris hoqueta légèrement quand les lèvres dures et exigeantes du bouclé se pressèrent contre les siennes sans pour autant les capturer.

Le temps se suspendît, plus rien n'existait autour d'eux. Le sang en ébullition, un véritable cataclysme secoua Hugo de l'intérieur. Les lèvres de la petite sirène étaient d'une douceur naturelle et enivrante. Il avait l'impression de frôler le fruit interdit et qu'une fois qu'il l'aurait croqué, son destin prendrait un tournant inconnu mais qu'il savait tout aussi dangereux que le désir qui le tenaillait sévèrement. Il savait qu'une fois la barrière franchie, il serait délivré et par la même occasion condamné. Alors c'était avec le peu de lucidité qui lui restait qu'Hugo s'arracha de ses lèvres pleines qui étaient une appellation constante au plus fiévreux des baisers.

Frustré de n'être pas allé plus loin, Hugo se passa la langue sur ses lèvres dans l'espoir d'y recueillir les derniers nectars de cet échange qu'il s'était vu obliger d'écourter alors qu'il imaginait la petite langue rose de la jeune femme valser avec la sienne dans une danse endiablée qu'il aurait mené d'une main de maître. Désireux d'éterniser encore plus cet instant Hugo reprit ses caresses sur les douces lèvres de la petite sirène.

_La prochaine fois je ne pourrais pas faire preuve d'une telle retenue, avoua t'il comme une promesse qu'il avait déjà hâte d'honorer.

Délivrance ( Une rencontre impromptue )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant