Chapitre 6

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_Votre sœur ne vient plus ? Demanda Doris en montant ses affaires à bord du canoë.

_Non, Blanca s'est rétractée à la dernière minute. Dit-il en l'aidant à monter au vu du canoë qui tanguait légèrement. Ma sœur n'est pas une grande adepte de randonnée vous savez. D'ailleurs c'est principalement pour cela qu'elle n'a pas voulu intégrer le camp scout dans lequel j'ai été formé.

_Ah vous avez fait du scoutisme ?

Doris lui tendit une rame qu'il saisi alors qu'ils venaient de s'installer. Elle prit l'autre rame et ensemble, ils se mirent à ramer simultanément.

_Dans ma famille chaque homme passe obligatoirement par le scoutisme. Mon père dit que c'est une étape cruciale dans notre formation. Il a aussi été scout comme son père avant lui. C'est une sorte de traditions chez les Lewis. Chaque homme doit impérativement passer par là alors que pour les femmes ce choix est optionnel.

_Je comprends. Cela explique mieux l'aisance que vous avez eu à embarquer sur ce canoë, à croire que vous avez fait ça toute votre vie.

_Des compétition de canoës-kayaks était souvent organisée au camp alors j'ai une certaine expérience dans le domaine. Comment vous êtes-vous procurée ce canoë ?

_C'est celui de mon grand-père, il a accepté de me le prêter pour le reste de la semaine. Il n'est plus tout neuf mais il est très solide. Nous ne risquons pas de couler si c'est cela qui vous inquiète. Magdalena et moi avions l'habitude d'y faire de petites balades.

_Je vous fait confiance mademoiselle. Je compte sur vous pour me faire découvrir la beauté de cette ville.

_Bacalar regorge de nombreuses merveilles toutes aussi fascinantes les unes que les autres. Il suffit juste d'ouvrier les yeux pour les voir monsieur Lewis.

_Alors j'espère les voir à vos côtés. Qu'avez vous organisé pour combler ces trois jours que vous m'avez si généreusement accordé ?

_Vous avez payé pour, ne l'oublions pas. Souligna Doris. J'espère que vous n'avez pas le vertige ?

_Non ! Pourquoi ? Répondit-il presqu'instantanément, ce qui arracha un petit sourire à Doris.

_parce que la majorité de nos activités se feront à une certaine hauteur.

_tient donc ! Et qu'avez-vous prévu ?

_c'est une surprise ! Vous verrez, vous ne serez pas déçu.

Hugo acquiesça simplement en inspirant un filet d'air mélangé à l'odeur sucrée de la jeune femme qui ramait énergiquement en face de lui.

Doris était un peu anxieuse et l'absence de la sœur du bouclé y était pour quelque chose. Il était convenu qu'elle fasse partie de l'aventure, maintenant elle redoutait de se retrouver seule avec l'homme d'affaires pendant trois long jours. Marc Williams ferait certainement une attaque en apprenant qu'elle s'était finalement retrouvée seule avec un inconnu sur une île déserte. Regrettait-elle ce choix ? Non...du moins pas pour le moment.

Pourtant cette fois elle n'avait pas été contrainte et mieux encore elle était rémunérée pour ses services. Elle se souvenait encore du visage impassible du bouclé lorsqu'il lui avait fait cette demande pour le moins inhabituelle. Il voulait qu'elle lui face découvrir les recoins le plus mystérieux et fantastique de cette ville avant son départ qu'il avait omis de dire. Doris avait dû se mordre la langue pour ne pas lui poser cette question qu'elle savait inappropriée. Pourquoi s'intéresserait-elle à la vie de cet homme seulement de passage dans cette ville pour affaire ?

Si d'abord elle s'était montrée réticente face à cette demande en prétextant devoir s'occuper de la boutique, Doris avait fini par abdiquer lorsqu'il lui avait suggéré une rémunération nettement supérieure à toute les fleurs qu'elle pouvait vendre en toute une semaine. Avec une telle somme, elle pouvait aider Magdalena à payer les médicaments de sa mère alors Doris avait sauté sur l'occasion sans plus réfléchir. Et quand elle en avait parlé à son amie, celle-ci lui avait littéralement sauté au cou ravie qu'elle ait accepté la proposition du milliardaire.

Son grand-père n'avait pas pu cacher son inquiétude face à cette situation mais ce qui l'inquiétait encore plus était que sa petite fille ait accepté la proposition d'un homme alors que d'habitude elle les fuyait comme la peste. Combien de demande en mariage avait-elle reçu ? Et combien avait-elle refusé ? Marc ne se souvenait même plus du nombre exact. Il ignorait qui était cet homme qui avait su se procurer une partie de la confiance de Doris mais une chose était sûre, il lui faisait confiance au point de la laisser partir seul en randonnée pendant trois jours avec un inconnu. Mais surtout il était rassuré qu'une autre présence féminine fasse partie du voyage.

_Où allons-nous ? S'enquiert Hugo en jetant un regard inquisiteur sur l'imposante masse verte qui se dressait à perte de vu.

_Il y'a une forêt assez vaste de l'autre côté du lac, nous y accosterons pour la suite des activités.

_Le soleil sera pratiquement couché d'ici quelques heures. Pensez-vous que nous serons de retour avant la tombée de la nuit ?

_Oh non ! Répondit-elle en sautant hors du canoë qui venait d'accoster pour rejoindre la terre ferme. Nous allons passer la nuit ici.

_Je vous demande pardon ?

_Première activité monsieur Lewis, vous faire découvrir toutes l'étendue de la magnificence du ciel de Bacalar. Dit-elle en portant son gros sac à dos, elle fut imitée par le bouclé.

_Je pense l'avoir largement remarqué après toutes ces soirées passées à rester cloîtré sur ce rocher comme une huître dans l'espoir fol de vous revoir. J'en suis restée bouche bée durant les premières minutes figurez-vous.

Doris rougit légèrement à ce souvenir. Cet aveu sonnait plus comme une reproche qu'autre chose. Comment réagirait il en apprenant qu'elle l'avait minutieusement épié pendant tout ce temps ? Doris n'arrivait pas à se l'imaginer.

_Non mais dit donc ! Je ne vous ai pas demandé de chercher à me revoir, se défendit-elle en posant prestement ses mains sur ses hanches à la taille fine. Et si de la plage la vue de ce ciel vous a laissé bouche bée, celui de cette forêt vous fera littéralement tomber à la renverse. Alors cessez de jacasser et avançons, autrement nous serons toujours ici à la tombée de la nuit . À moins que vous ayez peur et que votre fierté mal placée vous empêche de me le dire. 

Un rire de gorge suivi ses propos .

_Que vous avez une imagination débordante ! Hugo Lewis ne connais pas la peur mademoiselle Williams.

Doris lui accorda un regard pas très convaincu mais décida de s'octroyer au silence.

_Très bien ! Alors en route.

_Quelle est la taille de cette forêt ? Demanda le bouclé après plus d'une heure de marche interminable.

Combien de fois avait-il trébuché avant de se rattraper de justesse pour ne pas se retrouver le nez au sol ? Contrairement à lui la fleuriste esquivait les épreuves avec une telle facilité qu'on pouvait croire qu'elle connaissait cet endroit du bout des doigts et c'était bien le cas. Un petit sourire incurvait à chaque fois les lèvres de Doris à chaque faux pas du bouclé qui s'assurait presqu'immédiatement qu'elle n'ait pas été témoin de ce spectacle un peu trop honteux pour l'homme prétentieux qu'il était.

_Vingt-trois kilomètres carrés. Ne me dites pas que vous êtes déjà fatigué ? Demanda Doris en regardant le front dégoulinant de sueur du bouclé sur lequel quelques boucles étaient collées.

Malgré elle, Doris ne put s'empêcher de le trouver dangereusement attirant dans ce ensemble jogging qui seyait avec une perfection déconcertante cette masse de muscle ambulante.

_Bien sûr que non ! Il s'agissait juste d'une simple question. Je suis encore débordant d'énergie.

_Le contraire n'aurait étonné. Ça tombe bien, il nous reste encore trente bonnes minutes de marche avant d'arriver au campement.

Hugo était à bout de souffle et ses pieds en compote dans ses baskets Nike. Ça faisait tellement longtemps qu'il ne s'était pas adonner à une telle activité. Il ne se souvenait même plus de la dernière fois où il avait été à la salle de sport. Ça lui attendra de s'être négligé de la sorte. Néanmoins il se promit de reprendre si toutefois il sort indemne de cette situation qu'il avait lui même engendré.

_Aller plus vite ! Arrêtez de traîner des pas monsieur Lewis . L'intima la jeune femme en sautant gaiement sur une flaque d'eau.

À ce rythme, Hugo se demandait s'il avait bien fait de soumettre une telle requête à cette intrépide jeune femme qui se révélait être en réalité une aventurière dans l'âme.

Délivrance ( Une rencontre impromptue )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant