Chapitre 17

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D'un pas nonchalant, Doris rejoignit ce visiteur indésirable de l'autre côté du cloison. Le sourire narquois qui ornait les lèvres de l'homme la poussa à forger entre eux une barrière de méfiance qui s'épaississait un peu plus chaque seconde. Le dicton qui disait : quand on parle du loup, on n'en voit sa queue venait alors de prendre tout son sens .

Doris se racla la gorge pour se donner de la contenance.

_Que puis-je faire pour vous monsieur Cruz ?

L'homme la reluqua des pieds jusqu'aux cheveux avant de répondre.

_Énormément de choses Doris, énormément ! La liste est si longue que nous serions encore là demain après-midi si je me mettais à les citer. Et entre nous, tu n'as plus besoin de me vouvoyer.

_Je vous conseille d'aller à l'essentiel, je ne suis pas une oreille vraiment attentive. Pour ma part, je préfère préserver cette formalité.

Le timbre de voix de la jeune femme était sans chaleur. Il communiquait bien à son interlocuteur son déplaisir de le revoir. Pourtant Pedro n'y accorda aucune importance, bien au contraire cette situation semblait l'amuser.

_Cela n'est aucunement un problème. Vois-tu, l'ouïe n'est pas le seul organe de sens avec quoi nous pouvons communiquer.

_Que voulez-vous dire ?

Un rire sardonique fendit le silence de l'habitacle. Pedro élimina si rapidement les quelques mètres qui les seraient que Doris n'eut pas le temps d'émettre une quelconque protestation. Elle fut automatiquement plaquée contre le corps du quarantenaire qui resserra immédiatement sa prise sur sa taille. Figée, la jeune femme mit quelques secondes avant de réagir. Quand enfin elle réalisa la posture dans laquelle elle se trouvait, elle rentra dans une rage folle.

_Mon Dieu, qu'est ce que vous faites ? Lâchez moi vieux porc !

_Je veux simplement dire que si  ton ouïe est indisponible, nous pouvons communiquer de bien d'autres façons .

Doris se débattit, martela le torse de l'homme de dizaine de coups sans qu'il ne bouge d'un millimètre.

_Lâchez moi, vous me faites mal !

Les yeux de la fleuriste s'embuèrent de larmes alors que la prise du marchand lui faisait affreusement mal aux côtes. Plus elle se débattait et plus la douleur devenait vive. Elle était sûre d'avoir des bleus.

_J'ai été informé de la petite escapade que tu as mené à Los Rapidos Lagoon Club en compagnie d'un jeune homme. Qui était-ce ?

_Cela ne vous regarde pas ! Vous n'avez pas le droit de vous immiscer ainsi dans ma vie.

_Tu ne cesses de jouer la prude mais d'après mes informateurs, tu n'as pas hésité une seule seconde à le laisser fourré sa langue dans ton gosier. Qui sait ce qu'il a pu se passer d'autre hmm ?

_Je ne vous permets pas ! Dit-elle en lui administrant une gifle qui fit pivoter sa tête vers la gauche. Vous n'aviez pas le droit de me faire suivre.

_Tu es une belle garce Doris ! S'exclama t'il en crochetant violemment la mâchoire de la fleuriste pour rejeter sa tête en arrière. J'en ai assez de tes caprices jeune fille stupide et dévergondée, tout comme j'en ai assez de te courir après.

_Je ne vous ai rien demandé. Répliqua t'elle en essayant vainement de se défaire de sa prise, la nuque raide à force d'avoir la mâchoire ainsi crochetée.

_Toi non mais ton grand-père oui.

_Il est entrain de vendre le cottage de grand-mère, vous savez ce cottage auquel il tient plus que tout, pour pouvoir vous rembourser alors d'ici quelques jours il ne vous devra absolument rien.

Délivrance ( Une rencontre impromptue )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant