Elle n'a sourit qu'un seul été / Rafe Cameron

Chapitre 1: Un coin de paradis

Regardant le paysage défilé par la fenêtre de la voiture, mon casque vissé sur les oreilles laissant échapper un air d'Arctic Monkeys, je me perds dans mes pensées.
Le coude posé sur le rebord, la vitre ouverte et l'air frais bordé d'une odeur d'iode, je me concentre pour apercevoir la première cette étendue d'eau qui devrait se dessiner le long de la côte de l'État de Caroline du Nord.
Quelques mèches rebelles s'échappent de ma couette et virevoltent autour de ma tête et venant frôler par moment mes joues fraîches.

Lorsque j'entrevois une tache de bleu à l'horizon, je me redresse dans mon siège et fais signe à Zack de regarder dans la direction où mon index est pointé.
Je souris lorsque je vois son visage s'illuminer à la vue du paysage qui s'offre à nos yeux.

Je dois tout de même avouer que le panorama est éblouissant.

Une large bande de sable s'étend à perte de vue laissant pousser des palmiers et de jolies maisons accompagnées de pontons en bois clairs. De nombreux bateaux partent en excursions au large et des pêcheurs s'affairent sur leurs petites barques tout en remontant des filets pleins de poissons et crevettes.

Si on m'avait dit que le paysage était si impressionnant, je me serais peut être restreinte de faire la gueule en sachant qu'on déménageait. Mais, il est vrai que personne n'aime quitter la vie qu'il construit autour de ses habitudes, amis et familles.

J'ai grandi la plus grande partie de mon enfance à Manhattan et j'étais plutôt bien acclimatée. J'adorais notre petit appartement qui donnait sur le parc en bas de chez nous, les transports en communs urbains qui me permettaient de me rendre tous les jours à mon lycée plutôt moderne avec mes amis citadins. Toutefois, ses moments me procurent de petits pincements au fond de ma poitrine quand j'y repense.

En somme, une belle palette de souvenirs heureux qui s'est construite au fil des années.

"Tu t'y ferra vite" c'est que l'on m'a répété des centaines de fois avant de partir.

"Mais, la vie nous réserve quelques surprises par moment", tu parles d'une citation.

Et puis, il a été nécessaire de laisser la vie urbaine pour le passé et partir vers quelques paysages tropicaux pour le futur.
Je me motive tout de même à penser positivement en me rappelant du bronzage caramel que je pourrais garder toute l'année. À défaut d'être blanche comme une jolie boule de coton l'hiver.

La cause de mon déménagement ?

Mon père !
Il est commandant dans l'armée de terre. 
Il a eu la chance d'obtenir un poste inattendu sur cette île. En raison de ce travail qu'il ne peut refuser, il se devait de muter avec sa famille au grand complet.

Ma mère, elle, est médecin. Elle aussi a réussi à trouver un emploie dans un hôpital pour pouvoir rejoindre le voyage. Je vois bien tout l'intérêt qu'elle porte à son travail.  Pourtant, ça l'épuise beaucoup et c'est parfois difficile de tout gérer à la maison quand mon père est en mission: les heures de nuits, les enfants, les courses, le ménage,
Les sorties en douce de Zack surtout.

D'ailleurs, en paradant de mon frère.
Zack est un vrai poème à lui même et cette expression lui va comme un gant.
À croire qu'elle aurait pu être inventée spécialement pour sa personne.

Il a 19 ans et a faillit perdre toutes ses dents si le travail des chirurgiens n'avait pas été aussi performant à la suite d'une sautée dans la rivière depuis un pont d'autoroute.

Quelle bonne idée vous ne trouvez pas !

Hormis son côté "one life",
qu'on devrait plutôt appeler "plus aucune Life dutout si tu continue comme ça", je l'adore.
Pas seulement comme tous frères et sœurs ordinaires qui jouent à la barbie ensemble ou qui se tire les cheveux "pour rigoler".

On a ce genre de relation fusionnelle qui nous vaut cette complicité que j'apprécie.

Bon, on se dispute aussi !
Nous ne sommes pas des anges.
Loin de là !

Ce qu'il a savoir sur Zack :
Stéréotype parfait du parfait brun musclé sexy avec un crâne d'abruti.
Demander à une fille de son entourage, elle affirmera qu'il est séduisant jusqu'à son petit orteil répugnant.

Une vrai file d'attente de pseudo-cavalières pour le bal de promo de fin d'année devant la porte d'entrée.

Mais le plus drôle, c'est qu'il y est allé l'année passée avec son meilleur ami qui s'était fait largué par sa copine deux jours avant. Je dois dire que j'ai bien ris quand j'ai aperçu la tête de ses filles.

Malgré, son corps d'athlète et son physique d'ange, il faut avouer qu'il est particulièrement humble sur ce sujet. Ce qui me convient.
Même si toutes mes copines ne pouvaient taire le fantasmes de se retrouver mystérieusement dans la chambre de mon frère un beau jour. Mais bref, fermons cette parenthèse.

Pour ce qui est de moi, je dirais que c'est plus simpliste.
Jeune fille "plutôt mignonne" dit-on "sage qui travaille dur pour ses intérêts personnels et ses projets d'avenir ambitieux."

Pour le côté sage, c'est à revoir. Peut être parce que je n'ai jamais évoqué que c'était moi qui avait défié mon frère de sauter du pont.

Les apparences sont bien trompeuses !
« Un sourire à faire tomber par terre mais un sal caractère de merdeuse » toujours selon Zack.

Il est vrai que je ne me laisse pas marcher déçu et que je ne gêne pas pour rendre compte de mon opinion.
C'est peut être ce qui fait ma personnalité après tout.

Notre mère nous a prévenu, les Outerbanks risquaient d'être bien éloignées de ce que nous connaissons.

L'essentiel s'est de s'y faire.

« Le lien entre les individus est plus qu'important », notre mère nous  l'enseigne depuis notre enfance. Absurdité: juger quelqu'un pour la quantité d'or qu'il à dans les poches.
Je dois bien avouer que ne supporte absolument pas ses PDG imbuvables en costard-cravates et mocassins vernis luissants autant que leurs sourires hypocrites.

L'accélération de la voiture le ramène à la réalité. Et Zack s'adresse à moi en enlevant lui aussi son casque.

- T'as vu ce putain décors !

- Zack, ton language !
Gronde ma mère suite à son vocabulaire.

- Pardon, mais là c'est juste incroyable.

- Totalement d'accord.
Dis je en approuvant