Chapitre 1

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Deux mois plus tôt :

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Deux mois plus tôt :

Je me suis levée tôt, comme à mon habitude. Je n'aime pas traîner au lit, une qualité que j'ai prise de mon mari. Par conséquent, j'ai du temps à tuer avant de me rendre au cabinet de mon nouveau psychologue, un dénommé Atlas Jaeger.

Quelques mois auparavant, je voyais le docteur Colin Samson, un psychologue réputé à Londres, avec qui j'avais déjà entamé mon travail. Aucun progrès ne s'était manifesté durant nos séances, mais il semblait penser que je faisais du bon travail. Malheureusement, ce dernier a été retrouvé mort, empoisonné, son cadavre dans la benne à ordures d'un immeuble londonien miteux. À ce jour, le meurtrier n'a toujours pas été identifié, mais d'après Jake, mon mari, la police cherche activement le criminel.

Pendant un long moment, je ne me sentais plus en sécurité, et malgré mon besoin d'être suivie par un professionnel, je ne pouvais me résigner à remplacer le docteur Samson. Comment aurais-je pu ? Passer si vite à autre chose, comme si l'assassinat d'un vulgaire psychologue ne représente rien pour une femme d'homme d'affaires. Je ne suis pas ainsi. Je devais le pleurer, et présenter mes condoléances à sa famille. Ce que j'ai fait. Maintenant, je peux tourner la page et avancer. Sans me retourner.

Avec rigueur, je verse l'eau que contient l'arrosoir dans quelques pots de fleurs qui trônent fièrement sur la grande terrasse du penthouse. Je m'arrête quelques secondes pour observer le muguet et caresse du bout des doigts la plante, observant avec attention la courbe de ses pétales blancs et ses feuilles majestueusement dressées vers le haut. Comment une telle merveille peut-elle exister ? Nous, les mortels, ne méritons pas un centième de la beauté dont on a droit. Nous nous lassons trop rapidement, prenons tout pour acquit.

Le printemps pointe tout juste le bout de son nez. Ainsi, le soleil est bel et bien présent, permettant à mes fleurs d'exploiter leur beauté, mais la brise fraîche rappelle immédiatement que ce n'est pas encore l'été, que nous devons toujours nous couvrir si nous ne voulons pas tomber malade.

Je soupire et retourne à l'intérieur, fermant la grande baie vitrée derrière moi. Mon mari est absent, la solitude prend possession de mon cœur. Pas parce qu'il me manque, ce n'est pas le cas. Je ne suis même plus sûre de l'aimer autant qu'autrefois, même si je ne l'avouerais jamais tout haut. Je passe mes journées seule lorsque je ne travaille pas dans la petite librairie que je tiens. Cette maison aux couleurs froides manque cruellement d'enfants et d'amour.

Je me dirige vers ma chambre, où seule un grand lit se trouve dans la chambre et des chevets, remplis d'affaires personnelles. Sans tarder, j'entre dans le dressing et me déshabille, laissant tous mes habits par terre.

En culotte, je fais face au grand miroir qui orne un des murs. Je scrute le suçon qui se trouve à l'intérieur de ma cuisse, puis roule des yeux. Jake ne fait jamais dans la tendresse, et je le méprise pour ça. J'enfile des collants noirs afin de cacher la marque. Il est évident que mon psychologue ne regardera jamais en dessous de ma jupe, mais je suis prévoyante. Mon regard se pose ensuite sur ma poitrine dénudée que je trouve trop petite, tout comme le reste de mon corps. Je suis trop fine. Je dois manger. J'enfile un débardeur blanc et une jupe noire avant de sortir de la pièce.

Dans la salle de bain, je ne perds pas de temps, je me munis de mon bijou préféré, soit un collier de perles avec un pendentif au bout et applique du rouge à lèvres sur ma bouche. Je ne sors jamais sans l'étaler sur mes lèvres, il fait ressortir mes cheveux ébène et mes yeux bleus. Il me donne l'allure du péché. De l'interdit.

Quand mon mari n'est pas là, ses collègues et ses employés me désirent, me regardent. Et j'adore ça.

Jake ? En a-t-il conscience ?

Quelle question ! Bien sûr que oui, il sait tout. Si on l'écoute se vanter, même Dieu n'en sait pas autant.

Prête, je retourne dans le salon et trouve la cuisinière, Charlotte.

Je souris et m'installe sur un tabouret du comptoir.

— Bonjour, Charlotte, dis-je calmement en l'observant travailler.

Elle affiche un sourire.

— Bonjour, madame Meadows.

J'appuie ma joue contre la paume de ma main sans la quitter des yeux.

— Que préparez-vous de bon pour ce soir ?

Je compte passer la journée dehors. Par conséquent, elle a seulement un repas à préparer.

— De la ratatouille, répond Charlotte en attrapant une grande casserole.

J'acquiesce.

— Je serais sûrement en retard, j'ai un rendez-vous.

Elle ne cherche pas à savoir qui est mon rendez-vous et pourquoi je serais en retard, ce n'est pas sa place. C'est pour ça que j'aime autant les employés. Ils ne m'importunent pas avec leurs questions déplacées, pas comme le fait Jake ou Accalia, ma meilleure amie. Et encore moins comme mes parents. De plus, Charlotte sait que je ne lui répondrais pas.

Ma maison. Mes secrets. Mes règles.

— Monsieur Jake souhaite que vous soyez rentrée pour dix-neuf heures, annonce soudainement la gouvernante.

Je fronce des sourcils.

— Monsieur Jake ?

Charlotte devient aussi rouge que son tablier et détourne les yeux. Je serre les dents, mais continue de la fixer.

— Monsieur Meadows, se corrige-t-elle, gênée.

Jake ne me trompe pas. Et encore moins avec la gouvernante aux cheveux emmêlés. Il ne m'humilierait jamais ainsi, il m'aime. Nous sommes une équipe depuis notre adolescence. Il n'a connu que moi, comme je n'ai connu que lui.

En tout cas, c'est tout comme. Mon erreur passé ne compte pas, n'est-ce pas ?

— Oui, affirmée-je, mesquine. Monsieur Meadows. Restez à votre place Charlotte si vous ne souhaitez pas retourner d'où vous venez, chez les rats.

Elle semble vouloir disparaître sous terre, et moi, je tourne les talons. J'ai envie de lui faire du mal, qu'elle souffre.

Pourquoi suis-je comme ça ? Pourquoi tirée-je plus de plaisir à blesser les gens que je connais qu'à coucher avec mon mari ?

— Parce que les personnes brisées blessent les autres pour qu'ils se sentent aussi misérables qu'eux, m'avait répondu le docteur Samson lors de notre dernier rendez-vous.

Je ne suis pas une bonne personne et ça me donne envie de pleurer.

Je m'engouffre dans l'ascenseur et fuit cette maison.

— Fuir n'est pas la solution, Elysia.

Va te faire foutre, Samson !

Je peux encore entendre les avertissements du docteur Samson. Comme s'il était toujours vivant, toujours mon psychologue. J'entends toujours sa voix, assurée et douce, comme si un fou ne lui avait jamais cruellement ôté la vie.

Les rues de Londres m'attendent, lorsque la brise caressera mon visage, que je passerais devant mes librairies préférées et que l'odeur du café emplira mes narines, tout ira bien.

Tout ira bien.

ACHLYSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant