Chapitre 8

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Richard Kadrey a écrit que lorsque nous naissons dans une maison en flammes, nous pensons que le reste du monde est, lui aussi, en feu

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Richard Kadrey a écrit que lorsque nous naissons dans une maison en flammes, nous pensons que le reste du monde est, lui aussi, en feu. Pourtant, ce n'est pas le cas.

Mais qu'advient-il de nous lorsque nous persistons à nous aventurer dans les profondeurs de l'enfer parce que nous ne connaissons que ça ? Mes parents et Jake sont la seule chose dont je suis sûre. Ils sont le feu qui me consume, alors que j'ai besoin d'eau.

Atlas Jaeger et ces séances sont mon eau.

Toujours tremblante, les yeux rougis, Atlas m'accompagne à la porte, soucieux. Je suis certaine qu'il craint de me voir m'effondrer sous ses yeux, dans son bureau. Même s'il ne me le dit pas.

Alors que je suis sur le point de partir, il pose sa main sur le poignet afin de m'en empêcher. Il bloque l'accessibilité à la sortie et plonge son regard dans le mien.

— N'hésitez pas à m'appeler si vous voulez discuter autour d'un café, Elysia.

Je sais pertinemment que son offre est purement professionnelle, qu'il me voit seulement comme une patiente, mais sa façon de scruter mes courbes lorsqu'il pense que je ne le regarde pas et la soudaine proximité entre nos deux corps me semble scandaleuse.

Sait-il que je porte seulement des jupes parce que je me délecte de l'attention qu'il me porte ?

Mon mari ne me regarde plus, trop occupé avec ses clients, mais mon psychologue, lui, me désire. Du moins, mon corps. Et c'est tout ce que je souhaite. Être désirée me permet d'exister.

— J'y penserais, réponds-je doucement.

Pendant un moment, aucun de nous ne parle, nous nous observant simplement. Contrairement aux regards que j'échange avec mon mari, je ne me livre pas dans une bataille, l'idée de détourner le regard ne me paraît pas synonyme de lâcheté ou de faiblesse, Atlas, lui, est réconfortant.

Finalement, je baisse le regard sur la poignée de la porte, celle où se trouve la main du psychologue et je remarque son tatouage. Sa chemise blanche retroussée sur ses avants bras, je peux clairement discerner le dessin à l'encre noir sur son poignet.

Sans la moindre gêne, je l'analyse. Il s'agit d'une constellation qui relie un triangle rectangle et un trapèze déformé. Je ne sais pas ce que signifie ce tatouage, mais il est magnifique et intrigant, je le reconnais.

— Sirius.

Je relève la tête, rougissante.

— L'étoile des âmes perdues, explique-t-il dans un souffle presque inaudible.

Je hoche simplement la tête, ne sachant pas réellement quoi répondre. Je me sens suffisamment stupide de fixer son tatouage, je ne me risquerai pas à poser des questions sur une étoile. Si je veux m'informer, je le ferai moi-même.

Son téléphone vibre alors dans la poche arrière de son pantalon, il l'attrape rapidement avant de regarder l'écran en grimaçant légèrement. Est-ce un autre patient qui l'appelle ? Je jette un coup d'œil à son alliance. Sa femme, peut-être ?

Cependant, il juge que son interlocuteur n'est pas assez important car il ne décroche pas pour reporter son attention sur mon visage. Je lui adresse un sourire alors qu'il ouvre la porte de son cabinet.

Je découvre Jake, assis dans la salle d'attente, les bras croisés, la mâchoire contractée. Je déglutis tandis qu'il s'avance vers moi. Si son regard est froid lorsqu'il le pose sur moi, ce dernier est impitoyable quand il s'attarde sur mon psychologue.

Immédiatement, je m'éloigne le plus possible d'Atlas comme si nous avons quelque chose à cacher, ce qui n'est pas le cas. Je lui suis fidèle. Mais sa présence ici m'angoisse. Jake n'a jamais le temps de passer de temps avec moi, et aujourd'hui, il se pointe au cabinet du docteur Jaeger comme si je suis une enfant punie.

Je déteste l'influence qu'il a sur moi. Je suis si fragile et insignifiante à ses côtés. Contrôlée et enfermée.

Désormais à ma hauteur, mon mari pose ses mains sur ma taille et dépose un baiser sur mes lèvres comme un adolescent qui marque son territoire devant les autres garçons du lycée dans les couloirs.

À quel jeu s'abandonne-t-il ?

Jake finit par s'éloigner de ma bouche, une lueur satisfaite dans les yeux, ses mains toujours sur ma taille. Je remarque qu'Atlas a détourné les yeux et s'est concentré sur un nouveau patient. Moi, je fronce les sourcils, agacée.

Je suis mon mari à travers le bâtiment jusqu'à que nous rejoignons l'activité londonienne.

Les mains dans les poches de son costume bleu foncé, Jake ne m'attend pas. En réalité, il semble déjà avoir oublié mon existence. Je peine à le rattraper avec mes bottes à talons qui ne me permettent pas de marcher à la même allure que lui.

— Tu ne m'attends pas ? M'agacée-je en essayant de le rattraper.

Il ne répond pas.

— C'était quoi ça, hein ?

J'ignore le peu de passants sur mon chemin pour me concentrer sur Jake qui me tourne le dos.

— M'embrasser devant mon psychologue pour marquer ton territoire ? Tu es pathétique, Jake, je crache.

Il s'arrête tout d'un coup et se tourne vers moi, je lève instinctivement le menton pour essayer de le regarder de haut, de lui montrer que je n'ai pas peur.

— Tu crois que je n'ai pas remarqué ton petit manège ?

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas où il veut en venir.

— Tu fais la salope dans l'espoir de le baiser. Mais si quelqu'un ose te toucher ou même te regarder, c'est un homme mort.

Un rire amer m'échappe.

— Wouah, quelle classe, Jake. Un vrai gentleman.

Je me retiens de lui cracher au visage, je déteste lorsqu'il me manque de respect.

— Je ne suis pas souvent à la maison, mais je ne suis pas con, Elysia.

Il est furieux.

— Moi non plus, Jake. Et j'en ai marre que tu me traites comme une moins que rien.

Il éclate de rire, un rire froid et cruel. Il ne ressemble en rien au garçon que j'ai connu.

— Comme une moins que rien, tu dis ? Tu en connais combien de mari qui cède à tous les caprices de sa femme ?

Je dois être ridicule. Les yeux rougis à cause de ma séance avec Atlas et vêtue d'habits de marques acheté avec l'argent de mon mari, je lui reproche de mal me traiter.

Jake me gâte, je le sais. Grâce à lui, j'ai pu financer ma librairie. Il m'offre toujours des cadeaux plus chers les uns que les autres. Pour lui, lorsque je suis en jeu, l'argent n'a pas d'importance. Sauf que mon mari est incapable de comprendre que j'ai besoin de lui, de son temps, de son affection. Que cette vie ne me convient plus.

La maison est froide. Je ne la supporte plus. Je veux plus. Je mérite plus.

— Et tu en connais combien de maris qui préfèrent se taper leur cuisinière ?

Il affiche maintenant un air désemparé, les bras ballants. Il me regarde, les yeux teintés de douleurs. Des larmes menacent de couler alors je n'attends pas sa réponse, je m'enfuis.

Je ne veux pas qu'il me réponde parce que j'ai peur. Je suis effrayée d'apprendre la vérité. Alors je fuis comme une lâche.

ACHLYSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant