Chapitre 16

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Je rentre chez moi, honteuse, les cheveux emmêlés et l'odeur de mon psychologue sur ma peau

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Je rentre chez moi, honteuse, les cheveux emmêlés et l'odeur de mon psychologue sur ma peau.

Lorsque j'ai quitté mon lit, ce matin, j'étais en colère contre Jake pour avoir couché avec ma meilleure amie. Et je reviens, couverte de la sueur de mon putain de psychologue. Sur le moment, je pensais à prendre une sorte de revanche sur mon mari, le blesser et le trahir comme il l'avait fait avec moi. Mais maintenant, ça sonne faux. Ça sonne pathétique.

Même si je le désire, même si je veux Atlas, je n'aurais pas dû faire ça, m'abaisser à ce que mon père s'abandonne. Pas alors que je suis amoureuse de Jake.

Jake et moi ne sommes pas mes parents, et pourtant, nous reproduisons les mêmes erreurs. Peut-être que le mariage est un mensonge auquel nous aimons tous participer afin d'avoir un semblant d'amour avant que les mensonges et les promesses perdues nous rattrapent.

C'est un joli poison qui dupe la Terre entière.

Je pénètre dans la cuisine et trouve mon mari assis sur un tabouret, la tête entre ses mains. Ses cheveux noirs tombent devant son visage, m'empêchant de décrypter les émotions qui traversent ses traits. Même dans la pénombre, j'observe que son costume n'est pas repassé. Et dans cet état, je doute qu'il se soit rendu au travail.

— Tu as disparu toute la journée.

Il ne relève pas la tête.

Je ne lui ai donné aucune raison de croire que je suis bel et bien rentrée, mais il me connait assez pour savoir que je reviens toujours. Mes parents le savent aussi.

— Pourquoi tu n'as pas répondu à mes appels ?

Je ne réponds pas.

— J'étais mort d'inquiétude, Elysia.

Je ne réponds toujours pas.

— Ma femme disparaît sans même me prévenir, te rends-tu compte de la peur que j'ai eue en me réveillant sans te trouver ?

Jake se réveille toujours avant moi, il part de la maison avant même que je ne me sois levée. Je peux comprendre pourquoi il a paniqué.

— Où étais-tu ?

Je ne bouge pas, je n'ose même pas respirer à vrai dire.

— Où étais-tu, Elysia ? Demande mon mari, plus dur cette fois.

— Chez mes parents, dis-je faiblement.

Je résiste à l'envi de baisser la tête pour fixer mes chaussures comme une enfant punie par ses parents. Je suis une adulte et je dois agir comme telle. Je vais dire à mon mari avec qui j'ai fini la soirée, et le confronter, lui et Accalia.

Pourtant, quand Jake relève la tête pour planter son regard d'acier dans le mien, la bouche grande ouverte, je suis incapable de prononcer le moindre mot. Je suis figée par la crainte de lui avouer la femme que je suis devenue.

Comment suis-je censée lui annoncer que la fillette qu'il connaissait a disparu, qu'elle est devenue une tout autre personne ?

Je ne me réfugie plus dans ses bras quand ça ne va pas, et je ne lui fais plus confiance, non. Maintenant, je n'attends plus d'explications et cours directement le tromper avec mon psychologue.

Colin Samson était une erreur, mais Atlas ? Qu'est-ce qu'il est ? Je savais ce que je faisais dans sa voiture, je n'étais pas alcoolisée.

— Chez tes parents ?

Jake est la seule personne, sans compter Atlas, qui sait réellement ce qu'il se passe avec mes parents. Au lycée, je finissais toujours par me retrouver dans ses bras. Il est la seule personne à avoir été témoin de ce que je subissais, et je crois que c'est ce qui m'a fait tomber amoureuse de lui. Jake Meadows ne fuyait pas devant les bleus qui recouvraient ma peau ou mon cœur, il les embrassait. Il embrassait la moindre imperfection et m'aidait à guérir.

Il me fixe, l'air inquiet. Et je sais que je ne mérite pas son empathie. Plus maintenant. Et, je lui dois de lui dire la vérité. Comme lui me le doit.

Je prends une profonde respiration et ferme les yeux.

— Je sais que tu m'as trompé avec Accalia.

Troublé, il ne répond pas.

— J'ai vu les messages qu'elle t'envoyait.

Les larmes montent parce qu'il ne nie pas. Il me regarde désolé, mais ne me contredis pas. Jake n'essaye pas de me mentir, il n'en a pas la moindre envie. Nous nous sommes suffisamment menti et détruis.

— Dis-moi que c'est faux, que tu ne l'as jamais regardé, tentée-je.

Il ne répond pas. Néanmoins, je perçois le regret sur son visage.

— Elysia–

— Non, je l'interromps. Dis-moi que je suis la seule femme que tu as touchée et la seule que tu veux. Dis-moi que tu ne désires que moi, que mon corps.

Une Accalia moqueuse s'affiche dans mon esprit. Ses cheveux blonds ne sont en rien comme mes cheveux noirs tout comme sa peau naturellement bronzée ne ressemble en rien à la mienne, laiteuse. Ses yeux verts qui expriment la confiance en soi et son esprit de compétition ne font pas écho aux miens qui montrent une vulnérabilité cachée et un profond mal-être. Nos caractères sont totalement opposés. Comment a-t-il pu désirer une femme qui ne lui évoque pas ma personne ?

Atlas, lui, me fait penser à l'homme dont je suis tombée amoureuse adolescente. À celui qu'il était au début de notre relation.

Une seule et unique larme roule sur ma joue, et pendant un instant, je ne me sens plus aussi coupable d'avoir succombé au charme de mon psychologue. Mais ce sentiment ne reste pas bien longtemps, et Jake le remarque parce qu'il demande :

— Est-ce que tu l'as baisé ?

Mon mari n'a pas à donner de nom, nous savons tous les deux de qui il parle.

— Oui.

La honte réchauffe cruellement mes joues face à mon aveu.

La douleur déforme péniblement ses traits, et mon cœur se serre pour la peine que nous nous infligeons mutuellement.

Je n'ai plus assez de forces pour affronter ce que nous sommes devenus alors je lui tourne le dos et m'enferme dans la salle de bain de notre chambre alors que Jake, je l'entends crier sa douleur au milieu d'éclats de verre qui trouvent refuge sur le sol de la cuisine.

Nous voulons autant nous aimer que nous détruire. Comment sommes-nous devenus ce que nous avons juré de mépriser jusqu'à la fin de nos vies ? Quel a été le moment déclencheur ? Sommes-nous condamnés à devenir nos parents ?

Je déteste Émile Durkheim et l'holisme.

ACHLYSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant