42-Colère

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P.D.V-Falcon

'' Rejoindre les autres '' avait-il dit. Il n'a même pas conscience du poids qu'il vient de gracieusement me jeter sur les épaules. Les autres inclus aussi William. Je n'oublie pas ce que j'ai fais, j'en ai terriblement honte. Je suis toujours dans cette impasse, choisir entre le mensonge et la vérité. Bien sûr, mon choix aurait dû déjà être fait, celui de simplement dire la vérité. Mais seulement, je sais que dire la vérité me fera plus de mal qu'autre chose. En cas contraire, lui mentir serai certes malhonnête, mais m'assurerai d'avoir William pour moi encore quelques instants de plus plutôt que de le perdre drastiquement à l'instant. Je ne suis pas prêt pour ça.

Il pénètre la maison en souriant comme un bienheureux. Mais l'ambiance qui nous attends dans le salon est loin d'être celle à quoi je m'attendais. D'un côté, William et Éléonore sont assis sur le canapé, et de l'autre se tient Sofia, Maxence et Simon qui s'affrontent du regard. Sur le visage de tous, la tension est à son comble. Je ne comprends même pas pourquoi tout est si froid, si monotone. Tout d'un coup, j'ai soudain peur pour ma peau. 

- Eh bah quelle ambiance pourrie ! Non mais sérieusement vous êtes pas heureux de revoir notre bébé ? déclare joyeusement Olivier sans se douter dans quel terrain miné il vient de mettre pied. 

En réponse, il reçoit un regard froid de la part de William qui vient à peine de remarquer notre présence. 

- Allez régler vos problèmes de couple à l'étage, moi j'en ai un gros à régler aussi, gronde William en me jaugeant de la manière la plus terrifiante qui soit. 

Je sens une goutte de sueur perler sur mon front. Est-il simplement énervé à cause de notre dernier échange ? De toute façon, il n'y a pas d'autre explication, il ne peut pas savoir que je l'ai trompé avec un autre. N'est-ce pas ? Quoi qu'il en soit, je ne suis pas serein du tout. Mon cœur cogne douloureusement dans ma poitrine. J'ai vraiment peur là. 

Simon acquiesce, puis se met à tirer Sofia avant de la porter car elle ne veut pas se laisser faire. Je crois même qu'elle a éclaté en sanglot. Qu'est-ce qui a bien pu se passer durant mon absence pour que ça dégénère à ce point ? 

Sans explication, William s'avance vers moi, visiblement en colère, m'attrape le bras et me tire jusqu'à la sortie. Je ne vois que le sourire crispé qui semble former un désolé de la part d'Éléonore qui elle-même semble dépassée par la situation. 

Nous nous retrouvons dehors, seuls, mais il ne m'adresse pas un mot, se contentant de me tirer après lui. Sa poigne autour de mon poignet me fait un peu mal, mais je décide de me taire pour ne pas aggraver mon cas. Ce que le Falcon d'avant la captivité n'aurait jamais fait. Lui, il se serai défendu corps et âme. Moi, je ne suis plus ainsi, j'ai perdu toute confiance en moi, et la peur des conséquences est devenu beaucoup plus présente. Je ne veux pas risquer de l'énerver, et qu'il me fasse du mal. J'ai eu mon compte niveau douleur depuis trois semaines. 

Ce schéma silencieux et douloureux pour ma part, continue jusqu'à ce que j'aperçoive la maison isolée de mon alpha qui après cette discussion ne le sera sûrement plus. J'ai terriblement merdé. 

William ne me lâche que pour ouvrir la porte, avant de m'empoigner de nouveau, m'entrainant à l'intérieur de la maison. Ici, rien a changé. Enfin, à un détail près. La maison est redevenue aussi froide et vide qu'elle ne l'était quand j'y ai emménagé pour la première fois. Je déglutit.

Il ne s'arrête que lorsque que nous entrons dans notre chambre. Mais il est tout sauf délicat, et je ne m'en rends compte que lorsqu'il claque la porte pour la verrouiller après lui. Je suis dans une merde sans nom. 

- Tu comptes me dire ce que tu as foutu dans cette prison ? me demande t-il de but en blanc. 

Ma bouche s'ouvre, sous le choc. Comment a t-il su ? Je sens une bouffée de stress m'envahir. 

- Comment je sais ? C'est simple, quand un oméga et un alpha se touchent plus explicitement, leurs odeurs corporelles se mélangent. Ce qui veut dire que tu pues l'alpha Falcon. 

Je ne tente même pas de me défendre ni même de le contredire, quoi que je dirais, les preuves sont là. Mais si seulement j'avais su ce qui se passait, je n'aurais jamais 'accepté' une quelconque relation avec Tim. Relation que je n'ai jamais réellement consenti. Mais, peu importe l'issue de cette conversation, je suis bien obligé de tout dire à William. Mais j'ai peur, peur qu'il ne comprenne pas que je suis victime dans l'histoire. J'ai même peur qu'il me juge, et qu'il me trouve sale parce que je n'ai pas su me défendre face à cet alpha. Ce sont sûrement des peurs irrationnelles, mais je sais que les alphas de la société d'aujourd'hui pensent que si un oméga se fait violer, c'est inévitablement de sa faute. Car, un oméga ne doit pas sortir sans son alpha, ou pire, un oméga qui se fait violer c'est parce qu'il est trop attirant, alors c'est de sa faute.

- Tu comptes parler un jour où je vais devoir te tuer dès maintenant ? s'emporte William qui s'est approché pour me relever la tête. 

C'est là que je comprends clairement à quel point il est en colère. Ses yeux ont virés au rouge, signe de grande colère chez les alphas. Je me sens soudain comme étouffer, ma respiration devient difficile, et ma tête s'abaisse en signe de soumission absolue. Je n'arrive pas à redresser ma tête, on dirait qu'un géant m'écrase la tête sous son poids tandis qu'il s'évertue à tenter de me faire manquer d'air. 

- Tu es à moi Falcon, que tu le veuilles ou non. Je ne t'aime pas. Mais ce que je ressens pour toi est assez fort pour que le fait que tu me trompes m'énerve, prononce t-il d'une voix rauque, presque méconnaissable. 

Mes larmes ont coulé toute seule, s'échappant de mes yeux discrètement. Je me sens si mal. C'est une torture d'être impuissant face à un alpha, ou juste d'être sous domination. J'ai à peine la force de lever mon petit doigt pour toucher le bras de William pour lui faire signe d'arrêter. Chose qu'il ne fait pas tout de suite. Il attend juste que je tousse fortement pour décider de tout cesser. 

- Finalement, je m'en fiche de savoir comment l'autre a pu te toucher. 

Tout en disant ça, il s'avance plus près de moi, me faisant reculer par son aura, jusqu'à ce que je tombe à la renverse sur le lit. Je prends soudain peur, très peur. Qui sait ce qu'il peut me faire dans cet état. Cette petite voix fluette dans ma tête me rappelle même qu'il peut lui aussi en venir à abuser de moi. D'autant plus que je connais cette situation. C'est exactement comme ça que Tim est venu prendre son dû matinal. Et comme pour me donner raison sur les intentions de William, il vient se positionner au dessus de moi, m'encerclant comme Tim l'avait fait auparavant. 

Mes larmes jaillissent, sans que je n'y vois aucune objection. J'ai trop retenu ces larmes alors que chaque jour pendant trois semaines, je ne voulais que ça, fondre en larmes. 

Contre toute attente, William s'arrête dans ses mouvements de bassins qu'il avait entamé. Ses yeux reprennent leur couleur habituelle, ce bleu aux milles teintes apaisant mais si dur à suivre. 

- Je suis désolé, dit-il simplement en s'allongeant à mes côtés pour me prendre dans ses bras. 

Je me laisse aller à cet étreinte. Mais je ne cesse pas de pleurer pour autant, au contraire. J'en profite pour vider mon âme de son trop plein émotionnel qui me pèse depuis un certain temps. William ne fait rien pour m'en empêcher, à l'inverse il me chuchote doucement de pleurer autant que je le souhaite. Je ne sais pas ce qui a effectué ce changement brutal de comportement chez lui, mais j'en remercie la cause. 

Il est doux, tout ce à quoi je n'ai pas été totalement habitué avec lui. Il m'a même dit à quel point je lui ai manqué. Et bien que je ne lui ai pas retourné, je le pense aussi. Il m'a manqué, terriblement et absolument. Je commence lentement à apprécier cet homme plus que de raison. Mais c'est le but, que je finisse ma vie avec lui. Car bien qu'il ne me l'a pas dit clairement, son 'on peut toujours essayer' m'a lié à lui. Peut-être pas physiquement, mais mentalement si. Je sais qu'il ne va jamais oser me laisser, car il aime encore Kyle, alors s'il faut qu'il me supporte toute une vie pour honorer sa promesse envers lui, il le fera. Je me refuse de l'admettre mais ça me fait mal. Terriblement de savoir à quel point il aime cet homme. Ce Kyle devait être chanceux, ainsi que leur fille. Mais je ne serais jamais Kyle, et encore moins Amandine. Alors je dois juste essayer d'aimer et rendre William heureux. Juste parce qu'il le mérite.

Un charmant alpha (AxO)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant